jeudi, septembre 28, 2006

Le secret se dévoile

Je me demande bien ce que je ferais, créativement, sans ces thèmes qui m'inspirent une fois par semaine. Voici ma contribution pour le Coitus impromptus de la semaine.

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Je n'arrive pas à dormir une nuit complète. Je m'éveille à 6h00 alors que le soleil n'a pas encore pointé son nez sur mes parallèles. J'ai les tripes en bouillie et une envie de vomir lancinante. J'ai les yeux cernés et le nez en chou-fleur, ma toux me fait mal aux côtes. Je suis au bord de l'abysse dans lequel je me suis mirée pendant de longues années. Je ne suis plus capable d'arrêter la chute, de m'amortir moi-même. La descente est abrupte, les enfers trop chauds. Je n'ai plus la patience d'écouter les jérémiades des clients, qu'ils soient touristes en quête de guide, ou Québécois pressés par un temps des fêtes qui approche à grands pas. Tout m'est trop lourd, trop de responsabilités, trop d'attentes. Lasse des coups dans le dos, des mesquineries sans fin. Lasse de recevoir un des sourires de façade pour apprendre, durant la minute suivante, que finalement l'auteur de cette fleur me trouvait nulle.

J'ai les idées en fuite. Je ne sais plus les retenir pour bâtir des textes qui me soulageraient qui définiraient mon identité. Des images fugaces me traversent l'esprit tandis que je n'arrive pas à en saisir l'essence. J'ai l'épuisement complet, la larme facile. Et la colère encore davantage. Je suis une tigresse enragée qui en veut au premier venu. Plus capable de vivre dans mes culottes, plus capable d'avoir tant à faire en si peu de temps. Plus capable de surnager entre le travail et le travail. Entre le vide et l'absence. Épuisée à la seule idée de me retrouver ensevelie sous une chape de responsabilités plus lourde que le plomb qui entrave déjà mes ailes. Plus capable de me battre avec une estime de soi en dents de scie, cisaillée de cris malvenus qui me répètent que je ne suis pas apte à boire à l'aune de mes aspirations. Plus capable de respirer les culpabilités de mes manquements.

J'ai le corps en loque, les idées noires. Je suis engloutie sous le regard des autres. Sous le regard acerbe que je porte sur moi. J'ai passé des années à espérer un sauveur qui me tirerait loin des griffes de mes créanciers et de mes responsabilités à coup de chèques visés. Quelqu'un qui ferait pour moi ce que je n'avais su faire : réussir. J'ai passé ces même années à espérer un mec qui me donnerait un amour de moi que je n'ai jamais su trouver dans mes propres racines. Quelqu'un qui me prendrait en charge. Quelqu'un qui me donnerait le courage de me lancer dans les projets aventureux de l'écriture de fiction. Quelqu'un qui m'aimerait à ma place. J'ai le corps en loque et l'esprit embrouillé. Je me suis vautré dans l'alcool, et autres substituts de bonheur aussi factices que les sourires que je présente, pour éviter les questionnements redondants des angoisses qui m'assaillent lorsque je me demande qui je suis.

J'ai partagé ma coupe avec des pervers de tout acabit. J'ai partagé mon lit avec des quidams fortuits. J'ai raconté des histoires pour pour fuir toujours plus loin, la réalité morne de mes jours épuisés. Et puis il est venu me proposer ce marché : en échange d'un petit bout de talent et d'un peu d'inspiration, je lui appartiendrais. Je l'ai laissé labourer mon corps comme un champs asséché. Je lui ai permis de boire à mes lèvre le sang de mon corps vieillissant. J'ai obtenu un bout d'étoile, aussi éphémère que ridicule. Du toc pour les petites filles qui mesurent la beauté à coup de falbalas et de clinquant. Je suis devenue aussi futile que mes rêves, aussi riche que Crésus. De l'or me coulait entre les doigts sans que je cherche à le retenir. Et je me suis retrouvée, ce matin, au bord du précipice que je connais trop bien. Celui qui me plonge dans raz-de-marée de mes dépressions. Mon équilibre de pacotille s'est étiolé, ma beauté s'est affaissée.

Pour un peu de paillettes et quelques gouttes de miel, j'ai vendu mon âme.

Depuis je vampirise tous les êtres qui m'approchent, leur volant toutes leurs histoires pour vous les raconter.

5 Commentaires:

Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

*Ici, je me demande ce que je pourrais répliquer à ça...*

Rien.

*Oh... si!!!*

Mathilde, mon amie; je t'adore.

7:31 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

C'est bizarre, ce sentiment de reconnaître et de ne pas reconnaître à la fois.

Comment j'appelerais ça? Du particulier qui touche à l'universel.

10:44 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ma chère petite biche !!!
je ne sais si tu me reconnaitras mais j'ai traversé un océan ( virtuel ..ok mais c'est déja pas si mal !! mais aussi un réel , puisque venant du vieux continant) pour te lire à nouveaux !!!
Quel talent !!!
Tu décris si bien ce que beaucoup de jeunes femmes recentent .....à un moment donné de leur vie ..heureusement rien n'est immuable ... dans la hate de lire à nouveaux

6:52 p.m.  
Blogger igby s'est arrêté(e) pour réfléchir...

sourire triste. c'est bon!
C'est drôle, sans l'être vraiment par contre :)

8:53 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

La Souris : Moi aussi je t'aime beaucoup!

Benoît : C'est un super compliment ça! Et je crois fermement que tout particulier devrait toucher à l'universel.

Alexandra : Mais bien sûr que je sais qui tu es. Merci de me lire et de m'encourager!

Igby : Il y a bien des rires jaunes, dans la vie.

11:49 a.m.  

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