lundi, octobre 09, 2006

Le prix du plaisir

J'étais une adolescente naïve et généreuse. D'ailleurs, je crois que l'adulte que je suis devenue l'est encore passablement. Je vivais mes histoires d'amour en nonne, comme disait l'une de mes amies, parce que ces histoires se déroulaient davantage dans ma tête que dans la réalité. J'aimais passionnément, sans jamais aller jusqu'au bout, même d'un baiser. Ma devise était que j'étais vierge et fière de l'être. Je voulais qu'on m'aime pour ce que j'étais et non pas pour mon corps. Je rêvais d'un amour unique et romantique qui m'amènerait jusqu'au bout de ma vie. Mais je me suis heurté aux impondérables de la vie, aux jalousies et aux coups bas.

J'étais amoureuse folle de ce garçon plus vieux que moi, que je voyais comme un homme du haut des quatre années qui nous séparaient. Il n'était même pas vraiment beau, même pas vraiment gentil. En fait avec le recul, je sais bien que son frère, qui avait mon âge, était en fait beaucoup plus beau et beaucoup plus gentil. Mais le plus vieux avait une fêlure au fond de l'oeil, quelque chose qui animait la salvatrice en moi. Je le voyais dans ma soupe, dans mes rêve. J'ai rempli des quantités de cahiers en lettres que je ne lui ai jamais remises. J'ai engorgé les oreilles de mes pauvres amies de réflexions sur ce mec que je trouvais si extraordinaire. J'en étais fatiguante.

À l'époque, j'avais une amie pas mal plus dégourdie que moi. À onze ans elle avait déjà un corps de femme. À seize ans, elle avait de l'expérience et du bagou. Je sentais déjà à l'époque qu'elle avait terriblement besoin d'être aimée. Je savais qu'elle séduisait des hommes pour se sentir importante. Malgré nos différences, je l'aimais beaucoup et je lui faisais confiance. Je pensais qu'elle en mesurait l'importance et qu'elle me le rendait. Et puis, un jour, je me suis rendue compte qu'elle couchait avec les gars qui me plaisaient de manière quasi systématique. Je ne voulais pas le voir, je ne voulais pas que cela puisse être vrai. Sauf que les indices pointaient vraiment dans cette direction.

J'ai pris mon courage à deux main et j'ai demandé à l'Homme-de-vingt-ans si elle lui avait déjà fait des avances. Elle savait mieux que quiconque à quel point j'étais amoureuse de lui. Il m'a dit que oui. Qu'il couchait avec elle de temps à autres. J'étais dévastée. Par la trahison de cette amie, d'une part, et d'autre part parce que lui savait très bien que je me consumais d'amour sous ses yeux noirs. Je l'ai confrontée à ce sujet et elle m'a dit que ça ne me serait pas arrivé si j'avais été du genre à coucher avec les mecs au lieu de leur faire des fausses promesses. J'étais sidérée. J'étais devenue responsable de ce que je voyais comme une trahison.

J'ai pleuré les amitiés perdues, j'ai crié ma peine. J'ai accusé le monde entier d'être responsable de ma douleur. J'ai rayé des noms dans mon carnet d'adresse. Mais je ne suis pas rancunière alors j'ai continué à voir ces personnes qui habitaient près de chez moi et qui fréquentaient les mêmes cercles sociaux que moi. La seule différence c'est que, d'une part l'amour était mort et que, d'autre part je ne livrais plus mes secrets ni mes espoirs : on ne me trahit pas deux fois.

Et puis, j'ai compris qu'un certain nombre de gens courent à perdre haleine après une appréciation et qu'ils voient toutes leurs relations en termes de séduction et de plaisir immédiat. Qu'ils iront jusqu'au bout de l'envie tout simplement parce qu'elle existe et ce, sans égard à ceux qui les entourent. J'ai même parfois joué le jeu, plus tard. J'ai à mon tour trahi des amitiés, des connivences pour tester mon pouvoir sur certains hommes. Je me suis sentie vile et sale, mais je lai fait. Je ne retournerais pas dans ces méandres d'égoïsme.

Aujourd'hui je sais que d'aller jusqu'au bout du désir en trahissant quelqu'un qui nous est cher, est une jouissance beaucoup trop passagère pour que le prix à payer en vaille la peine.

6 Commentaires:

Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

J'en ai connu une comme ça, qui se ruait sur les hommes qui me plaisaient juste pour pouvoir dire que c'était elle qui avait réussi à l'avoir. Une autre qui le faisait juste parce qu'elle avait "le droit" au point de vue liberté... Dans les deux cas, peu d'empathie au niveau de l'amitié je dirais. Je crois que l'égoïsme est bien, dans la mesure où on ne blesse pas leceux qu'on apprécie...

...mais je crois que si ce genre de chose se produit, l'amitié n'existe pas vraiment.

À part ça, je dirais que par moment, mon ancienne candeur me manque.

7:01 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Une fois de plus je me reconnais un peu dans tes lignes ..surtout au début ...car je n'ai pas céder au côté obscur de la force ... !!:o)
je perçevais le monde des femmes de la manière suivante : les seductrices et les autres. Je vais te raconter une histoire .
Il était une fois une jeune femme pas trop top dans ses chaussonstrop petit et elle qui se trouvait trop large .
Elle était considérée comme la bonne copine que l'on peut laisser avec son mec qu'elle ne touchera pas car elle est intègre (mais surtout "obèse") une fille sur qui on peut compter toujours dispo la joie de vivre incarnée, à qui il arrive tout un tas d'aventure (ben oui comme elle est dispo pour les autres ça lui évite de s'occuper de son cas) un véritable faire valoir !! Encore mieux qu'un accessoire de mode!!!
Elle rencontre au detour d'un bosquée un prince... bon en fait un loup déguidé en prince qui piétinne le peu de confiance en elle qu'elle avait ou lui restait ...La joie de vivre telle une colombe c'est échappé et à laissé place au vautour nommé déprime accompagné de sa hiène l'annorexie !!!
de bad trip en bad trip elle fond a vu d'oeil (30kg en 9 mois)pour se faire oublier de ce monde dont elle ne pense pas faire partie ...évidemment tu te doutes que les copines séductrices trop occupés à se faire poser leurs faux ongles, coiffer leur cheveux, non seulement ne font pas atttention à la lente disparition de leur "amie" mais la culpabilise de ne plus regarder leur nombril et de s'interressér à sa destinée...
Les vraix amies, mes soeurs d'âme sont venus me chercher pour me réveiller et prendre en main ma vie et me réaliser.
Son changement n'est pas passé innaperçu puisque d'autre loups ont voulu la croquer.Mais désormais prévenu elle ne sait pas laisser prendre.Par contre sans s'en rendre compte elle passait du coté des seductrices ('seulement physiquement car elle n'oubliait pas d'ou elle venait ) et ses fameuses z'amie on commencé à la rabrouer elle n'était plus leur faire valloirse révolter s'affirmer et ça les génaient enormément.
Elle me sait rendu compte qu'il était grand temps de privilégier la qualité et non la quantité.
Ce qui lui a permis de reprendre confiance en elle lentement qutidiennement paisiblement .
Elle est heureuse aujourd'hui à trouver un ours qu'elle a apprivoisé avec qui elle est désormais heureuse de vivre.

les relations humaines ne sont pas compliquées à condition que tout le monde joue le jeux .....il faut juste essayer de trouver les bons partennaires ...leurs laisser leur chance ..si il la gaspille c'est leur choix même si tu en paie parfois les pots cassés ...Ne regrette pas d'ouvrir ton coeur essaies de mettre des garde fous en t'inspirant des expériences passées ... qu'en penses tu ? L'important c'est d être fidèle à soi même à ces valeur et de trouver des personnes qui les partages comme ça on évite bien des déconvennus...

7:55 a.m.  
Blogger Vertige s'est arrêté(e) pour réfléchir...

J'avais 15 ans et lui 23. Il avait de grandes mains, des yeux incroyables, mais il n'était pas beau. Je lui prêtais toutes les qualités morales. On jouait de la musique ensemble avec une de mes tante, qui savait bien l'effet qu'il me faisait.

Pendant des mois, j'en ai rêvé, à le trouver si extraordinaire que ma cousine qui était aussi mon amie, ma soeur et la fille de cette dite tante s'est mise à le trouver craquant aussi.

Ma tante nous a simplement dit un matin: il en aime une de vous deux. Sans vouloir dire laquelle. Un supplice, un doute qui m'a déchiré durant plusieurs semaines.

Je savais au fond qu'il n'avait probablement pas pu résister à ses jolies boucles blondes, ses grands yeux verts et son corps parfait. Mais il restait le doute qu'il ait vu qu'on s'accordait si bien ensemble, qu'on partageais tant de choses et que je n'étais pas si moche non plus. Il n'avait qu'entrevu ma cousine après tout. On était amis lui et moi. C'était même lui que j'avais, dans un élan de courage, invité à m'accompagner à mon bal des finissants.

Mais il ne m'aimait pas. J'étais avec eux la première fois qu'ils se sont donné la main et la première fois qu'il l'a embrassée. J'étais l'auditrice prévilégiée de Catherine lorsqu'elle me racontais leurs premières expérieuces sexuelles. Je savais qu'il l'aimait bien plus qu'elle. J'étais compréhensive, heureuse pour eux et... dévastée.

Il m'a tout de même accompagnée à mon bal. J'étais une bonne amie. Alors que les lumières se tamisaient et qu'il m'invitait à danser sur les premières notes du traditionnel premier slow, ma cousine étant accompagnée d'un autre, il me dit qu'il savait que je l'aimais et ce que j'avais pu ressentir. J'Aurais voulu disparaître.

Alors je me risquai sur une question dont je ne voulais pas entendre la réponse: Pourquoi elle et pas moi?

-Ben coudonc Anick, t'as juste 16 ans.

Et j'insistai:

-Voyons, Catherine a 2 mois de moins que moi!
-Elle c'est pas pareil, elle est tellement tsé... jolie.

Je n'ai plus posé de questions. J'ai compris ce qui comptais vraiment puor plusieurs. On a dansé. J'ai ris avec des amies et d'autres que je verrais pour la dernière fois. Je suis passé vite comme l'éclair à mon après bal. J'étais à moitié présente. Je n'attendais qu'une chose: rentrer, enlever cette sale robe dans laquelle je me sentais ridicule et pleurer.

Ma cousine l'a laissé 3 jours plus tard me confiant qu'elle ne l'avait probablement jamais aimé et qu'elle en était lasse.

Moi, j'ai ravalé mon chagrin et passé les années suivantes à essayer de me prouver que je n'étais pas un second choix et à ne pas croire vraiment ceux qui disaient m'aimer. Je les ai passé à séduire, à me chercher.

Je les ai aussi passées en psychothérapie à me faire une raison et à accepter cette mère qui me disait que personne ne m'aimerait jamais longtemps, ce père éthylique a demi présent, ce beau père violent, cet homme inconnu qui s'est introduit chez moi une nuit pour satisfaire ses pulsions et qu'on a jamais retrouvé...

Mon bonheur aujourd'hui, je le garde précieusement. J'ai appris l'équilibre, celui qu'on m'a toujours attribué sans savoir qu'au fond, j'étais toute déchirée, aujourd'hui je le vis vraiment. Et il n'y a que vous, bloggeurs improbables, qui avez peut-être idée que sous cette corde de funambule, il y a un précipice énorme que j'apprivoise.

9:48 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Wow les filles, j'apprécie énormément vos témoignages, je n'en attendais pas tant. Ça me bouleverse, me travaille et me fais femme.

Merci.

10:33 a.m.  
Blogger Wictoriane s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Encore un témoignage Mathilde :)
Cette histoire me rappelle mon premier amour, je n'ai jamais "conclu" avec lui, mais il était mon ami, j'en fus très très amoureuse. Un jour, il m'a avoué avoir couché avec ma meilleure amie de l'époque, qui n'était pas amoureuse de lui. J'en fus abasourdie, écoeurée. Quelque chose en moi s'est brisé.
Lui, je lui ai pardonné, l'homme est faible, il est resté mon ami à jamais. Mais elle, non. A chaque fois que je la voyais, je les imaginais ensemble. Pour elle, ce ne fut qu'une expérience de plus.

5:30 a.m.  
Blogger Coyote inquiet s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Deux beaux textes de suite. On se fait happer. C'est bien.

Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Des principes ?! À notre époque ?!...

;o)

10:34 p.m.  

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