dimanche, novembre 23, 2014

Amicalement-vôtre

Je pense que j'ai un talent certain dans mes amitiés avec les garçons. Je pense que je peux me targuer d'être une bien meilleure amie de fille que j'ai été une amoureuse. Peut-être est-ce parce que je sais cela que je ne coure pas tant après l'âme sœur. J'ai l'amour en déséquilibre, je crois. Et je me préfère en équilibre. Déjà que l'équilibre et moi...

Ici, je ne prétends pas que je n'ai pas de talent avec mes amitiés féminines. Loin s'en faut. Seulement, celles-ci sont souvent moins zigzagantes que celles-là.

J'ai l'amitié tenace, je peux retourner voir ce qui s'y trouvait, plusieurs fois. Avant de me rendre à l'évidence que certaines d'entre-elles resteront à jamais lovées dans un passé qui m'est désormais inaccessible. Quelles qu'en soient les raisons. Il arrive que ce soit moi qui décide de tout rompre, par exemple lorsque ces garçons, ne sont plus si gentils à mon endroit ou encore qu'ils attendent de moi que je sois une groupie émerveillée devant tant de charme et d'allure. Je veux bien être la groupie des artistes que je ne connais pas autrement que par leurs œuvres, ça m'amuse, en réalité, beaucoup. Mais pas des gars avec qui j'ai partagé quelque chose de bien plus que cela. Quand c'est rendu que je me fais la réflexion que les gens dont je suis la fan avouée ont plus de considération pour moi que ceux que j'ai un jour nommés amis, ben je me tanne et je tire la plogue. Il arrive aussi que je me frappe à un mur d'indifférence qui s'est dressé, comme ça, tout bêtement, en travers de mes chemins.

Mais si je dis que j'ai un talent certain dans mes amitiés masculines, c'est que je peux, comme je l'ai récemment raconté dans ces pages, traverser vingt ans de silence, dans un seul sourire, et retrouver une complicité rigolarde qui n'a rien perdu de sa spontanéité.

Je peux aussi me jeter à rires perdus dans une amitié en mode derby de démolition. À essayer de nous faire croire que nous ne sommes pas tout à fait ce que l'autre nous renvoie comme image de nous-mêmes, jusqu'à ce que les arguments, bien pesés, nous mettent devant l'évidence qu'on a une perception un peu faussée de soi. J'en reviens toujours complètement revigorée et courbaturée. Même si, cette fois encore, les années s'étaient additionnées, l'air de rien. La franchise et l'honnêteté sont de bien bons ingrédients pour cultiver les terreaux fertiles de mes amitiés.

Il y a aussi ces messages que je n'attendais pas, sur mes chemins ou ailleurs, de gars qui me disent qu'ils lisent ma prose et qu'ils aiment bien ce qu'ils y trouvent. De gars qui ont été des amis plus ou moins proches avec lesquels je me promets une rencontre, un jour.

Je crois que je suis une bien bonne amie de fille, qui ne ressasse pas les années d'absence l'air de dire que j'ai été négligée. Je sais trop bien que j'ai négligé plus souvent qu'à mon tour.

J'ai bien mieux à faire, voyez-vous. À commencer par profiter des moments qui me sont offerts et de mordre dedans à belles dents.

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