dimanche, septembre 20, 2015

Rire comme un moustique

J'ai toujours été pas mal ricaneuse. D'aussi loin que je me souvienne, je suis un bon public pour les mots d'esprit ou les situations involontaires qui plongent les protagonistes dans un certain ridicule.

Il m'est arrivé plusieurs fois d'avoir toutes les peines du monde à essayer d'arrêter de rire dans des moments importuns. Je suis la seule personne de ma connaissance à avoir été envoyée chez le directeur à quelques occasions dans ma vie d'élève et d'étudiante parce que j'étais atteinte d'un fou rire à ce point incontrôlable que je dérangeais toute la classe. Évidement, si je racontais ici pour quelles raisons je riais tellement, personne n'y trouverait rien de drôle; je crois que mes plus grands rires incontrôlables étaient alimentés par le fait que je savais trop bien que ce n'était pas drôle, justement.

J'ai une amie d'enfance, qui s'avère être aussi une cousine, qui a ce chic de me faire rire. Depuis toute petite. Son humour et moi faisons vraiment bon ménage. Adolescentes, nous passions beaucoup de temps ensemble ou au téléphone. Un jour, elle s'est mise à imaginer ce qui se passerait si les mots qui étaient prononcés restaient dans l'espace où ils avaient été prononcés. Et elle a poursuivi son délire assez longtemps. Elle se disait que ce serait chouette de rentrer dans une pièce pleine de « Je t'aime » ou autres petits mots doux mais probablement un peu moins intéressant de croiser une pièce de colères qui multiplierait les gros mots et autres injures malodorantes. Il me semble la voir, au pied de mon lit, faire ce geste de la main qui tente d'évacuer une certaine puanteur, parce qu'elle s'imaginait s'être buttée au mot « caca ».

Et moi, je riais à en perdre haleine. Vraiment. Il arrive un moment lorsque je ris trop, ou je n'ai plus ni de souffle ni de voix. J'émets alors un petit bruit aigu en expirant, comme une sirène de pompier qui se meurt, à bout de souffle. Complètement ridicule et inélégant. Je n'y peux pourtant rien. Sinon, je deviens d'un rouge épeurant parce que je ne respire plus. Il me semble lui avoir demander grâce de ses niaiseries parce que j'allais mourir sur le champs. Et elle de me répondre : « Mais non, tu ne vas pas mourir. Sinon qui est-ce qui raccrocherait le téléphone ». Ce qui a eu l'effet de redoubler mon rire.

Il apparaît que je ne suis pas morte et que le téléphone a été dûment fermé ce soir-là.

Des années plus tard, une autre amie a décrit ce rire comme ceci : « tu ris vraiment comme un moustique qui s'effoire sur une tapette à mouche ». Si le commentaire ne semble pas flatteur, il me semble tout à fait descriptif de la réalité . J'ai adopté ce descriptif depuis.

Ça fait vraiment très longtemps que je n'ai pas ri ainsi. Je crois que c'est l’apanage de la confiance et du laisser-aller.

Mais je souris encore à toutes les fois où je repense à ces moments qui m'emplissent d'un certain bonheur, à rebours.

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