vendredi, mars 30, 2007

De réflexions ou d'éclosion

Depuis quelques semaines, j'ai le sentiment d'être une fleur qui s'éveille au printemps. L'impression que je vis au rythme des saisons et que comme tout animal, je me cherche plus qu'à n'importe quel moment de l'année, un compagnon pour la route à faire. J'ai des antennes à garçons. Je les vois, les évalue. Je les juge, les jauges, leur adresse des sourires sans en avoir conscience. Je vois leur intérêt pour la femme que je suis, les courbes que je ne porte plus en fardeau, mais en étendards prometteurs de fertilité. Et les commentaires se lovent dans les replis de ma mémoire, ces commentaires que j'ai à peine entendu sur le coup, et qui reviennent en boucle lorsque les absences s'additionnent. Avec un petit recul, je les savoure ces compliments murmurés à mon oreille, les yeux pétillants de malice.

Point pour moi de femme requin pourtant. Pas d'envie dévorante de mordre dans les chairs friables des hommes qui me croisent en toute innocence. Point de désir inaltérable de dépouiller les âmes et de me repaître, langoureusement, de leur essence. Sans besoin de séduire à n'importe quel prix, surtout pas celui de mon intimité. Sans vouloir brûler ma propre sève à l'autel de ma concupiscence. Ce n'est plus un jeu de pouvoir, ni une volonté de m'inscrire en faux devant mes propres complexes pour me prouver que je puisse encore avoir un certain succès auprès des hommes. Plus l'envie de boire le calice jusqu'à la lie. Jusqu'à l'écoeurement de ma propre peau, marbrée des traces que tous ces doigts laissaient dans leur sillage. Tannée de ne me juger qu'à l'enveloppe charnelle plutôt que dans mon entité. Lasse des eaux troubles du désir éthylique, assoiffé des caresses sans noms qui multipliaient mes nuits. Ce n'est plus l'aulne à laquelle je m'abreuve.

Appétence plutôt de complicité. Soif de rires dans les matins taquins de la bonne entente. Faim de savoir que les soirs se ressembleront dans leurs différences. Sauf que je ne sais plus jouer cette orchestration. Celle qui dose savamment le besoin de l'autre et celui de soi. Celle qui permette de s'avancer un peu, juste assez pour se dorer les ailes sans les brûler totalement afin de conserver l'essor qui me pousse vers le soleil. Je crois qu'en fait, je ne l'ai jamais su. Toujours été trop passionnée et entière pour laisser la vie tranquillement faire son oeuvre. Impatiente d'en finir une fois pour toute quitte à donner l'impression de m'en foutre. Tout donner ou tout prendre. Sans réserve et sans mystère.

Envie souvent de tendre la main de l'autre côté du gouffre de mes doutes. Effleurer le néant qui s'ouvrirait devant moi. Attraper le bonheur qui pourrait s'y glisser. Sentir refluer le mouvement à peine entamé. Discourir des heures durant, analyser chaque geste et chaque absence de geste avec un tiers plutôt que de dire tout simplement que j'aimerais bien qu'il m'aime, justement.

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3 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

superbe!

9:43 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ma Belle Mamathilde,
Je dis que tu as des éclosions à faire palir le Printemps !!
Ce texte est ma-gni-fi-que.

11:40 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Merci... je n'avais pas vu mon trop pleins d'énergie en ce sens pour des raisons que tu connais, mais je me rends compte que j'ai canalisé la même énergie qui t'habite vers autre chose. Je suis heureux de voir que tu te sens bien!

7:26 a.m.  

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