vendredi, avril 20, 2007

Un teint de porcelaine

La soirée avait débuté sur des chapeaux de roues. Nous n'étions pas encore à destination que Lew était un feu roulant d'activités à lui tout seul. Tout était propice aux jeux de mots les plus absurdes, aux folies extravagantes. Content de voir que son public répondait si bien, il s'enorgueillissait de nos rires pour se lancer dans une autre cavalcade d'insipidités. Nous étions dans un Talent show avec toutes les inégalités que cela implique. Ce qui permettait à notre bouffon de laisser aller ses répliques et de récolter nos éclats de joie. À 23h00, la personne que nous allions voir ayant déjà fait son numéro, nous avons profité de l'entracte pour nous éclipser. Encore sur le coup de l'effervescence chaleureuse de Lew, nous avons décidé de nous arrêter à l'endroit habituel pour y laisser aller la folie qui nous habitait tous les quatre.

Nous avons facilement trouvé une table, pas trop loin de celui que je regarde depuis quelques mois déjà. À deux mètres de nous, trois gars, que je n'avais jamais vus, étaient assis au bar. Ils jaugeaient la foule. Évaluant absolument pas subtilement toutes les filles qui étaient dans la place. J'en ai fait les frais. J'avais, encore une fois, omis de mettre un soutien-gorge. Ils ont dû passer un bon 10 minutes sur mon cas. À me regarder comme si j'étais un morceau de steak dans un étal de boucher. Je commençais à avoir de la fumée qui me sortait par les oreilles à les entendre et les voir me juger quand Marie-Hélène a décidé que c'en était trop pour elle. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle nous a déménagé à l'autre bout de la salle, près des fenêtres afin de s'éloigner de l'envie de frapper les importuns.

Lew était toujours en feu. Juli lui donnait la réplique. Marie et moi ne savions rien faire d'autre que rire aux larmes. Nous devions avoir un drôle d'air parce que la plupart des clients nous regardaient avec intérêt afin de deviner ce qui nous amusait à ce point. L'homme qui me fait vibrer inclus. Mais il était occupé ailleurs, nous avons cette tendance tous les deux à nous regarder sans vraiment avancer, au grand dam de Juli. Jamais vraiment ensemble, jamais loin l'un de l'autre non plus. Une petite touche d'indépendance qui ne leurre personne, sauf nous. Et moi je doute, et je redoute. Malgré tout. Et moi je me demande à toutes les fois si c'est moi où une autre qui est le centre de son attention. Comme c'est un grand charmeur fort populaire, toutes les fois où je le croise, je vois s'avancer vers lui des femmes que je trouve plus belles que moi. Alors, je me désespère un petit peu. Et je me dis que je me fait des idées. Alors, je remarque à peine qu'il me lance des objets pour attirer mon attention. Et je me dis que ça ne compte pas.

Vers 01h00, Juli est retournée à la maison. Fatiguée par un reste de grippe qui lui mine l'énergie. Lew, Marie et moi sommes restés à la même table, à rire encore comme des fous. À se raconter des histoires impossibles où les crevettes poussent sur des oranges. Et c'est durant un de ces éclats de rire complètement dégénéré qui suit la chute d'une de ces absurdités qu'il s'est approché de la table, me regardant droit dans les yeux et arborant une drôle de posture. Il avait la main dans les jeans, mimant un pénis sorti de la fermeture éclair. Quand il fut certain d'avoir toute mon attention il me lança : « Vous me faites penser à un urinoir mademoiselle, vous avez un teint de porcelaine ». J'ai explosé de rire. Lew et Marie aussi. Je l'ai traité de cave, il m'a répondu qu'il pouvait aussi être un grenier, tout en remettant son pantalon correctement en place. Et il est retourné à sa place. J'ai déjà entendu des compliments étranges dans ma vie, mais je dois dire que celui-ci les bat tous à plates coutures. Et je sais pertinemment que si c'était un autre que lui qui me l'avait adressé, je l'aurait vertement renvoyer à ses moutons.

Nous sommes partis une vingtaine de minutes plus tard. Je suis passée le saluer avant de quitter. Il me regardait penaud, plus du tout certain d'avoir été drôle. Il me dit « Pas trop choquée d'avoir hérité d'un cave de service? » J'ai souris en lui répondant : « Tu sais, je suis une ricaneuse de service. J'ajouterais qu'actuellement, je suis le poisson qui nage dans l'océan de tes niaiseries ».

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7 Commentaires:

Blogger La Dame du Lac s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Étrange!! o_o;; Très étrange!

2:47 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Eh ben, il y va fort, le jeune homme. Si c'est pas un signal clair..... ;-)

1:39 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je le trouve très vivant ce texte. Super

6:39 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Laurie : Il y a des garçons qui resteront toujours un peu des gamins taquins.

Douja : Tu crois?

Arthur HIDDEN : merci d'être venu visiter mes chemins et de me l'avoir dit.

Quant au côté vivant de mon texte, je dois dire que la personne dont je parle, l'est particulièrement... Impossible alors de ne pas le rendre par le texte.

8:50 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

A) J'adore la fin, c'est MAGNIFIQUE!!!! Et c'est si romantique!

B) Content de voir que vous avez été dans un si bon "mood" après votre passage dans l'autre monde...

C) Crois-tu que vous allez finir par aboutir un jour ;)? Je vous le souhaite en tous les cas!

2:52 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Mais qu'a-t-il répondu à ta dernière réplique????? Tout le suspens est là me semble-t-il... ;)
Ou comment raconter en donnant l'impression d'être impudique sans rien dévoiler.... ;)

7:11 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Alex : A) Ça prend bien toi pour trouver cela romantique!

B)L'autre monde, faudrait pas charier! Mais oui, on était dans un très bon mood après.

C)Heu? Ben... Peut-être?

Laurence : Faut pas donner tous mes trucs à mon public en deux lignes aussi précises que vraies!

9:28 a.m.  

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