dimanche, février 08, 2015

Les petits retours du destin

J'ai récemment entendu l'histoire, tout à fait banale, d'un homme qui, comme moi, avait été malmené par ses pairs durant son enfance. Ou plutôt par un personnage en particulier. Il m'a raconté cela en toute simplicité. Nous nous sommes aperçus, en cours de discussion, que nous connaissions plusieurs personnes en commun. Pas au même degré. Mes amis étaient ses connaissances et inversement. Le monde est petit, et avoir partagé une enfance aux deux extrémités d'Ahuntsic semble l'avoir encore davantage rétréci.

Toujours est-il que je connaissait le nom de la personne qui lui avait rendu l'enfance difficile. Et je me demandais bien pourquoi est-ce que ce nom résonnait pour moi. J'avais vaguement une image de ce personnage dans ma tête, des images un peu floues avec un petit quelque chose qui me tarabustait le fond de la cervelle. J'ai donc entrepris d'ouvrir mes boîtes à souvenirs pour aller à la pige aux informations qui m'échappaient. Tout le monde se demande toujours pourquoi je persiste à déménager, fois après fois, ces boîtes de paperasses emmêlées que je ne zieute pas très souvent. Je crois que c'est tout bonnement parce que ma mémoire est faillible. Alors je me repose sur les notes que j'ai jeté dans de vieux agendas scolaires ou journaux (pas tout à fait intimes).

C'est finalement dans mon album de finissants de secondaire cinq que j'ai trouvé ma réponse. En lisant le message qui était attaché au nom de cette personne. C'est moi qui l'ai écrit. Pas parce que le garçon en question était mon ami. Non, c'était plutôt parce que personne ne s'était porté volontaire pour écrire un descriptif pour lui. Il n'était pas le seul dans cette situation, j'ai dû écrire une dizaine de messages pour des gens que je ne connaissais pas, ou peu, en tant que membre du comité de l'album de finissants. Ce que j'ai écrit pour ce gars-là, n'était pas très gentil. Ni méchant. Mais il a fallut que la professeur responsable de cette activité parascolaire adoucisse mes angles, je m'en souviens très bien désormais.

J'ai trouvé ce hasard amusant. Et je me suis mise à penser que nous ne sommes pas les deux seules personnes de ma connaissance qui ont un jour été ostracisé par quelqu'un qui était plus fort que soi. Socialement ou physiquement. Ce que je constate, c'est que toutes les gens que je connais ayant vécu ce type d'expérience sont des individus qui ont mûris avec une belle sensibilité et beaucoup de compassion pour autrui. Beaucoup d'entre-eux sont des gens qui ont une carrière qui leur sied bien et ils sont, généralement, fort respectés par leur entourage.

Des vilains eux, ceux qui riaient, disaient des méchancetés et se plaisaient à piler sur les têtes, je n'ai que peu d'échos. Quelques uns ont mal fini. La plupart ont traversé le même genre de calvaire que ce qu'ils nous ont fait endurer, un peu plus tard dans leur vie.

Alors je me dit qu'il n'a certes pas été agréable de passer à travers ce genre d'expérience, mais somme toutes, ça nous aura armé pour affronter la vie. Et de nous permettre de savoir qu'après chaque échec, une réussite est possible.

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