mardi, avril 03, 2007

C'est de la faute au barman

C'était le premier mercredi du mois de mars et l'hiver n'en finissait pas de nous faire tomber des chutes de neige sur la tête. Comme si tout espoir de printemps était vain. Je ne sais plus qui de Julie ou moi avait à fermer la librairie, quoiqu'il en soit, une de nous devait rester plus tard. Mais je sais que pour une raison obscure, un petit monstre d'excitation exalté me poussait dans le ventre et que je n'avais pas du tout envie de rentrer immédiatement à la maison. Alors j'ai soudoyé Julie en lui offrant de payer la bière pour la soirée, bière qu'elle ne me devrait pas. Elle s'est finalement laissé convaincre. Arrivée sur place, il y avait foule dans la salle, seuls deux tabourets au bar étaient libres. Nous y avons pris place. Profitant de ce moment rien qu'à nous, nous avons commencé à parler de ce que nous voulions et ne voulions pas de notre futur appartement. Parce que nous déménageons cette années, ensemble encore. Nous en étions à la grandeur de la salle de bain quand le barman s'est penché au dessus de son comptoir pour nous demander : « Une coop, ça ne vous intéresserait pas? »

On s'est regardées, radieuses, puis on s'est retournées vers notre interlocuteur et avons répondu, d'une seule voix : « You bet que ça nous intéresse une coop! » Étrangement, le mec n'avait pas l'air d'avoir compris que nous étions déjà vendues à l'idée. Il s'est donc mis en devoir de nous convaincre, nous vantant tous les mérites de ce type d'appartement. En fait, le seul défaut que nous pouvions voir à cet appartement, à vue de nez, était qu'il était passablement excentré. On est revenues à la maison cette nuit-là en flottant sur les rêves un peu fous que le barman avait fait germer dans nos petites têtes.

La semaine suivante, nous sommes retournées au même endroit. Histoire de voir si la proposition tenait toujours. Ça tenait. Ça tenait tellement qu'il nous avait apporté un numéro de téléphone, le nom de la personne à contacter et avoué, fier de lui, qu'il avait déjà parlé de nous à l'assemblée des membres et que pour l'instant, notre candidature leur semblait intéressante. Sur nos tabourets, on se trémoussait d'impatience. Le coeur gros et les émotions en montagnes russes. Nous avons rejoint la dame, discuté avec elle un peu, attendu patiemment que le temps passe pour s'assurer que personne dans la coopérative ne voulait le logement quand j'ai reçu le coup de téléphone des nouvelles qui vous pètent une balloune. Le logement serait en fin de compte libre pour le mois de mai et d'autres candidats seraient prêts à aménager à ce moment sans problème.

Nuit d'insomnie pour moi. Julie était chez ses parents à Acton Vale (évidemment) et bien entendu, son cellulaire était mort, donc elle était impossible à rejoindre. Il fallait que je réponde vite. J'ai fini par rejoindre Julie qui s'est mise à stresser avec moi. Et puis on a décidé de se lancer, sans filet, en se disant que ce qu'on dépenserait en trop, pour deux mois de double paiement de loyer, nous coûterait somme toute moins cher qu'un appartement plus petit, en dehors de la coopérative, pendant toute une année. La semaine suivante, on visitait le logement. Le rêve. Beau, bien entretenu, dans une rue magnifique et tranquille. Facilement accessible en métro. À vingt minutes de vélo du travail. Merveilleusement bien découpé pour nos besoins. C'était mille fois mieux que dans nos fabulations les plus extravagantes.

Hier matin, nous rencontions les membres de la coopérative. Nous nous sommes levées deux heures d'avance, tenaillées par l'excitation. Angoissées aussi. Nous sommes arrivées les premières au lieu de rendez-vous. Une fois que tout le monde eut été installé, Julie et moi nous sommes rapidement rendues compte, que les membres faisaient tout leur possible pour nous vendre la coop. Nous étions sidérées. On nous vendait notre appartement de rêve plutôt que d'avoir à nous vendre pour l'obtenir. Il pleuvait dehors, l'air était doux. Nous avons décidé de marcher jusqu'à la librairie parce que nous avions tellement d'énergie à dépenser. Une heure et demie passée comme cinq minutes. Nous savions que nous aurions la réponse dans la soirée et que nos chances étaient plus que bonnes.

À neuf heures et demie, durant ma pause, j'ai parlé avec la dame qui est notre contact depuis le début. Confirmant que nous avions la place. Et les membres étaient tellement emballés par nos personnalités respectives qu'ils ont décidé que nous n'avions pas à payer le mois de mai si nous emménagions en juin. Il semblerait que le barman mentionné plus haut, ait beaucoup travaillé pour nous faire économiser cette somme d'argent.

Depuis ce téléphone, j'ai un air d'amoureuse épanouie qui me flotte sur le visage. Et tout ça, c'est de la faute au barman.

Libellés :

7 Commentaires:

Blogger Juli s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Et il y a une grande salle de bain (montréalaise...)

Party!!!!!

12:18 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Il y a des gens, comme çà, qui croisent notre chemin.... et puis tout devient bleu, merveilleux...
Bon déménagement les filles ;-)

8:27 a.m.  
Blogger La Dame du Lac s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Heeeeiiiiin!!!

Mais c'est donc ben l'fun!! GO MATHI! GO JULIE!

C'est tellement agréable quand des choses comme ça nous tombent dessus! ^___^

3:00 p.m.  
Blogger Unknown s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Wow! J'ai été tenue en haleine jusqu'à la fin! J'ai presque cru que c'était fini... Mais non! cooooool! je suis ultra contente pour vous : vous le méritez!!:)

11:35 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Juli : j'avais presque oublié que c'était justement le centre de l'exigence que nous étions en train d'établir, cette grande salle de bain.

Douja : Bleu? Je dirais davantage, douillet. Et puis on va avoir le plus mieux déménagement de tout Montréal, cet été!

Laurie : Je pense qu'on ne pourra pas t'inviter parce que nos escaliers sont tellement mongols que tu ne pourras jamais redescendre. Mais on pourrait faire un garden party dans la cours par z'emple!

Sandra : Tu vas venir passé une soirée de temps en temps?

10:01 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Les nouveaux jours apparaissent lumineux... Je suis très heureux pour vous. En juin, c'est bien, j'aurai plus de temps pour t'aider à déménager:)

10:22 a.m.  
Blogger Rosie s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Contente pour vous deux, quelle chance.

Nouvelle sur ton blogue, mais je reviendrai, très intéressant.

Bonne journée.

10:58 a.m.  

Publier un commentaire

<< Retour sur le sentier