dimanche, août 23, 2015

La solitude et moi

Lors de ma première vraie séparation, j'étais encore très jeune et bien entendue, j'étais convaincue qu'il n'y avait plus aucun espoir pour moi. Je suis une romantique finie et j'avais rêvé toute mon adolescence d'un seul grand amour qui durerait ma vie entière. Quand la réalité m'a rattrapée, me suis largement complu dans mon drame. Ça me donnait une certaine importance à mes propres yeux. Et j'avais beau rôle; j'étais celle qu'on avait quittée, je pouvais donc bénéficier d'oreilles attentives et d'une certaine compassion.

M'enfin, jusqu'à un certain point. Il a bien fallut que je m'en remette ne serait-ce que pour continuer à avoir une vie sociale, parce que, soyons honnêtes, une fille qui ne fait que se plaindre qu'elle s'est fait abandonner sans changer de registre ni de chanson, a de bonnes chances de tomber sur les nerfs de tous ceux qui l'entourent. En fait, ce que je trouvais le pire, à l'époque, était d'habiter toute seule dans le grand appartement que nous avions loué à deux. Je n'étais pas du tout habituée à une telle solitude. En tant qu'aînée de famille nombreuse j'avais plutôt coutume d'être largement entourée, en tout temps.

Oh, j'avais bien passé quelques fins de semaines, seule dans la maison d'Ahuntsic, mais je connaissais tous les voisins et m'y sentais particulièrement en sécurité, même si j'ai souvenance d'une nuit de frousse causée par le chat de ma sœur qui s'était mis à marcher sur les touches du piano à des heures indues. Mais une fois la cause du vacarme localisé, je m'étais rendormie sans trop de peine, avec en poche, une anecdote savoureuse à raconter.

Sauf que lorsque j'habitais l'appartement sus-mentionné, les voisins m'étaient étrangers et la ville aussi, largement, puisque je n'y habitais que depuis quelques mois, un an peut-être. Et il y avait devant chez-moi une maison de chambre généralement sans histoire, mais pas tout le temps. Un soir, assez tard, un des locataire a pris sur lui de lancer le mobilier de sa chambre par sa fenêtre en écoutant du AC/DC à pleine tête. Dire que j'avais peur tient de l'euphémisme. Je me rappelle encore, comme si c'était hier, de la boule d'angoisse qui m'habitait. Malgré la chaleur, j'avais fermé à double tours portes et fenêtres et je m'étais lovée dans le noir à un poste d'observation où je pouvais suivre le déroulement des événements sans être vue. Les policiers étaient arrivés bien rapidement et avaient promptement calmé le jeu, emmenant avec eux le locataire bruyant. J'avais bien mal dormi au cours des jours suivants et je m'étais empressée de me trouver une colocataire et un autre appartement.

Il y a donc bien longtemps que je sais que je suis une bête bien grégaire. J'ai essayé, plus tard, d'habiter seule, et j'en étais profondément malheureuse. Pas tant parce que j'ai besoin d'être entertainée à toute heure du jour, mais je dors toujours mieux lorsque je sens une présence humaine dans mon environnement. Je choisi donc rarement de faire quelque chose qui m'obligera à ce type d'isolement.

Sauf que je n'y échapperai pas d'ici quelques jours. Parce que, je pars à Cuba, toute seule. J'ai une trouille de tous les noms à cette seule idée. Je dois prendre plusieurs grandes respirations par jour, pour me calmer les nefs et me dire que plein de filles ont très bien survécu à ce genre d'expérience. Mais rien n'y fait, j'ai peur.

De quoi? Je ne sais pas trop, c'est assez confus. Il est trop tard pour que je recule, le voyage est payé depuis longtemps déjà.

J'essaie très fort de me dire que je ne peux qu'en revenir grandie, mais en attendant, j'ai le sentiment de dormir toute les nuits avec ma peur et de ne pas me reposer tant que ça.

Comme si ce voyage à Cuba était mon Everest à moi.

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