mercredi, août 26, 2015

Une histoire de bois mort

J'ai un malaise avec le port du voile pour des questions religieuses. Pas que je ne respecte pas la foi de quiconque, c'est juste que je ne comprends pas bien la fixation que les hommes, particulièrement les religieux, ont avec les cheveux des femmes.

Dans une autre vie, j'étais historienne. Enfin, je demeure historienne, ce n'est juste pas en cette qualité que je gagne ma vie. Avant de sombrer dans le pays des zombie, j'ai entrepris de faire un mémoire de maîtrise et mon sujet était la confession sexuée au Québec durant le XIXe siècle. À l'époque, j'avais été sidérée par le discours des prêtres (dans des échanges épistolaires, encycliques et autres sources du même genre auxquelles je m'abreuvais) sur l'aspect éminemment sexuel qu'ils accordaient aux chevelures féminines. Ça me faisait bien rire parce que, dans ma candeur innocente, je croyais que cette époque était complètement révolue.

Aujourd'hui, je dois me rendre à l'évidence cette lutte n'est pas gagnée d'avance. Tous les jours, je croise des femmes portant des voiles qui couvrent au mieux simplement leurs cheveux, au pire le corps en entier. La question qui me vient toujours à l'esprit c'est « pourquoi? » Je connais les réponses édictées par les religions, ce qui me tarabuste c'est à savoir en quoi les les cheveux féminins sont à ce point attrayants aux yeux des hommes pour qu'il faille à ce point les cacher afin de préserver ce petit quelque chose qui m'échappe entièrement.

Parce que soyons honnêtes, ou prosaïques, cette chose qui fascine tant est un amoncellement de cellules mortes. D'accord, d'accord, toutes les chevelures ne sont pas identiques. Certaines sont claires, d'autres foncées, ou encore quelque part entre les deux. Il y en a des drues, des lisses, des touffues, des clairsemées, des frisées, des droites comme le jour du jugement dernier. On s'entend, elles sont aussi diversifiées que femme se peut.

Si dans certaines religions la chevelure est évidemment entrée dans la sphère du privé, on peut tout de même affirmer que dans toutes les sociétés cette ornementation fait partie du charme généralement prisé par les hommes qui sont séduits par les femmes. Qui ne connaît pas un gars qui a un jour été déconfit devant la nouvelle coupe, un peu trop courte à son goût, que son amoureuse lui aura présenté? Qui ne connaît pas un gars qui claironne qu'il préfère les filles aux cheveux longs? Personnellement, j'en connais plusieurs, dans les deux catégories.

Mais ça demeure du bois mort. Comme les ongles.

Heureusement qu'il n'y a pas autant de fascination pour les ongles d'ailleurs, parce si on devais avoir les mains liées au même titre que le cheveux dissimulés, on serait fémininement fichtrement mal prises...

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