Une semaine bien à moi
Il faisait nuit noire
lorsque j'ai quitté la maison. Mon taxi arrivait et j'avais une
trouille grandeur extra-large qui me prenait les tripes. J'ai dû
vérifier au moins quatre fois que les portes étaient bien
verrouillées, que j'avais tout ce qui me fallait pour ce premier
voyage en solo à portée de main, en premier lieu, mon passeport.
Malgré le fait que j'avais pris la peine de me coucher tôt, mes
heures de sommeil ont été plutôt courtes parce que j'étais
beaucoup trop énervée. J'avais peur de rater mon vol, peur de ne
pas avoir le bon numéro pour le taxi (qui est enregistré dans mon
téléphone depuis des années), peur d'être refoulée à la douane.
Mais, à part le fait que le taxi a eu bien du mal à trouver un
chemin pour m'amener à l'aéroport, je n'ai eu aucun pépin digne de
mention.
Pas de pépin non plus à
l'attente et durant le vol. J'avais réussi à obtenir une place près
d'un hublot, j'ai donc pu regarder, à loisir, les côtes et les
villes que nous survolions. New-York a quelque chose de vraiment
impressionnant, vu du ciel. Ça me permettait de me convaincre petit
à petit, que ce voyage était vrai. À ma descente de l'avion, la
température ambiante a fini de me mettre dans la tête et dans la
peau, que j'étais bien arrivée à destination. On m'a accueillie à
la sortie de l'aéroport avec un bracelet déjà tout prêt, ainsi
qu'une enveloppe contenant le numéro de ma chambre et la clef pour
qui accéder. Les vacances avaient commencé.
Avant de partir, je
craignais de m'ennuyer, de n'avoir personne avec qui parler. Alors je
m'étais apporté quantité de livres, juste au cas. J'avais aussi
apporté un cahier pour écrire, histoire de garder la main. Je me
suis vite rendue à l'évidence que je n'avais pas grand effort à
faire pour entrer en communication avec autrui. Le simple fait de
lever les yeux du livre en cours semblait servir d'invite à la
conversation. Je me suis même prise, plusieurs fois, à sciemment
éviter de me placer à un endroit qui pouvait inciter la
conversation. Comme si, le soir venu, je devenais un peu sauvage.
Il y avait une espèce
d'invasion de Torontois. Il me semblait que, où que j'aille, il y
en avait cinq au pouce carré. Si certains faisaient un voyage
familial, avant la rentrée, d'autres faisaient un voyage de chums,
avant la même rentrée. J'ai fréquenté les premiers et fui, avec
célérité, les seconds. Je n'ai évidemment pu m'empêcher de
croquer certains portraits de ces quidams qui voyageaient en même
temps que moi. Je me les réserve pour certaines semaines où je
pourrai publier trois textes, afin de ne pas tricher envers moi-même
et ne point ici me contenter de taper les textes que j'ai écris, à
la main, durant ma semaine pas vraiment solitaire.
En réalité, si j'avais
voulu., j'aurais pu les publier en temps réel. Il y avait du Wi-fi à
mon hôtel. J'ai choisi de ne pas me brancher et de profiter à
pleines mains de ce temps qui m'étais accordé pour être seule avec
moi. Ce fut une belle rencontre.
Mais jamais aussi
plaisante que de voir le visage radieux de ma mère qui m'attendais à
la sortie des passagers en provenance de l'étranger à l'aéroport
de Montréal.
Parce qu'un accueil comme celui-là, ça n'a pas de prix.
Parce qu'un accueil comme celui-là, ça n'a pas de prix.
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