mercredi, août 05, 2015

Jean Alexandre?

Dans les voitures qui nous amenaient aux Iles-de-la-Madeleine, le conflit existait déjà. Les ados avaient envie d'écouter la radio commerciale et les les parents, pas du tout. Évidemment, les enfants n'avaient pas de voix au chapitre. Je crois que je mêle plusieurs étés dans mes souvenirs, mais il me semble que ce qui nous accrochait, ou qui accrochait les filles du groupe, était Flash de Stéphanie de Monaco tandis que les parents étaient devenus collectivement, des adeptes de Paolo Conte. Il y avait comme un fossé entre nos goûts. On a fini par s'entendre sur l'album d'un nouveau venu, qui s'appelait Jean Leloup.

L'album Menteur a tellement tourné dans notre petit cercle cet été-là que je connais encore toutes les chansons par cœur (même si je suis toujours aussi incapable de suivre le rythme de printemps-été). Je me souviens de soirées passées à jouer aux cartes, entre ados, pendant que les parents étaient ailleurs, ou peut-être là, mais complètement inintéressants à nos yeux, durant lesquelles on mettait la cassette en bruit de fond, avec les retournements obligatoires qu'imposaient ce genre d'écoute, à l'époque.Je suis revenue à Montréal, sans l'album puisqu'il appartenait à une autre famille de la mienne, mais sans le détester non plus.

J'ai rapidement compris, après coup, que les fans dudit Jean Leloup, sont généralement finis. J'ai assez bien vécu la cohabitation durant mes années collégiales, mais j'ai frappé mon mur à l'université. Dans le local des étudiants en histoire, il y avait ce mec qui le squattait pratiquement. Du haut de son ancienneté dans les lieux, il s'était arrogé le droit de nous imposer la musique de l'endroit. Et ses choix se portaient irrémédiablement vers Leloup. Pendant les cinq années durant lesquelles j'ai fréquenté ce local, il me semble que seul Jean Leloup avait droit de cité. Assez pour que je développe une quasi allergie à cet effet.

Je suis incapable d'écouter les albums post 1996, Le Dôme, en premier lieu. Je reconnais le talent de l'artiste, je reconnais sa pérennité dans le paysage québécois, sauf que tous mes poils se hérissent lorsque j'entends sa voix. Rien à faire. Et il est très prisé à la radio de la librairie dans laquelle je travaille. Je dois donc l'endurer souvent, surtout quant un nouvel opus nous est offert.

Ce qui fait que ça fait presque vingt ans que je promène ma mauvaise foi concernant ce chanteur en particulier. Et des mauvaises foi, j'en ai des tonnes.

Lundi, j'essayais de tuer le temps entre deux orages ( j'haïs les orages) et je me suis mise à faire du ménage. Je n'avais pas de liste de lecture inspirante alors je me suis rabattue sur la radio qui jouait une émission que je n'aime pas particulièrement. Mais bon, un bruit de fond est un bruit de fond quand on lave une salle de bain. Bref...

L'invité de ladite émission était Alexandre Désilets, celui qui m'a fait recommencer à écrire l'automne dernier. Celui don la voix me charme et m'interpelle. Celui dont je parle trop souvent. Et il a eu l'idée saugrenue d'interpréter une chanson de Jean Leloup, parce qu'on lui avait commander une chanson qui représentait l'été, pour lui.

Il ne pouvait pas y avoir plus grande dichotomie, pour moi.

L'un dans l'autre, c'était bon.

Depuis ma foi ne sait plus trop où donner de la tête... et moi non plus.

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