mercredi, mai 09, 2007

Aménagements

Hier encore, on marchait dans les rues de la ville en se disant que le printemps n'en finissait pas de se faire attendre. Les arbres étaient à peine verdis par un bourgeonnement discret comme si la nature craignait de nous montrer ses couleurs. Une impression d'attente flottait dans l'air ; une suspension du souffle avant de plonger en apnée dans les mois qui ouvrent l'été. Le mois de mai est arrivé comme un autre continent sur les terres que je foule. Balayant au passage les zestes d'hiver qui s'étaient attardés dans les coins ombragés des cours intérieures. Un élan vital fredonnant des airs grivois aux oreilles attentives. Moi, j'avais les clefs de mon nouveau chez-moi dans mon sac ; une promesse d'avenir sous des cieux particulièrement cléments. Il y a tant à faire lorsqu'on s'installe pour de vrai. Et envie de récurer chaque centimètre de surface habitable qui me tenaillait le sang. À moi qui suis autrement nonchalante et paresseuse à ce sujet. C'est ainsi que j'ai traversé un quart de la vielle en transport en commun, munie d'un balais et d'une serpillière, lestée du poids d'à peu près tous les cd que j'écoute en ce moment, anxieuse, excité et hagarde, simultanément.

Ce n'est qu'arrivée à destination, devant ces espaces vides qui me narguaient, que je me suis aperçue de ma bêtise. C'est plate nettoyer les armoires et les murs d'un logement qu'on va occuper. C'est encore plus plate de le faire toute seule. Mais c'est agonisant quand, en plus, on n'a ni radio, ni musique. Le silence total d'une maison inhabitée qui réverbère, en écho, le bruit de n'importe quel mouvement, aussi petit soit-il. Petites parcelles d'ironie se moquant de l'absence de vie. Écoeure par le vide, je n'ai pas fait long feu, préférant papoter avec le voisinage qui m'accueillait chaleureusement. Alors, tout était à recommence quelques journées plus tard. M'enfin, pas exactement tout ; j'avais tout de même minimalement travaillé. C'est donc armée de rouleaux, de pinceaux et de couleurs vives que je suis revenue commencer à prendre possession de la nouvelle demeure, avec Julie.

On s'est installée dans l'odeur aigre-douce du latex qui colle aux murs. Désorganisées toutes les deux par un manque d'habitude évident. Dans le coin d'une chambre, un matelas posé à même le sol qui nous servirait de lit de camp. Deux enfants ayant la permission rarissime de dormir à la belle étoile. Les yeux pétillants, le rire constant et des cris aussi. Ceux provoqués par ces bruits dont on n'a pas l'habitude et qui font quelque peu sursauter. Ceux qui laissent des crampes dans le ventre de rire. Une fois qu'on a réalisé le ridicule de la situation.

Je me suis réveillée dans une chambre trop blanche, trop grande, après une nuit de sommeil beaucoup plus sereine que ce à quoi j'aurais pu m'attendre. Sans doute rassurée par la présence muette et discrète de ma complice encore endormie. J'ai entendu des petits pieds dévaler un escalier quelque part à ma gauche et je me suis levée dans une superbe matinée. En sortant de la chambre, j'ai constaté que nous avions dormi en toute quiétude en oubliant de verrouiller les accès de ce nouveau logis.

Je suis partie en quête de café, sans savoir ou aller. Alors j'ai pris le pouls de ce quartier, souriant à tous ceux que j'ai croisés. Je suis rentrée à la maison dans les effluves du pain que l'on cuit et je me suis lovée dans un rayon de soleil pour y écrire mes impressions et être heureuse, simplement.

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1 Commentaires:

Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je suis moi aussi dans la peinture... Bon courage! ;)

6:29 a.m.  

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