mardi, juin 27, 2006

Prémonition

Voici ma contribution de la semaine au Coïtus impromptus. Le thème était prémonition.
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C’était la Saint-Valentin. Il faisait doux tandis qu’une bordée de neige était tombée sur Montréal en calfeutrant les bruits de son manteau blanc. J’étais allée souper en célibataire avec ma meilleure amie pour ne pas être trop seule ce soir-là. Nous nous étions aventurées dans une partie de la ville que nous ne connaissions pas. Pour ne pas nous faire voir de gens qui pourraient nous reconnaître. C’était un jeudi soir, le lendemain, il y avait de l’école. Je suis donc revenue à la maison assez tôt.

Rendue à ma station de métro, j’ai bien vu que les autobus étaient tous très en retard sur leurs horaires et les usagers formaient une queue qui se perdait dans le brouillard. J’ai donc décidé de marcher jusqu’à la maison, convaincue que j’arriverais à destination bien avant l’autobus. Comme je le fais souvent, je me racontais toutes sortes d’histoires dans ma tête. À l’époque, mes histoires tournaient toujours autour du même garçon que je voyais dans ma soupe tandis qu’il ne me remarquait pas. Il savait bien qui j’étais, nous travaillions ensemble. Mais je n’étais qu’une fille parmi tant d’autres, à ses yeux, pendant que je me morfondais pour changer de statut.

J’étais presque arrivée quand j’ai senti mes jambes s’affaisser sous mon poids. Pendant une fraction de seconde, il n’y eut plus de lumière du tout. Et je me suis retrouvée à quelques kilomètres de moi-même. C’était un sous-sol miteux. Il y avait beaucoup de gens. Je n’en connaissais pas beaucoup. Mais Il était là. J’avais l’impression étrange d’être exactement derrière lui, comme coincée entre son corps et le dos du divan sur lequel il prenait place. Il y avait beaucoup de fumée, beaucoup de drogues et encore plus d'alcool. Il tremblait de tout son corps, achevé par des mélanges trop durs pour une seule personne. Il tremblait et ses yeux secs me laissaient voir toute la détresse de son âme.

J’ai repris conscience de mon environnement réel pour m’apercevoir que j’étais assise dans un banc de neige. Je savais que ce que je venais de voir se déroulerait sans aucun doute quelques heures plus tard. J’ai couru à perdre haleine jusque chez moi. J’en suis sortie aussi vite que j’étais entrée en disant à ma mère que je dormirais chez Marie. J’ai bien vu qu’elle allait me dire que c’était la semaine et que je devais dormir à la maison ces jours-là. Je lui ai dit que c’était important. Elle m’a cru. J’ai attrapé mon pyjama et ma brosse à dents pour filer en vitesse jusque chez lui. Quand je suis arrivée, un de ses amis que je détestais était avec lui. Il était dans ma vision. Je savais intimement qu’il ne lui apporterait rien de bon. Quand Il m’a vue il m’a demandé ce que je faisais-là. Alors j’ai dit : « je suis venue t’attendre, tu vas avoir trop de peine cette nuit, pour rester tout seul. »

Il est revenu 3 heures plus tard en me disant qu’il n’avait rien consommé finalement et qu’il en avait assez que je me glisse dans sa tête quand ça ne lui tentait pas. Mais je savais qu’il ne m’en voulait pas vraiment, parce qu’en me disant cela, il me serait très fort dans ses bras.

3 Commentaires:

Blogger Lew s'est arrêté(e) pour réfléchir...

C'est de l'auto-fiction ça aussi? Ahaha! Non mais j'ai bien aimé ce texte.

9:16 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Suivrais-tu tes intuitions ???
en tous cas, joli texte...

1:37 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Louis : Bon, faut quand même pas que je dévoile TOUS mes secrets ici...

Nadumel : Ça m'a fait très plaisir ma chère!

12:59 p.m.  

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