mardi, novembre 08, 2005

Perceptions

Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas fait. Une participation au Coïtus impromptus. Cette semaine, le texte devait absolument commencer par : « Il posa son doigt sur l'interrupteur. » Ce texte, c'est moi sans être moi. L'art des lignes floues n'est-ce pas?

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Il posa son doigt sur l’interrupteur. Mon cœur se mit à faire des culbutes dans tous les sens. Affolée j’étais. Il s’est retourné vers moi, un sourire de conquérant flottant sur sa bouche, sûr de son bon droit. Alors j’ai crié : « Non! » Il m’a dit : « Ben voyons Mathilde. » Et j’ai répété « non, non, non » plus faiblement, dans la moiteur de la nuit.

Il est revenu vers moi, s’est assis sur le bord du lit et a pris mon visage dans ses mains. Doucement, il a fait glisser ses pouces sur mes traits, s’arrêtant sur les rigoles qui sillonnaient mes joues. Il voyait bien que j’étais paniquée. Il m’a chuchoté des mots doux, saisi ma nuque pour me faire relever la tête, il m’a dit que j’étais belle.

Il a pris mes mains et les a dirigées sur moi en murmurant : « Là, tu vois, tes seins : ils sont ronds et fermes. Laiteux et suaves. Là, ton ventre; un ventre de femme, fait pour porter des enfants. Tout soyeux. Là, à la base de ton dos, le gonflement des bourrelets qui te font réelle. Là tes cuisses, chaudes et voluptueuses. Là tes mollets fermes et galbés qui tressaillent après la jouissance. Et tes pieds fins, si petits, comme les pieds des femmes chinoises que tu n’as pas eu à bander pour rendre érotiques. Là, tes mains, potelées et tendres. Ici… Ici tes fesses, douces et souples et là ton sexe qui s’humecte quand je te parle. Mais plus encore, ta gorge qui palpite à chaque mot que je te dis. La veine qui suit ton cou, gorgée de sang qui bat à tout rompre. Tu vois, tu es belle. »

Moi, j’ai persisté à dire non encore. Moins fort. Comme coupée de l’énergie de ma négation. Et je laissais les larmes couler sur mes peines et ma peur. Je ne croyais pas qu’il puisse parler de moi. Je ne pouvais pas être celle qu’il décrivait.

Coquin il m’a regardée en me demandant : « Mais peut-être que c’est moi que t’as pas envie de regarder? Peut-être que c’est moi que tu as peur de ne pas trouver beau? » J’ai dit : « T’es nono. » Il a sourit, s’est levé, a posé le doigt sur l’interrupteur.

J’ai continué à pleurer.

3 Commentaires:

Blogger Pitounsky s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Magnifique!

5:47 p.m.  
Blogger Jay s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ouais. Définitivement, j'aime le tournant que tu prends.

6:06 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Pitounsky : en écrivant ce texte, je me suis dit qu'il t'interpellerait. J'ai bien pensé que tu reverrais certaines de tes luttes bien personnelles à travers ce manque de confiance.

Jay : Aie-je vraiment pris un tournant? Nah, je ne crois pas, j'ai juste décidé d'écrire ce que mes tripes voient.

Picpic : Ça risque d'être long o_o! Depuis mars que je poste des textes. Mais si ça vous chante, je ne vous dirai certainement pas de ne pas le faire

9:13 a.m.  

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