Une histoire de bois mort
J'ai un malaise avec le
port du voile pour des questions religieuses. Pas que je ne respecte
pas la foi de quiconque, c'est juste que je ne comprends pas bien la
fixation que les hommes, particulièrement les religieux, ont avec
les cheveux des femmes.
Dans une autre vie,
j'étais historienne. Enfin, je demeure historienne, ce n'est juste
pas en cette qualité que je gagne ma vie. Avant de sombrer dans le
pays des zombie, j'ai entrepris de faire un mémoire de maîtrise et
mon sujet était la confession sexuée au Québec durant le XIXe
siècle. À l'époque, j'avais été sidérée par le discours des
prêtres (dans des échanges épistolaires, encycliques et autres
sources du même genre auxquelles je m'abreuvais) sur l'aspect
éminemment sexuel qu'ils accordaient aux chevelures féminines. Ça
me faisait bien rire parce que, dans ma candeur innocente, je croyais
que cette époque était complètement révolue.
Aujourd'hui, je dois me
rendre à l'évidence cette lutte n'est pas gagnée d'avance. Tous
les jours, je croise des femmes portant des voiles qui couvrent au
mieux simplement leurs cheveux, au pire le corps en entier. La
question qui me vient toujours à l'esprit c'est « pourquoi? »
Je connais les réponses édictées par les religions, ce qui me
tarabuste c'est à savoir en quoi les les cheveux féminins sont à
ce point attrayants aux yeux des hommes pour qu'il faille à ce point
les cacher afin de préserver ce petit quelque chose qui m'échappe
entièrement.
Parce que soyons
honnêtes, ou prosaïques, cette chose qui fascine tant est un
amoncellement de cellules mortes. D'accord, d'accord, toutes les
chevelures ne sont pas identiques. Certaines sont claires, d'autres
foncées, ou encore quelque part entre les deux. Il y en a des drues,
des lisses, des touffues, des clairsemées, des frisées, des droites
comme le jour du jugement dernier. On s'entend, elles sont aussi
diversifiées que femme se peut.
Si dans certaines
religions la chevelure est évidemment entrée dans la sphère du
privé, on peut tout de même affirmer que dans toutes les sociétés
cette ornementation fait partie du charme généralement prisé par
les hommes qui sont séduits par les femmes. Qui ne connaît pas un
gars qui a un jour été déconfit devant la nouvelle coupe, un peu
trop courte à son goût, que son amoureuse lui aura présenté? Qui
ne connaît pas un gars qui claironne qu'il préfère les filles aux
cheveux longs? Personnellement, j'en connais plusieurs, dans les deux
catégories.
Mais ça demeure du bois
mort. Comme les ongles.
Heureusement qu'il n'y a
pas autant de fascination pour les ongles d'ailleurs, parce si on
devais avoir les mains liées au même titre que le cheveux
dissimulés, on serait fémininement fichtrement mal prises...
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