Femme ou mère, vocations irréconciliables?
Je suis féministe, je n'y peux rien. C'est partie intégrante de ma nature, aussi certainement que j'aie les cheveux bruns. C'est là, puissant et important. Benoîte Groult fait parte de mes modèles depuis son fantastique : Ainsi soit-elle. Je n'étais pas vielle quand je l'ai lu, adolescente encore. Perméable à l'opinion d'autrui, il va sans dire, mais déjà assez allumée pour me sentir interpellée et surtout pour aller voir ce que d'autres avaient à en dire.
Je suis née dans une famille de la petite bourgeoisie montréalaise. Ma mère a cessé de travaillé peu après la naissance de mon frère cadet. Elle est restée à la maison avec nous pour veiller à notre éducation. Sa vie était donc axée uniquement sur celle de son époux et celle de ses enfants tandis que la femme qu'elle était s'éteignait lentement, mais sûrement. Elle était intransigeante, exigeante et peut-être même un peu impatiente. Et puis, elle a refait la connaissance d'une amie d'adolescence en allant nous inscrire dans une nouvelle école. J'avais huit ans. Je me rappelle très bien de ce moment dans ma vie parce qu'un changement notoire s'est opéré chez ma mère. Elle a décidé de retourner en apprentissage, elle voulait devenir sage-femme. Elle a mis ma soeur au monde à l'automne suivant, cependant les changements s'étaient installés en profondeur. Elle avait désormais un objectif, quelque chose qu'elle faisait pour elle. Je crois que j'ai commencé à être féministe à cette époque-là.
Je crois que c'est profondément absurde de demander aux femmes de s'oblitérer complètement sous prétexte qu'elles sont devenues mères. Oui, bien entendu, il faut que les enfants aient un environnement familial sain et présent. Justement un environnement familial sain, implique à mon sens que la mère se réalise pleinement dans ce qu'elle fait. Si cela signifie de rester à la maison pour élever ses enfants, tant mieux, sauf que je crois que pour beaucoup d'entre-nous d'autres impondérables viennent mettre leur nez dans la balance. Les couples ne durent plus nécessairement toute une vie, les femmes ont besoin de faire autre chose que de nettoyer la maison en attendant le retour de l'homme ou des enfants. Elles ont besoin de se réaliser. Personnellement, je pourrais sans doute passer mes journées à la maison avec des enfants parce que je me réalise en écrivant et point n'est besoin pour moi de quitter la maison pour vaquer à cette occupation. Par contre, je ne suis pas certaine que je garderais mes enfants à la maison toute la semaine. Je crois que je préférerais les envoyer à la garderie un peu, quand même. Et c'est de cette manière que j'ai compris les propos de madame Groult.
Et je trouve abominable de dire que les femmes sont de facto plus aptes que les hommes à s'occuper d'enfants en bas âges. C'est un préjugé sexiste. En fait, le meilleur milieu familial sera toujours celui où les parents seront en équilibre. Et l'équilibre ne saurait être atteint par la négation de soi. Je suis par ailleurs d'accord avec madame Groult lorsqu'elle affirme que ce que nous avons aujourd'hui, nous pouvons le perdre demain, si nous ne faisons pas attention au présent qui est entre nos mains à l'heure actuelle. Je crois que nous devons continuer à lutter pour le droit. Le droit de choisir nous-mêmes la manière de mener au mieux notre vie. Le droit à la démocratie politique à l'extérieur du foyer, mais aussi, sinon surtout, à l'intérieur de celui-ci.
Je suis féministe et je le resterai sans doute fermement jusqu'à la fin de ma vie. Il y a encore beaucoup de luttes à mener sur bien des fronts. Surtout en ce qui concerne un paquet de préjugés aussi stériles que tenaces quand aux rôles des hommes et des femmes dans la cellule familiale. Et tant qu'à y aller dans les affirmations sans beaucoup de fondement, je terminerai en disant qu'on fait des enfants par égoïsme, pour perpétuer la race avant tout, pas par altruisme. Sinon personne ne mettrait un enfant au monde dans notre univers de fous où les loups sont plus doux que les hommes.
Pour faire des enfants heureux, il faut un homme heureux, une femme heureuse et un couple heureux.
Chaque couple a sa propre définition de ce qu'est être heureux.
J'abonde dans le même sens que toi Mathilde. La question n'est pas d'envoyer ou non les enfants à la garderie. C'est un choix personnel et l'un comme l'autre présente des aspects positifs et négatifs.
Je ne pense pas qu'une femme aigrie par l'ennui et l'amerture fasse une meilleure mère parce qu'elle reste à la maison qu'une femme qui aura sa carrière, qui aura pris le temps de choisir un bon endroit pour faire garder ses enfants et qui sera ma foi souvent plus stimulante à son retour que celle qui est malheureuse et qui s'éteint tranquillement pour le soi-disant bien-être de ses enfants.
D'abord, Benoîte GroulT. ;)
Ensuite, il y a une énorme différence entre offrir deux ans de sa vie et sacrifier toute sa vie pour ses enfants.
Mon opinion est que si on réalise après le premier qu'on est pas capable ou qu'on est pas heureuse dans le rôle de mère, la nounou peut être un excellent substitut, (je place vraiment la garderie en dernier recours, et encore je considère cela plus comme de la survie...)...
Je pense que renier les rôles dans la cellule familiale, c'est renier sa nature et qu'il y a des faits physiologiques et psychologiques qu'on ne pourra jamais refouler.
Le reste de mon opinion est en 5000 mots sur mon blogues, dans les commentaires de mon blogue et sur celui de Perrasite.
Ma dernière question: Est-ce que je devrai donner des céréales avec des Omégas 3 à mon bébé?
Mais on offre pas 2 ans de notre vie à nos enfants, on leur offre toute notre vie, plus ou moins intensivement selon les moments et la demande, au travers de ce que l'on est. Des fois plus pour eux, des fois plus pour nous.
Etre féministe .... Je préfère penser que tu es pour la défense des droits de la femme et la reconnaissance de celle ci.
Ici en France nous faisons souvent le parralèle avec la volonté pour les femme d'obtenir le pouvoir car le sexisme n'est pas le propre des hommes... (cf par exemple certaine pub ou l'homme aparait comme un objet , chose que nous reprochons aux hommes de faire)
Ne serait ce pas pour certaine le fond du problème ?
Je pense que fondamentalement nous ne serons pas égaux homme et femme parceque nous sommes différents.
Il est urgent de défendre de comprendre cette différence, de la clamer et de l'accepter de la par de chacun car le maître mot est que : Nous sommes complémentaires.
Les valeurs que les parents doivent transmettre à mon sens pour permettre une meilleur communication sur cette complémentarité sont la tolérence et surtout la volonté d'être juste .
Peut être que mon discours semblera bien utopique , face à une socièté ou le pouvoir est détenu par les hommes et qu'effectivement peut être faut il nous montrer, parfois, intransigeante , virulante, brutale pour que les choses évoluent rapidement Mais ne nous conduisons pas comme nos détracteurs...
La Femme a de grandes capacités de grandes qualités ; Conservons les cultivons les, revendiquons les et Messieur reconnaissez les .
Mamathilde, je te prie de m'excuser pour ce que je vais faire ici. Je voulais poster un commentaire sur le blog de la souris, mais n'ayant pas de compte "blogger" je ne peux pas le faire... :(
Je me permets donc de copier ici ce que je voulais dire, me doutant que Miss Souris passera dans le coin. ;)
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"ce sont les féministes sans nuances qui me rendent agressive."
Je dirai que ton billet n'est pas pourvu lui non plus de nuances et qu'il tendrait à me rendre agressive à mon tour... ;)
On ne parle que de ce que l'on connait, je prendrai donc mon cas pour exemple : enfant mise tôt en "garderie" (chez nous on parle de crèche) j'ai aujourd'hui une vie très équilibrée, je vis en couple depuis plus de dix ans et je n'ai jamais pris d'anti-dépresseur.
Quant à mon fils, aujourd'hui âgé de 8 ans il se porte très bien. Pourtant il a été en collectivité dès l'âge de 6 mois. Par contre, j'ai choisi de travailler sans que cela soit au détriment des miens : je finis donc tôt (5 heures) et j'ai toute la soirée et les week-end avec les miens. Les moments que nous passons ensemble, nous les vivons à 200% : d'un parce que nous savons ces instants précieux, de ceux parce que j'ai pu me ressourcer à l'extérieur et mon fils a une mère épanouie.
Pour finir, qu'est-ce que c'est que cet apriori sur les hommes?! Mon mari s'occupe autant que moi de notre fils. Nous alternons les bains, les evoirs, le jeux, les histoires, les calins etc.... Dire que les pères ne peuvent pas bien s'occuper des enfants, c'est comme dire que les femmes ne peuvent pas exercer certains métiers ou que les hommes sont incapables de faire le ménage. ça c'était bon il y a 50 ans, mais heureusement que les moeurs ont évolué depuis...
Pitounsky : :) Contente de voir ton opinion sur ces pages, tu te fais discrète depuis quelques mois.
La Souris : Tout d'abord, merci pour la correction.
Si on a un enfant unique, ta théorie peut toujours s'appliquer, mais si on veut ou a plusieurs enfants on finit par passer bien des années à la maison. Et puis, Pascale a tout à fait raison, dans sa remarque.
La nounou, certainement, mais ce n'est pas la majorité des gens qui peuvent se permettre d'avoir une telle personne à domicile. D'abord, il faut la trouver et ensuite la payer. C'est bien beau les idéaux, mais j'aime bien vivre dans la réalité.
J'ai attendu avec impatience mes journées de garderie quand j'étais petite parce qu'il y avait des amis de mon âge. Ce ne sera jamais un dernier recours pour moi.
Je pense que renier les rôles traditionnels dans la cellule familiale c'est accepter l'évolution sociale. Entendons nous, je ne nie pas qu'il y ait des différences physiologiques et psychologique entre les hommes et les femmes, je pense que c'est suranné et dépassé de prétendre que les identités parentales doivent se confiner à des balises hiérarchisantes et avilissantes pour toutes les parties en présence.
En ce qui concerne la place des femmes dans le monde, leur rôle et leur identité, on ne s'entendra jamais toi et moi, c'est pas plus compliqué. Je demeurerai féministe jusqu'au bout des ongles, tenant mordicus à l'indépendance de gestes et d'esprit que d'autres ont obtenu pour moi. Tenant mordicus au droit d'être à la fois mère et femme et que ces notions ne soient pas mutuellement exclusives.
Pascale : J'ai tellement failli te prendre en exemple dans mon texte parce que quoi que je ne te connaisse pas du tout, je suis certaine que tu es une bonne maman.
Aly : Mais qu'est-ce le féminisme sinon cela? Non, mais je ne suis pas pour l'écrasement des hommes et je ne suis pas lesbienne par choix politique. Je suis profondément hétérosexuelle.
Je suis féministe parce que toutes les luttes des femmes ne sont pas gagnées, que beaucoup d'entre elles sont battues, physiquement ou psychologiquement. Parce que les congés de maternité sont encore souvent perçus comme des congés de maladie. Qu'à compétences égales pour un travail égal, le salaire ne suit pas souvent. J'ai un milier d'autres raisons encore de l'être.
Je suis pour l'équité entre les sexes. Et cela implique une considération des différences implicites. C'est mon féministe que je revendique fièrement.
Laurence : Tu es toute pardonnée. Surtout que je suis d'accord avec tes propos.
Aly: Je vois beaucoup de mon opinion dans la tienne.
Pascale: Tu m'interprètes avec mauvaise foi, là.
Laurence: J'ai expliqué et nuancé "en masse" dans mes commentaires... au bout du compte, mon opinion reste mon opinion et j'en ai rien à cirer que les autres ne soient pas d'accord ou voient dans mes propos plein de choses que je n'ai pas dit.
La terre entière:
Que tout le monde récolte ce qu'il sème. Ainsi soit-il.
Je suis sérieusement SATURÉE là.
bon excusez le retard c'est le décalage horraire !!!
la souris
ben alors ptite puce ??!! on n'est toute colère là !!!
fo pas !!!et je te rejoins par expérience partagé avec des amies de mon entourage .
mamathilde :
juste une petite apparté car je viens de lire un article sur la vie des femmes en asie ..ben là bas y'a du boulot (et le mot est faible) et que je suis ok avec toi je partage ta fougue bien plus que tu ne le crois
J'aurais aimé pouvoir dire à Laurence tu as raison mais l'homme avec qui tu partages ta vie est un spécimen rare encore de nos jours (j'espère en détenir actuellement un autre exemplaire à la maison du même accabi que le tiens ..mais rien n'est gagné car nous sommes jeunes mariès et nous n'en sommes qu'aux travaux pratiques pour le moment!!:o)))j'espère avoir l'opportunité de mettre en pratique ta méthode ....
Evidemment (ça ne t'étonnera pas !) je suis d'accord avec toi. Enfin sur presque tout, parce que sur le dernier paragraphe tu dis qu'on fait des enfants par égoïsme (ce qui peut se défendre même si je n'utiliserais pas ce terme) puis que c'est pour "perpétuer la race". C'est là où je ne te suis plus : on fait des enfants, je pense, surtout pour soi et sans doute pas dans un but collectif (depuis quand le désir est-il collectif ?) Après, de quoi relève le désir d'enfant... sans doute une lutte contre l'angoisse de mort, sans doute une envie de survivre malgré l'inéluctabilité de la mort, pour être aimé de façon inconditionnelle aussi...
Et puis tu dis que ce n'est pas par altruisme, or faire des enfants pour perpétuer l'espèce, ce serait pas un peu de l'altruisme, quelque part ?
(excusez-moi si je redonde par rapport aux commentaires précédents, je n'ai pas eu le courage de tout lire)
Mélie : merci pour tes nuances. Il ne faut pas oublier que j'ai dit que c'était une affirmation sans trop de fondement. Par conséquent, je ne suis moi-même pas particulièrement convaincue par mes propres mots.
Un morceau de robot pour Mathilde!
Je me met p-e un doigt dans l'oeil, mais je crois que Groult est une femme éminement intelligente et cultivée, qui, à 86 ans, ne considère probablement plus les nuances comme un 'combat' de sa vie. Elle provoque sagement, en disant des vérités crues (sans y ajouter des 'si' et des 'sauf') qui dérangent malheureusement toujours aujourd'hui et c'est bien tant mieux si ça brasse les valeurs encore rétrograde de certains*. C'était mon commentaire poche de la semaine. rires
* 'certains' ne visait personne. rires. En fait, oui, mais personne en particulier :P
Je trouve ça très flatteur Mathilde que tu pense ça de moi, mais...je sais pas, je ne suis pas parfaite hein, y a sûrement mieux, y a certainement pire. Disons que je m'adapte facilement et que je sais suivre la vague de ma vie.
Souris, quand je lis des préjugés faciles, des polémiques vides avec des arguments détournés, en long en large et en travers, des nuances qui n'en sont pas du tout (parce qu'en bout de ligne, "t'en a rien à cirer" de ce qu'en pense les autres, quand je me fais dire que je suis une mauvaise mère (dans des mots si peu différents) parce que mes enfants sont allés en garderie (wouach caca le milieu famillial) et qu'après avoir semé une polémique à 5 cennes on se plaint d'être saturée de ce que ça a suscité comme réactions, oui je deviens de mauvaise foi, ok? Je l'admets tout à fait, mais je suis pas certaine que t'aies des leçons à me donner là dessus par contre, dépasse un peu le bout de ton nez avant. Et si t'es saturée à si peu, j'ose pas imaginer ce que ce serait avec 2 ou 3 kids dans les pattes...
Là je m'arrête parce que je deviens mauvaise c'est clair.
Mathilde je m'en excuse.
igby : Je crois que madame Groult assume très bien ses opinions et paroles et que c'est pour cette raison qu'elle est si forte et si articulée.
Pascale : Heu... Ben, je me doute que tu as des défauts tu sais, je suis surtout convaincue que malgré, ou grâce à eux, tu es certainement une bonne maman. Pas une parfaite maman, une bonne maman.
Et tu n'as pas à t'excuser, j'ai écrit une entrée qui semait la polémique, si des gens viennent y ajouter leur grain de sel, ce n'est qu'à moi que je puisse en vouloir.