mercredi, août 19, 2015

Le problème avec ma mémoire

Le problème quand on a une mémoire comme la mienne, c'est qu'on se rappelle de tout. Même des choses qu'on aimerait ignorer. En fait surtout des choses qu'on aurait aimer oublier, du moins, lorsque c'est clairement à notre désavantage.

J'ai une collection de souvenirs cuisants en mémoire. Le genre de chose dont je me serais bien passée. Le genre de truc que l'on ne raconte pas, parce que la vedette c'est soi et que ça ne nous met pas vraiment en valeur. Nous avons tous, je crois, ce genre de souvenirs, mais je ne sais pas jusqu'à quel point la mémoire d'autrui se rend.

Cette souvenance de tout, des détails de d'événements largement ancrés dans le passé, j'ai longtemps cru que tout le monde l'avait. Et pendant très longtemps, je fuyais toute personne ayant, un jour, appartenu à mon passé parce que j'étais convaincue que les seules images qu'ils pouvaient garder de moi était ces moments embarrassants pour moi. Même si je ne me portais qu'une attention distraite aux maladresses des autres. Comme si, je donnais le droit à tout de monde, sauf à moi de faire des erreurs, ou d'être juste un peu plate.

Il y a un moment, même, ou j'ai prétendu ne pas être moi, Ça c'est passé il y a longtemps, j'étais encore à l'école primaire et la scène se déroulait dans une bibliothèque municipale. J'ai refusé de reconnaître qui j'étais devant un garçon avec lequel j'avais fait ma maternelle et ma première année, je crois. Aujourd'hui, je ne sais plus trop exactement je ne voulais pas lui parler, sinon que je me souviens de m’être méchamment moquée d’une chemise qu'il affectionnait particulièrement. Je m'étais en quelque sorte convaincue que s'il voulait me parler, c'était pour me faire le reproche de ma méchanceté antérieure. Il m'apparaissait impensable que qui que ce soit puisse garder de bons souvenirs de moi.

Quand j'ai débuté ce blogue, je ne savais pas que je plongerais régulièrement dans mon passé, je ne savais pas non plus que ça m'amènerait à revoir ou à reparler à diverses personnes avec lesquelles je n'ai pas eu de contact pendant plusieurs années. Il y a bien fallut que je me rende à l'évidence que de un ; je n'a pas laissé que de mauvais souvenirs dans mon sillage et de deux; peu de gens sont capables de creuser leur historique personnel aussi facilement que je puis le faire.

Mais voilà que parce que j'ai une faiblesse certaine pour la nostalgie, je me suis mise à braser mes souvenirs. Ajoutons à cela que depuis que je travaille près du secteur où j'ai grandi, le passé me rattrape, c'est souvent le cas de le dire. Surtout que je n'ai absolument pas changé de face depuis ma toute petite enfance, alors il m'arrive régulièrement de me faire demander par des gens, qui ne me disent absolument rien sur le coup, : «Est-ce que tu t'appelles Mathilde? » Et ce sont eux qui mettent les pièces du casse-tête en place, à savoir si je les ai croisé au primaire, au secondaire ou au collégial

Alors, aujourd'hui je me dis que s'il m'est parfois difficile de me dire, de me décrire et de me surpasser sur ces pages, j'aurai au moins appris que l'humanité a davantage de bons que de mauvais penchants et que peu importe à quel point on peut être désagréable quelquefois dans l'existence, il est bien rare que ce soient les seules mémoires de soi qui traverseront le temps.

Comme quoi, nous sommes collectivement beaucoup plus indulgents envers autrui qu'envers sois.

Libellés :