Gentleman Renard
Il y a un peu plus de six
mois, lorsque j'ai recommencé à écrire, j'ai fait le portrait d'un
homme que j'ai appelé Ce garçon-là.
De son côté, il s'est rebaptisé Gentleman Renard pour se livrer
plus aisément à la pratique de la musique, sans être tout à fait
anonyme ni tout à fait synonyme de son personnage professionnel. Son
costume de scène se limite à un chapeau, pour le côté gentleman
du nom, et au sourire tout en fossettes qui illustre très bien le
renard en lui.
La
musique qu'il crée est certainement folk, avec des accents jazz et
peut-être un soupçon de country. Comme pour beaucoup
d'auteurs-compositeurs-interprètes, il faut savoir lier la mélodie
aux paroles pour pouvoir s'imaginer comprendre un peu à qui on a
affaire. Tout vient du cœur, mais les canaux sont différents en
fonction de l'endroit d'où l'émotion part, je présume. Et il
s'entoure d'amis pour nous proposer son œuvre et certaines
interprétations des autres. Un guitariste épatant, un
percussionniste surprenant et une violoncelliste qui vient briser
l'attendu de telles soirées. Parce qu'on ne peut pas dire que ce
soit la norme que de voir et d'entendre cet instrument dans de telles
prestations. Et pourtant, le violoncelle permet à certains moment de
laisser aller les larmes que la voix ne pourrait casser durant le
spectacle.
La
première fois que je l'ai vu en spectacle, j'ai été sidérée par
son talent musical. Je sais depuis toujours, qu'il a de l'oreille,
mais il ne faisait pas partie des adolescents de notre entourage qui
grattaient la guitare ou poussaient la chansonnette dans les
activités sociales. Sa marque de commerce était la discrétion et
une certaine gêne, dont j'ai souvent traité ici, et surtout
ailleurs. Je l'ai revu hier soir, et je n'ai pu m'empêcher de penser
que nos vies auraient certainement été totalement différentes s'il
avait versé dans la musique à l'époque où l'on s'est connus parce
qu'il laisse éclore sur la scène, tout le charme qu'il possède, en
toute simplicité et sans orgueil aucun. Recette magique pour devenir
la coqueluche des jeunes filles.
Je
crois que s'il avait osé à l'époque, il aurait été beaucoup trop
populaire pour devenir mon ami. Mais la vie est ainsi faite, il
n'osait pas et je suis devenue son amie
Aujourd'hui,
on peu se jaser pendant des semaines de nos créations, nous laissant
aller à l'excès avec un plaisir partagé. On s'admire mutuellement,
pour le talent de l'un que l'autre ne possède pas. Nous sommes des
voies de transmissions réciproques.
Et
à toutes les fois où je me demande quoi écrire, et s'il me reste
encore assez de souffle pour le faire, je pense à mon ami renard et
je me dis que si je laisse tomber ma plume, c'est un peu lui aussi
que je laisserais tomber.
Et
je crois, que quelquefois, la pensée que moi je persévère, l'aide
lui aussi à avancer.
C'est
ce que j'appelle l'amitié.
Libellés : Digressions, Spectacles