dimanche, août 16, 2015

L'heure du conte

Quand j'étais petite, nous avions un tourne-disque Fisher Price dans la salle de jeux, au sous-sol. Celui-ci était accompagné d'une jolie collection de disques qui nous appartenait, à nous, les enfants. Quelques uns, étaient des disques de musique, mais ce n'était pas ce qui nous fascinait le plus, collectivement. Nous étions davantage des amateurs d'histoires.

J'aimais beaucoup ces livres-disques des histoires de Disney qui nous indiquaient quand tourner la page au son de la fée Clochette. Cependant, je me suis tannée du rituel, de toute manière, je connaissais les images et je préférais faire des casses-tête en écoutant l'histoire. C'était mon bruit de fond.

Je crois pouvoir affirmer, que mes frères appréciaient ce bruitage également. L'un en faisant des légos, l'autre en écoutant toutes oreilles dehors, ou encore en dessinant. On connaissait des grands pans de ces disques par cœur. Francis, en particulier. Je ne serais pas du tout surprise qu'il soit encore capable de nous en citer des extraits sans faute. Il avait un penchant certain pour un disque de Fanfreluche et un de Nic et Pic. Comme il les a écouté! Repoussant l'aiguille des dizaines de fois pour réentendre certains passages qu'il trouvait plus drôles que les autres.

Et un jour, nous avons eu les disques Les quatre saisons de Piquot et Des nouvelles D'Éva. Révélation. Trois enfants d'âges tout à fait divers, également fascinés par les contes et surtout le conteur. Il y avait quelque chose dans la manière don Gilles Vigneault posait sa voix et les exclamations qui était tellement justes que nous de pouvions faire autrement que de croire à l'histoire. Et malgré le fait que les aventures se déroulaient ailleurs que dans notre rue, nous nous sentions près des héros. Ce n'étaient pas des personnages fantastiques, toutes leurs aventures se pouvaient et s'il y avait toujours une fin heureuse, les mésaventures elles ressemblaient beaucoup à ce que nous connaissions de la vie.

Je crois que j'ai commencé ma carrière d'auteur en écoutant ces disques-là. Pas tant que j'écrivais déjà à l'époque, à six ans, j'étais sans doute un peu jeune pour me lancer dans l'écriture. Mais il est clair que l'envie de raconter des histoire est née de là. Parce qu'il s'agissait de petites histoires forts simples écrites et racontées à hauteur d'enfant sans pour autant les prendre pour des idiots. Et je savais bien que moi aussi je pouvais me raconter s'il y avait quelqu'un pour m'écouter. Mes poupées en ont fait les frais, ma sœur aussi, pauvre enfant!

J'ai découvert, beaucoup plus tard, que monsieur Vigneault n'était pas qu'un conteur et qu'il avait toute une œuvre musicale en plus. Adolescente, je me suis fait un point d'honneur d'écouter, au moins une fois, toutes les chansons qu'il avait fait. Et je me suis rendue à l'évidence qu'en conte ou en chanson, il racontait toujours des histoires. Et que c'est ce que j'aimais par dessus tout.

Encore aujourd'hui, je m'aperçois que mes coups de cœur musicaux sont avant tout liées aux textes que les musiques portent. Comme si les mots étaient pour moi une musique plus forte que la mélodie.

Alors je vais continuer à courir après la mienne, la phrase ou l'histoire parfaite qu'un jour, peut-être, j'écrirai, celle qui me fera penser, que je suis peut-être un peu musicienne, malgré tout.

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