jeudi, mars 12, 2015

Un dimanche à l'opéra, seconde partie

Lorsqu'on a pas, ou peu, l'occasion de voir des amies qui sont collées sur notre cœur, malgré la distance, les années, les vies qui vont dans toutes sortes de directions différentes, et que la rencontre a lieu; on a les mots qui nous titillent le bout des doigts. Enfin, j'ai les mots qui me titillent le bout des doigts.

Dimanche dernier, donc, nous sommes allées à l'opéra. Parce que Ju participait à une pièce, foulant pour la première fois, la scène, depuis plus d'une décennie. Elle qui est habitée par la musique comme je le suis par les mots. Mais comme moi, elle a choisi de pratiquer son art pour elle-même plutôt que pour gagner sa vie.

C'est San qui nous a mises en mouvement, c'est elle qui a manifesté l'importance de l'événement et la nécessité d'y aller. La suite appartient à toutes, puisque nous avons collectivement fait fi des agendas et des impondérables pour nous réunir. Ça lui ressemble bien d'ailleurs, réunir plein de gens autour d'un événement, en toute discrétion. Mais l'orfèvre, celle qui a pu faire en sorte que les billets se sont passés de mains en mains, c'est évidemment Alexe, la pragmatique voisine de la chanteuse que nous allions admirer. Il y a de ça dans l'amitié, toutes sortes d'archétypes dans les personnages en présence qui se cantonnent plus souvent qu'autrement dans les rôles que l'on attend les unes des autres, mais si le sentiment est sincère, tous celles-ci savent pertinemment qu'elles peuvent sortir de leur carcan.

Personne dans notre groupe, sauf moi, ne connaissait la pièce que nous allions voir. Et je la connaissais de nom parce que dans les romans d'amour insipides que j'aime lire, elle est souvent citée. En la voyant, j'ai compris pourquoi :j'ai eu sous les yeux un roman d'amour victorien à la finale facilement bouclée et franchement trop rose bonbon. Le pire du pire. Ceci étant dit, la pièce est une super belle manière d'apprivoiser le chant classique, parce que la drôlerie et la légèreté du propos, rend le tout tout accessible pour des oreilles novices.

Notre groupuscule aurait aimé que les choristes soient un peu plus solistes, histoire de pouvoir déceler plus distinctement la voix de Ju, parmi toutes les autres. Par contre, nous sommes toutes particulièrement heureuses de l'avoir simplement vue sur scène.

Il faut savoir que ce noyau s'est constitué au hasard des horaires de soir, je dirais. Le seul point commun que nous ayons ensemble est d'avoir passé de longues soirées à la librairie. Enfin, presque toutes. Parce que Lew n'a jamais travaillé avec nous. Il est l'amoureux de M et s'est joint à nos bières bimensuelles l'air de rien, sans que qui que ce soit ait l'idée de trouver qu'il ne cadrait pas dans notre décor féminin.

On remarquera ici que je conjugue le groupe au féminin depuis deux textes, malgré le fait qu'il y ait un gars dans l'unité.

Et je sais qu'il est particulièrement fier d'être une fille dans la gang de filles parce que ça lui donne un accès à notre intimité que peu de gars peuvent se vanter d'avoir, même une seconde, obtenu.

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