Dommages collatéraux
Lorsque j'étudiais à
l'université, j'ai entrepris un mémoire de maîtrise sur les
confessions sexuées dans le Québec du XIXe siècle.
Mémoire que je n'ai jamais terminé parce que je suis un jour entrée
de plein pieds dans le pays des zombies. Ceci implique, cependant que
mon intérêt pour le féminisme ne date pas d'hier et je sais que
celui sur les religions m'accompagne depuis plus longtemps encore.
Il va sans dire que
l'actualité me bouleverse. Moi qui, dans l'innocence de la
vingtaine, étais convaincue que les guerres de religions étaient
des aventures historiques. Mettons que je suis rattrapée par la
réalité. Ça blesse mon cœur d'être humain, ça sape mon cœur de
femme.
Quand je lis que des
femmes joignent les rangs des extrémismes qui font les unes des
journaux, parce qu'un individu, qu'elles n'ont souvent jamais vus,
avant d'entreprendre un voyage vers ce qu'elles croient sinon être
un salut, au moins une raison de vivre et d'avoir une place qui leur
appartiennent, j'ai envie de pleurer. Pleurer sur les manquements à
l'éducation de nos société. J'ai mal aux mémoires collectives qui
ne sont pas cultivées.
Dans toutes les histoires
de guerres que je connais, et j'en connais plusieurs, les femmes ont
été des trophées, des victimes, des violées, parce que la
biologie fait en sorte qu'elles sont les terres à fertiliser pour
perpétuer ce que que l'on veut perpétuer. Elles paient,
incontestablement, le fort prix des luttes à finir. Qu'elles le
fassent de leur plein gré, ou contre leur gré.
J'ai, par contre,
beaucoup de peine à croire qu'un libre arbitre quelconque soit
présent lorsque j'apprends qu'une fillette, ou un garçonnet, ayant
à peine atteint l'âge de raison soit l'explosif humain qui détruit
un centre commercial, une ambassade ou autre lieu public. Ces enfants
ne sont que de la chair à déchiqueter, sans aucune espèce
d'importance pour une idée de ce qu'est censé être le plus grand
bien, mais qu'ils ne peuvent pas comprendre.
J'ai choisi d'étudier en
sciences humaines. J'en comprends les lacunes, elles ne sont pas des
sciences exactes. Chaque thèse, mémoire, article, écrits dans ces
domaines sont, fondamentalement teintés par la personnalité et les
partis pris de la personne qui les compose. C'est une part inhérente
à ce genre de procédé, et les auteurs en sont conscients. Les
rigoureux, iront toujours consulter ceux qui sont en désaccord avec
leurs présupposés de base et les lecteurs impénitents pourront
toujours les retrouver en consultant les bibliographies. C'est le
paravent qu'ont conçu les intellectuels pour prévenir leurs propres
manquements.
Mon présupposé tout personnel, c'est
que c'est l'Homme qui a créé Dieu et non l'inverse. Forcément, il
m'apparaît surréaliste qu'on puisse assassiner impunément ici en
espérant avoir une meilleure vie de l'autre côté de l'existence.
Moi qui ai choisi
d'étudier les sciences humaines parce que l'humanité m'intéresse.
Depuis quelques mois, j'ai l'impression qu'elle me fait plus de mal
que de bien.
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