L'arbre à sorcières
Elles étaient aussi
dissemblables que possible. L'Une mince, élancée, posée et portant
sur le monde un regard assuré. L'Autre, petite, ronde, noire et
portant en elle plein d'éclats de maux.
L'Une avait la faculté
de deviner une grossesse au premier regard, de mitonner des sucreries
qui faisaient enfler la panse de ceux qui croisaient sa chaumière.
Elle ne le faisait cependant pas pour dévorer ses proies. Elle le
faisait beaucoup plus simplement pour le plaisir de voir des visages
s'épanouir de bonheur lorsqu'ils croquaient un fruit défendu. Son
truc à elle, son pouvoir magique, c'était de créer une certaine
harmonie dans beaucoup de rires. Elle avait cette faculté savoir
quelles images, réelles ou imaginaires, pourraient faire exploser de
soleil le cœur de ceux à qui elle les présentait.
L'Une était une bien gentille sorcière, même si d'aucuns vous diraient qu'elle avait de le bleu de l’œil cet appétit pour pour ses semblables, laissant présager que, peut-être, elle pourrait un jour se muer en ogresse, histoire de voir si toutes les saveurs qu'elle avait su inventer, pourraient être goûteuses sous la peau de ses concitoyens. C'était une femme entière, enjouée, sans compromis ni concession. C'était une femme comme il s'en fait peu.
L'Une était une bien gentille sorcière, même si d'aucuns vous diraient qu'elle avait de le bleu de l’œil cet appétit pour pour ses semblables, laissant présager que, peut-être, elle pourrait un jour se muer en ogresse, histoire de voir si toutes les saveurs qu'elle avait su inventer, pourraient être goûteuses sous la peau de ses concitoyens. C'était une femme entière, enjouée, sans compromis ni concession. C'était une femme comme il s'en fait peu.
L'Autre était davantage
de colère et de doutes. Sans être taciturne ou continuellement
explosive, elle avait l'équilibre hasardeux. C'était une femme qui
connaissait les fêlures de l'âme, de celles qui laissent des
marques permanentes. On la voyait se promener accompagnée de sa
grande chienne jaune, celle qui trahit un penchant pour la censure
intérieure. C'était une femme bien courageuse que l'on pouvait
apercevoir se promener sur la frontière du pays des zombies jusqu'à
voir les tréfonds de l’œil de sa tempête. Et quelquefois, elle
tendait la main pour secourir un être esseulé qui s'y mirait
dangereusement, avec le succès mitigé que ce genre d'entreprise
présuppose.
L'Autre avait un talent
singulier pour attirer ceux qui jalonnaient sa route dans un cocon de
confidences et de vérités. Son talent tout particulier était de
savoir lire les silences, même les plus tenaces. Elle les écoutait,
les cogitait, les dépeçait et vous les renvoyait en pleine tête,
l'air de rien lorsque vous vous y attendiez le moins. Cette faculté
de trouver exactement les mots que vous n'aviez pas dit et de les
retransmettre abruptement, la rendait, disons, singulière. Elle
était un petit bout de femme, entêtée, passionnée, excessive et
terriblement humaine. En somme l'Autre était tout aussi unique que
l'Une.
Elles étaient aussi
dissemblables que possible, mais partageaient un bien grand secret.
Elles avaient toutes deux poussé sur le tronc d'un arbre à
sorcières. Un arbre de sagesse et de cœur. Un arbre qui leur avait
enseigné à regarder juste un peu plus loin que le bout de leur nez
lorsqu'il s'agissait de s'intéresser à autrui.
Libellés : Sur la frontière du réel
Joli l'arbre à sorcières. Je cherche qui elles sont, toutes les deux te ressemblent à part lescsucreries bien sûr