samedi, mai 19, 2007

Les vagues de l'existence

C'est un mouvement fluide, qui glisse sur mon épaule comme une écharpe dont on me draperait doucement. Un geste aussi subtil que lent. Ce sont deux bras qui m'entourent doucement, innocemment, semant, sur ma peau perméable, des marques de fers chauffés à blancs. Ce sont des rires et des paroles murmurées confusément, entre deux verres, entre deux tables qui m'assomment telles des massues. Et le courant électrique qui part de mes pieds pour me sonner l'alarme. Le danger est grand. Trop grand pour une seule personne. Trop grand pour une seule Mathilde, en tout cas. Là, dans le creux de mon ventre, les dents du requin que je porte en moi poussent. Mécanisme de défense puéril. Malgré tout, elles sont là, présentes, sanguinaires et dangereuses. Pour moi comme pour les hommes qui pourraient s'y heurter. Je le sais. Entre ma déception récente et aujourd'hui, je me suis remise à voir clairement les intérêts qu'on me manifeste, de la même manière que je les voyais il y a quelques années, à l'époque où j'ai ouvert ce carnet sur monde.

Je connais les signes, je connais les récifs sur lesquels je risque de me heurter. Je les ai abondamment fréquentés durant quelques mois, il n'y a pas si longtemps. Je connais le poids de la culpabilité quand je sens un regard meurtri se porter sur moi et que je sais que je n'ai rien de plus à offrir que ce que j'avais, un bref moment, laissé tomber. Je n'ai rien de plus a offrir qu'une sensualité de femme enragée, blessée par les accrocs de l'existence et les histoires de coeur qui se muent en histoires de coups. Je suis la femme insaisissable qui sera toujours partie lorsque l'aube pénètre les carreaux des fenêtres. Je suis la femme qui n'en n'est pas une, dispersée quelque part entre mon coeur et mon corps, désormais aux antipodes. Je suis la femme qui ne peut pas se permettre de s'approcher de trop près les hommes qui me touchent parce qu'ils sont des chevaux fous, au courage et à l'affection débridés. Et je sais que je me retrouverais chiffonnées sur les lattes de ma vie, incapable de me relever avant longtemps.

Je suis la femme qui mord dans les chairs qui me sont offertes comme une assoiffée dans un fruit très mur et qui laisse la sève pulpeuse dégouliner sur le bord de mes lèvres. Je vois les sourires qui me sont destinés, j'entends les compliments qui me sont adressés. Je suis féminine et séduisante, belle sans doute aux yeux de quelques uns. Je suis une femmes de désirs et de sang. Je suis ce que nous devrions toutes être, frémissantes et vibrantes, avides de vie et de tendresse. J'ai mal à mes espérances transies, mais je n'arrive pas à avoir mal à mon coeur retranché dans son armure de cuivre. Je n'arrive qu'à rire. Envie de relever la tête, de continuer mon chemin et de tenter le Diable. De loin. Envie de savourer toutes les minutes de bonheur qui me sont imparties, de les goûter jusqu'à ce qu'elles se soient évanouies dans le temps et l'espace.

Envie de chanter aussi faux que je puisse le faire, de sourire encore aux anges comme je le faisais en rêvant un avenir qui n'aura jamais lieu. Envie de croire en moi. Malgré tout. De croire que je suis une femme unique, comme tout être est unique. Savoir jusqu'au bout des ongles que je ne voudrais pas être quelqu'un d'autres ni même avoir une autre vie qui pourrait être plus facile. Parce que connais ma vie, et que c'est un espace confortable. Ma vie est faite de passions de coups de tête et de coups au coeur. Ma vie est riche et mouvante. Ma vie ressemble étrangement à ce que je rêvais d'en faire à 16 ans, dans mon romantisme omniprésent. Ma vie se mesure en rebondissements, en heurts et en intenses moments de plaisir. Appuyée sur des amitiés aussi durables que sincères, sur des élans d'amour profond, sur des cartes joyeuses qu'on m'offre gratuitement, simplement pour me rappeler à quel point je suis une femme bien.

Aujourd'hui, j'ai 34 ans, pas d'amoureux et pas d'enfant. Aujourd'hui, j'ai 34 ans et je me sens féminine et séduisante comme j'en rêvais lorsque j'imaginais ma vie d'adulte du haut de mon adolescence. Aujourd'hui, je sais que je suis en train de réussir le plus grand objectif de mon existence : vivre intensément.

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8 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

ben bravo, d'abord que c'est inscrit au plus profond de toi pour vrai pour vrai

4:54 p.m.  
Blogger Galad s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Il est vrai qu'une mer sans vague, c'est plutôt ennuyant. Vive les vagues, vive les ressacs, vive les gorgées d'eau salée!

Bonne fête Mathilde!

10:16 p.m.  
Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Et encore une fois la chute qui tue.

12:58 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Vit ton rêve, vit le intensément.

2:24 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Tu es... tout ça et bien plus! Tu es surtout magnifique!

Bon anniversaire!

12:32 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Miche : Je crois que ça fini par rentrer vraiment.

Galad : Je crois que j'ai toujours aimé regarder les tempêtes sur l'océan. Alors les vagues me conviennent très bien. Et merci pour les voeux d'anniversaire.

La souris : J'ai pourtant pas l'intention de te tuer...

Douja : C'est bien mon intention.

Alex : T'es un merveilleux ami!

12:12 p.m.  
Blogger Vero s'est arrêté(e) pour réfléchir...

déjà un an...que le temps passe vite ! bon anniversaire Mamathilde !

1:38 p.m.  
Blogger Victor Vilain s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Femme de désirs ... vibrante ... c'est plus qu'il n'en faut à un homme normalement constitué, et pas constipé ...

7:46 a.m.  

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