dimanche, mai 31, 2015

Gentleman Renard

Il y a un peu plus de six mois, lorsque j'ai recommencé à écrire, j'ai fait le portrait d'un homme que j'ai appelé Ce garçon-là. De son côté, il s'est rebaptisé Gentleman Renard pour se livrer plus aisément à la pratique de la musique, sans être tout à fait anonyme ni tout à fait synonyme de son personnage professionnel. Son costume de scène se limite à un chapeau, pour le côté gentleman du nom, et au sourire tout en fossettes qui illustre très bien le renard en lui.

La musique qu'il crée est certainement folk, avec des accents jazz et peut-être un soupçon de country. Comme pour beaucoup d'auteurs-compositeurs-interprètes, il faut savoir lier la mélodie aux paroles pour pouvoir s'imaginer comprendre un peu à qui on a affaire. Tout vient du cœur, mais les canaux sont différents en fonction de l'endroit d'où l'émotion part, je présume. Et il s'entoure d'amis pour nous proposer son œuvre et certaines interprétations des autres. Un guitariste épatant, un percussionniste surprenant et une violoncelliste qui vient briser l'attendu de telles soirées. Parce qu'on ne peut pas dire que ce soit la norme que de voir et d'entendre cet instrument dans de telles prestations. Et pourtant, le violoncelle permet à certains moment de laisser aller les larmes que la voix ne pourrait casser durant le spectacle.

La première fois que je l'ai vu en spectacle, j'ai été sidérée par son talent musical. Je sais depuis toujours, qu'il a de l'oreille, mais il ne faisait pas partie des adolescents de notre entourage qui grattaient la guitare ou poussaient la chansonnette dans les activités sociales. Sa marque de commerce était la discrétion et une certaine gêne, dont j'ai souvent traité ici, et surtout ailleurs. Je l'ai revu hier soir, et je n'ai pu m'empêcher de penser que nos vies auraient certainement été totalement différentes s'il avait versé dans la musique à l'époque où l'on s'est connus parce qu'il laisse éclore sur la scène, tout le charme qu'il possède, en toute simplicité et sans orgueil aucun. Recette magique pour devenir la coqueluche des jeunes filles.

Je crois que s'il avait osé à l'époque, il aurait été beaucoup trop populaire pour devenir mon ami. Mais la vie est ainsi faite, il n'osait pas et je suis devenue son amie

Aujourd'hui, on peu se jaser pendant des semaines de nos créations, nous laissant aller à l'excès avec un plaisir partagé. On s'admire mutuellement, pour le talent de l'un que l'autre ne possède pas. Nous sommes des voies de transmissions réciproques.

Et à toutes les fois où je me demande quoi écrire, et s'il me reste encore assez de souffle pour le faire, je pense à mon ami renard et je me dis que si je laisse tomber ma plume, c'est un peu lui aussi que je laisserais tomber.

Et je crois, que quelquefois, la pensée que moi je persévère, l'aide lui aussi à avancer.

C'est ce que j'appelle l'amitié.

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