Cousine
Elle me connaît depuis
avant ma naissance. Pas tant avant, mais les quelques six mois d'âge
qui nous séparent font en sorte qu'elle a dû entendre parler de moi
avant que j'entende parler d'elle. Je n'ai aucun souvenir de ma
propre existence où elle n'a pas été mon amie. En fait, elle a
sans doute été ma toute première amie.
Nous avons passé une
enfance à se voir régulièrement. Dormant l'une chez l'autre, de
temps à autres. J'ai des mémoires de très petite enfance, quand ma
chambre était à l'étage et le salon au rez-de-chaussée, avec son
mur en miroirs très années soixante, devant lequel on s'installait,
à l'heure des poules (traduire avant que mes parents ne soient levés
pour nous faire à déjeuner), pour parler à nos doubles dans
lesdits miroirs. Nos amies imaginaires avaient des visages; les
nôtres.
Nous avons traversé
ensemble, à quelque distance, quartiers et écoles différentes
obligent, les années de l'adolescence. En étant totalement
différentes, mais en s'aimant beaucoup. Notre plus grand point
d'ancrage est sans doute un amour inconsidéré pour Corey Hart. Les
adolescentes émoustillées que nous étions sont restées sensibles
à son charme et à tout ce qu'il a, un jour, représenté pour nous.
Nous avons dépensé une petite fortune pour le voir une dernière
fois en spectacle, et c'est une des plus belles soirées de mon année
2014.
C'est une optimiste
maniant un humour fin qui me fait encore beaucoup rire aujourd'hui De
nous deux, elle est incontestablement la plus sage, la plus réaliste,
la plus posée surtout. Ne s'emportant que très rarement. Lorsque ça
arrive, évidemment, c'est tout un orage qui gronde. Elle m'est
toujours apparue comme celle qui faisait les bons choix. Mais, comme
tout le monde, elle a eu son lot de heurts et de mésaventures de
toutes sortes. Nous ne sommes plus aussi proches que nous l'avons
été. Par contre, comme nous partageons un certain lien de sang par
nos mères, peu de choses nous échappent. On ne s'en parle pas
nécessairement, mais on sait que l'autre sait.
Comme dans bien des
relations qui s'étendent sur plusieurs décennies, les ponts se sont
un peu distendus, sauf qu'à chaque fois qu'on se voit, les
discussions repartent là où on les avaient laissées lors de notre
précédente rencontre et s'envolent sans effort, dans toutes les
directions où on voudra bien les diriger.
Dans les dernières
années, elle a vécu sont lot de soubresauts et de sauts. Des choses
qui m'arracheraient le cœur et me laisseraient démunie devant la
vie. Elle, elle fait face, vaillamment. C'est une femme de courage et
de force. Une femme que j'admire énormément.
Ce soir, elle a demandé,
publiquement, une dose de pensées positives.
Alors j'ai fait la seule
chose que je sache faire, écrire.
Pour toi, ma cousine, mon
amie, mon intime, je t'aime.
Libellés : Galerie de portraits, Pour consoler
Je pleure, quelleb émotion se dégage de son texte.
Merci Maman. La destinataire l'a beaucoup aimé aussi. Et je crois en tous les mots que j'ai mis dans ce texte.