mercredi, septembre 09, 2015

Une semaine bien à moi

Il faisait nuit noire lorsque j'ai quitté la maison. Mon taxi arrivait et j'avais une trouille grandeur extra-large qui me prenait les tripes. J'ai dû vérifier au moins quatre fois que les portes étaient bien verrouillées, que j'avais tout ce qui me fallait pour ce premier voyage en solo à portée de main, en premier lieu, mon passeport. Malgré le fait que j'avais pris la peine de me coucher tôt, mes heures de sommeil ont été plutôt courtes parce que j'étais beaucoup trop énervée. J'avais peur de rater mon vol, peur de ne pas avoir le bon numéro pour le taxi (qui est enregistré dans mon téléphone depuis des années), peur d'être refoulée à la douane. Mais, à part le fait que le taxi a eu bien du mal à trouver un chemin pour m'amener à l'aéroport, je n'ai eu aucun pépin digne de mention.

Pas de pépin non plus à l'attente et durant le vol. J'avais réussi à obtenir une place près d'un hublot, j'ai donc pu regarder, à loisir, les côtes et les villes que nous survolions. New-York a quelque chose de vraiment impressionnant, vu du ciel. Ça me permettait de me convaincre petit à petit, que ce voyage était vrai. À ma descente de l'avion, la température ambiante a fini de me mettre dans la tête et dans la peau, que j'étais bien arrivée à destination. On m'a accueillie à la sortie de l'aéroport avec un bracelet déjà tout prêt, ainsi qu'une enveloppe contenant le numéro de ma chambre et la clef pour qui accéder. Les vacances avaient commencé.

Avant de partir, je craignais de m'ennuyer, de n'avoir personne avec qui parler. Alors je m'étais apporté quantité de livres, juste au cas. J'avais aussi apporté un cahier pour écrire, histoire de garder la main. Je me suis vite rendue à l'évidence que je n'avais pas grand effort à faire pour entrer en communication avec autrui. Le simple fait de lever les yeux du livre en cours semblait servir d'invite à la conversation. Je me suis même prise, plusieurs fois, à sciemment éviter de me placer à un endroit qui pouvait inciter la conversation. Comme si, le soir venu, je devenais un peu sauvage.

Il y avait une espèce d'invasion de Torontois. Il me semblait que, où que j'aille, il y en avait cinq au pouce carré. Si certains faisaient un voyage familial, avant la rentrée, d'autres faisaient un voyage de chums, avant la même rentrée. J'ai fréquenté les premiers et fui, avec célérité, les seconds. Je n'ai évidemment pu m'empêcher de croquer certains portraits de ces quidams qui voyageaient en même temps que moi. Je me les réserve pour certaines semaines où je pourrai publier trois textes, afin de ne pas tricher envers moi-même et ne point ici me contenter de taper les textes que j'ai écris, à la main, durant ma semaine pas vraiment solitaire.

En réalité, si j'avais voulu., j'aurais pu les publier en temps réel. Il y avait du Wi-fi à mon hôtel. J'ai choisi de ne pas me brancher et de profiter à pleines mains de ce temps qui m'étais accordé pour être seule avec moi. Ce fut une belle rencontre.

Mais jamais aussi plaisante que de voir le visage radieux de ma mère qui m'attendais à la sortie des passagers en provenance de l'étranger à l'aéroport de Montréal.

Parce qu'un accueil comme celui-là, ça n'a pas de prix.

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