vendredi, février 02, 2007

L'élan créatif

Voici ma contribution de la semaine au Coitus. Le thème était l'élan créatif.

****************************

C'est le coeur de la nuit, j'entends des bruits à l'extérieur de ma chambre, comme un grattement constant sur les lattes du plancher. Je dors depuis des heures et pourtant la lumière filtre sous ma porte : il y a quelqu'un qui ne dort pas. Quelqu'un qui s'affaire à passer le balais dans la cuisine. Je ne sais pas ce qui m'a réveillée, mais j'ai des images confuses et marquées dans le cerveau. Et une ou deux chansons qui tournent en boucle dans mes embruns de sommeil. Elles se répondent et s'enchaînent d'une drôle de manière, comme si, à partir d'elles, je créais quelque chose de neuf. Ça fait trop de bruit entre mes deux oreilles pour que je puisse retrouver le sommeil immédiatement. Je n'ai pas envie de sortir de mon cocon, pas envie de parler à la personne qui s'affaire le l'autre côté du mur. Mais me voilà trop éveillée pour oublier l'envie pressante qui me tenaille les tripes. Alors je file vers les toilettes, tête baissée, en prenant le chemin le plus court, pour éviter toute rencontre importune.

Je reviens me lover dans mon lit douillet pour constater sur le rouge lumineux de mon cadran qu'il est 2h45. La nuit d'hiver est illuminée par les reflets des lampadaires sur la neiges folle qui est tombée sur le sol, au cours des quelques heures qui on jalonnées mon sommeil. Je repense aux images qui mon sautées dessus à mon réveil. J'essaie de trouver un sens à cette bousculade. Je murmure les mots clefs de mes rêves, pour m'en souvenir au matin. Parce que je sais que j'oublierai si je ne fais pas attention. J'ai refais le kaléidoscope de mes images, essayant du mieux que je peux de saisir une vision claire dans la myriade de couleurs qui s'enchevêtrent les unes aux autres pour préserver le flou du sommeil. À l'extérieur, le bruits du balais sur le bois s'est tu et le rayon doré qui éclairait le pas de ma porte s'est évanoui. Je suis assurément la seule personne éveillée de ma maisonnée.

À tâtons j'ouvre la lumière qui me brûle les prunelles. J'ai la face emmaillotée de sommeil. Je me sens toute gonflée et toute chose. J'étire le bras pour attraper le cahier qui traîne sous mon lit. Celui des heures de veilles où je note systématiquement les images confuses que je réussi à identifier de mes rêves. J'ai les doigts engourdis et la calligraphie hésitante. C'est souvent ainsi la nuit. Comme si mon corps, pas tout à fait réveillé, refusait d'être alerte. Je ne porte pas attentions aux fines lignes bleues sur lesquelles je suis supposée aligner les symboles. C'est le cahier de nuits, celui où je glisse les mots dans les espaces blancs, en diagonale ou en ligne droite, sans envers ni endroit. Je note tout ce dont je me rappelle : les sensations, les odeurs, les bruits, les sujets, les personnes en présence, les teintes aussi. Et je fini par refermer le cahier, épuisée par l'exercice. Je me rendors profondément.

Au matin, je sais que j'ai veillé sur quelques minutes de la nuit. Mais déjà j'ai rayé de ma mémoire les souvenirs de mes rêves. Je ne sais plus. J'entame ma matinée avec mes petits rituels, en commençant par le café. Son odeur réconfortante me sort des dernières brumes et mes doigts pianotent allègrement sur le clavier tandis que je discute avec des gens qui sont dans la fenêtre de la toile. Lorsque j'ai bien fini de me réveiller, que j'ai fait mes mots-croisés et autres jeux de patience dont je suis adepte, je me demande quoi écrire. Pour nourrir mon blogue, pour nourrir mon âme. Et quelquefois, c'est le vide. Un Néant abyssal. Alors je tire le cahier de mes nuits de sa place stratégique. Je l'ouvre et je lis les notes que mes nuits y ont inscrites. Ces notes font rarement revivre les songes, mais les idées tordues que j'y trouve allument l'étincelle dont j'ai besoin. Je mêle les histoires les unes aux autres, avec un brin de réalité, quelque chose qui colle mon récit à la vie.

Ensuite, je profite de l'élan pour répondre à mes courriels. Tant qu'à être, n'est-ce pas?

Libellés :