mardi, mars 27, 2007

Sans compter les coups

Je n'ai pas compté les coups, mais je sais que j'en suis à plusieurs. Si je ne me connaissais pas si bien, je croirais que je suis presque méprisante. Tu me dis que tu reviens et je profite de ton absence pour me sauver. Le pire, c'est que la plupart du temps, je n'y pense même pas. Je fais juste réaliser que je suis tannée d'être où je suis. Alors, je fou le camp. Et si tu ne trouves pas exactement sur le chemin de mes pas lorsque je prends ma décision, c'est cuit; tu n'auras même pas droit à un « au revoir » de bon aloi. J'ai un certain talent pour les sorties à l'anglaise. Rien à faire avec moi, je file dès que j'ai une minuscule chance de m'esquiver.

Tu me dis que tu me trouves belle, et je repousse cette affirmation du revers de la main, comme s'il s'agissait d'une mouche fatigante qui me tournerait autour de la tête. Ça me prendra des semaines avant d'assimiler que tu t'es mouillé assez pour m'offrir ce compliment. Tu me dis que je suis sensuelle quand je danse, que je n'ai pas besoin d'un follow spot pour que tous les regards se portent sur moi. Moi je me convainc que tu es simplement gentil avec moi. Comme un ami qui cherche à remonter mon ego émietté. Je vois bien qu'il y a toujours une nuée de femme autour de toi, quelles que soient les circonstances. Je vois bien que tes partenaires de billard féminines se battent pour obtenir ton attention, tes sourires et les discussions bien senties que tu me réserves depuis peu. Elles me toisent, questionnent la pertinence de ma présence autour de la table, essaient de savoir, par des chemins détournés, ce que je pense de toi. Toutes les fois, ça me rentre dedans comme un char d'assaut en pleine face.

Tu braves la foule pour venir jusqu'à moi, malgré la gang dans laquelle je m'insère tout le temps. Je me dis que tu dois avoir trouvé une de mes amies particulièrement séduisante, ce jour-là, pour que je te la présente. Et quand tu tends la main, convivial, au dessus de la mêlée, pour te présenter avant que j'aie eu le temps de le faire, je me dis : « ça y est, c'est elle ». Sitôt ces formalités passées, tu restes assis à mes côtés. Silencieux. Tu me regardes débattre de tout ou de rien avec mon entourage, un drôle de sourire sur le coin des lèvres. Quand je m'emporte contre les imbéciles qui jonchent un parcours de vie, tu ris tout bas. Des lors, je crois que tu te paies ma gueule. Et je rougis dans le noir, honteuse d'avoir encore été prise à me laisser errer sur les ires des mes emportements. Alors, tu poses la main sur les rondeurs de mes joues et je retiens à grand peine les crues qui montent à mes yeux.

Quand la soirée a fini de s'étioler, les rares fois où je ne me suis pas éclipsée d'avance, tu m'accompagnes jusqu'à ma porte. Comme si ce n'était pas un détour. Je te plante un baiser sur la joue et tu exploses de rire. Je grimpe en courant la volée de marches qui me sépare de la rue et je referme la porte sur moi, le coeur affolé. Les sens aux abois. Toute seule dans ma chambre, je me dis que j'ai tout inventé. Je récapitule la suite des événements, je repenses à toutes les sourires que les autres t'ont fait. Je me dis qu'elles sont toutes plus belles que moi. Que je me bâti des châteaux dans les nuages en m'imaginant qu'il y peut-être un bout de cette attention qui m'est véritablement destiné.

Je n'ai jamais compté les coups, cependant je commence à me rendre à l'évidence qu'au nombre de fois où je t'ai claqué la porte au nez, tu aurais dû tourner les talons depuis longtemps. Mais tu es là et tu persistes. Tu m'enveloppes de ton charisme bienveillant et tout ce que je trouve à dire c'est que je n'y crois pas.

Mon problème tu vois, c'est que j'ai toujours eu une peur démente des hommes qui ont du charme. Ce dont tu ne manques vraiment pas.

Libellés :

4 Commentaires:

Blogger La Tortue s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Apparemment qu'il est là pour les bonnes raisons Mathi... Laisse-le donc t'apprivoiser un peu. Tu découvriras sûrement dans son regard et ses gestes, des vérités plus grandes que tes angoisses... De la beauté et du bonheur aussi...

2:43 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

C'est très gentil ce commentaire. Mais je voudrais te faire remarquer que j'ai classé ce texte dans "sur la frontière du réel" ce qui veut dire qu'il y a une part de vrai dans ce que je raconte, mais aussi une bonne part d'imagination.

1:09 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

L'important, ce n'est pas de cesser d'avoir peur, maîs plutôt de réussir à la mettre assez longtemps de côté pour voir ce qui se cache derrière... mais bon, plus facile à écrire qu'à faire ;-)

7:07 a.m.  
Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je pourrais presque écrire ce texte! ;) Dans le mile...

6:29 p.m.  

Publier un commentaire

<< Retour sur le sentier