dimanche, mars 15, 2015

Dommages collatéraux

Lorsque j'étudiais à l'université, j'ai entrepris un mémoire de maîtrise sur les confessions sexuées dans le Québec du XIXe siècle. Mémoire que je n'ai jamais terminé parce que je suis un jour entrée de plein pieds dans le pays des zombies. Ceci implique, cependant que mon intérêt pour le féminisme ne date pas d'hier et je sais que celui sur les religions m'accompagne depuis plus longtemps encore.

Il va sans dire que l'actualité me bouleverse. Moi qui, dans l'innocence de la vingtaine, étais convaincue que les guerres de religions étaient des aventures historiques. Mettons que je suis rattrapée par la réalité. Ça blesse mon cœur d'être humain, ça sape mon cœur de femme.

Quand je lis que des femmes joignent les rangs des extrémismes qui font les unes des journaux, parce qu'un individu, qu'elles n'ont souvent jamais vus, avant d'entreprendre un voyage vers ce qu'elles croient sinon être un salut, au moins une raison de vivre et d'avoir une place qui leur appartiennent, j'ai envie de pleurer. Pleurer sur les manquements à l'éducation de nos société. J'ai mal aux mémoires collectives qui ne sont pas cultivées.

Dans toutes les histoires de guerres que je connais, et j'en connais plusieurs, les femmes ont été des trophées, des victimes, des violées, parce que la biologie fait en sorte qu'elles sont les terres à fertiliser pour perpétuer ce que que l'on veut perpétuer. Elles paient, incontestablement, le fort prix des luttes à finir. Qu'elles le fassent de leur plein gré, ou contre leur gré.

J'ai, par contre, beaucoup de peine à croire qu'un libre arbitre quelconque soit présent lorsque j'apprends qu'une fillette, ou un garçonnet, ayant à peine atteint l'âge de raison soit l'explosif humain qui détruit un centre commercial, une ambassade ou autre lieu public. Ces enfants ne sont que de la chair à déchiqueter, sans aucune espèce d'importance pour une idée de ce qu'est censé être le plus grand bien, mais qu'ils ne peuvent pas comprendre.

J'ai choisi d'étudier en sciences humaines. J'en comprends les lacunes, elles ne sont pas des sciences exactes. Chaque thèse, mémoire, article, écrits dans ces domaines sont, fondamentalement teintés par la personnalité et les partis pris de la personne qui les compose. C'est une part inhérente à ce genre de procédé, et les auteurs en sont conscients. Les rigoureux, iront toujours consulter ceux qui sont en désaccord avec leurs présupposés de base et les lecteurs impénitents pourront toujours les retrouver en consultant les bibliographies. C'est le paravent qu'ont conçu les intellectuels pour prévenir leurs propres manquements.

Mon présupposé tout personnel, c'est que c'est l'Homme qui a créé Dieu et non l'inverse. Forcément, il m'apparaît surréaliste qu'on puisse assassiner impunément ici en espérant avoir une meilleure vie de l'autre côté de l'existence.

Moi qui ai choisi d'étudier les sciences humaines parce que l'humanité m'intéresse. Depuis quelques mois, j'ai l'impression qu'elle me fait plus de mal que de bien.

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