dimanche, septembre 13, 2015

Entre sorcellerie et galanterie

Ça fait bien longtemps que je dis, pour rire, mais aussi parce que cela comporte un fond de vérité, que j'ai un taux de popularité incroyable auprès des garçonnets de 2 à 5 ans mettons. Mon visage rond, mes yeux rieurs, ont un je-ne-sais-quoi d'éblouissant, pour eux. Encore aujourd'hui, il n'est pas rare que ces petits garçons me fassent gaiement la conversation lorsque je suis à la caisse, me montrant fièrement l'achat du jour, Le grand voyage de monsieur caca étant une des trouvailles qu'on me présente le plus régulièrement.

En 2002, j'habitais encore à Sherbrooke et je fréquentais très régulièrement le cinéma. J'habitais presque immédiatement au-dessus, les prix étudiants étaient de bons incitatifs, j'y allais même assez régulièrement en pyjama, l'hiver, avec un grand manteau, c'était assez discret, quoique..

Bref, un jour, je suis allée voir la première représentation de Harry Potter et la chambre des secrets. À cette époque, la fièvre entourant le jeune sorcier battait son plein, les livres n'étaient pas tous sortis, les films ajoutaient au délire, bref tout le monde connaissait Harry Potter. C'est ainsi que je me suis retrouvée assise dans une salle plus que bondée et que, forcément, j'avais des voisins de tout bord tout côté. À ma gauche, il y avait cette jeune femme et son fils. Il me semblait bien jeune pour un film comme Harry Potter. Sa mère m'avait expliquer que c'était son idole, qu'il ne parlait que de Harry tout le temps et qu'ils lisaient les livres, le soir avant le dodo. Je lui avait demandé son âge et il m'avait répondu très fièrement qu'il était un grand de quatre ans. Devant son air sérieux, j'avais avancé un : « Et tu n'auras pas peur? Moi j'ai peur des fois en écoutant des films » et j'avais eu droit à un : « Ben si tu as peur madame, je vais te protéger » J'avais souri dans le noir, touchée par ces paroles chevaleresques.

Je connaissais l'histoire, j'avais lu, plusieurs fois, le livre. Il n'y avait donc rien-là pour me faire peur réellement. Mais je suis ce que je suis et malgré le fait que je savait d'avance qu'il y avait un énorme serpent qui jaillirait un moment donné, prise dans l'histoire j'ai fait un espèce de méga saut en ne retenant pas un cri de surprise. Mon jeune voisin semblait croire que c'était un cri d'effroi parce qu'il s'était penché sur moi, me tapotant gentiment le bras en me disant (pas vraiment à voix basse) : « t'inquiète pas, madame, je suis-là ». J'avais gravement ravalé le fou rire que je sentais monter en moi et je lui avait soufflé un « merci », bien senti.

À la fin de la représentation, j'avais renouvelé mes remerciements et je lui avait dit que s'il était un sorcier, il serait certainement un Gryffondor. Il avait levé vers moi un visage radieux et nos chemins s'étaient séparés, pour toujours.

Depuis que je suis revenue de voyage, j'ai entrepris de relire la série, en anglais. Et cette histoire me trotte dans la tête depuis que j'ai débuté le second volume.

C'était il y a treize ans. Mon petit voisin doit être presqu'un homme aujourd'hui. Je me demande s'il est devenu l'adulte qu'il promettait d'être...

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