jeudi, mars 26, 2015

Une saison en ascenseur

Je me rappelle encore ce jour de printemps du cinquième secondaire d'Alex. Elle était débarqué chez-moi, selon sa bonne habitude, avec tout son fatras d'écolière. Je lui trouvais quelque chose de différent sans être capable de saisir d'où cette impression me venait.

Pendant la première heure de cette visite, elle avait agit selon de la même manière qu'à l'ordinaire. Cependant, plus le temps passait, plus je me disais que quelque chose la taraudait. Intensément.

Elle avait finit par me demander tout à trac : « Marc, toi est-ce que tu connais des ressources pour une fille qui est enceinte, à mon âge? »

J'étais resté saisi. Lors de notre dernière discussion sur les gars et l'amour, elle me donnait l'impression d'être intéressée par les découvertes, pas de les avoir expérimentées. Mais bon, comment un gars gauche, pas tout à fait inexpérimenté, mais pas un grand séducteur non plus, pouvait répondre à une jeune demoiselle de seize ans, à ce genre de questions?

J'avais osé un : «  C'est pour toi? » Auquel elle avait répondu : « Ben, non voyons! » Trop assuré pour que j'y crois totalement.

Ne sachant trop quoi lui répondre, nous avions écumé l'internet ensemble, même si elle m'affirmait avoir tout fait cela, auparavant. Comme, selon ses dires, ce n'était pas pour elle, nous n'avions pris aucun rendez-vous et je l'avais laissée partir tout chose, inquiet pour ma jeune amie que j'avais l'impression de ne plus connaître.

Dans les semaines et les mois qui ont suivit, je ne l'ai revue que de temps à autres : elle ne venait plus écumer ses fins de journées à la maison. Comme si je ne faisait plus partie de sa vie d'adulte.

Je la regardais passer sous mes fenêtres, angoissé de voir sa silhouette se transformer, les mois d'été étant impénitents pour les jeunes filles en fleurs qui laissent pousser une vie en leur sein.

Je n'osais aller m'enquérir directement de l'état des choses, surtout parce qu'elle était beaucoup moins présente, en ces mois d'été, prise par son premier travail d'été.

Et puis un jour de septembre, après son premier gros party de cégep, elle avait déboulé les escaliers (vers le haut) jusque chez-moi pour me remercier de l'avoir aidée le printemps précédent, en m'annonçant, de but en blanc : « Finalement, je n'ai pas eu à fabriquer un ange, mais t'es encore la seule personne, sur cette Terre à savoir que j'ai eu peur. »

Je me suis alors fait la réflexion que je devrais approfondir ma propension à poser un peu plus de questions aux gens qui m'entourent, et que j'aime, histoire de ne pas passer un autre autre saison en ascenseur.


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