Missive annuelle, prise deux
2015, je te quitte. Sans
regret. Tu me fus une belle année. Qui a commencé par une froidure
sans bon sens qui m'a gercé les jambes jusqu'à m'en faire gémir de
douleur. Un février implacable durant lequel j'ai arpenté, à pied,
les rues de mon quartier pour me rendre au métro le plus accessible
jusqu'à ce je sois transie de froid, sans pouvoir y échapper. Et je
n'avais pas de destination sud prévue en avril pour voir le bout du
tunnel.
Ce qui ne m'a pas
empêchée d'aller me dépayser au printemps, lors d'un dimanche à
l'opéra, dans le West Island, qu'honnêtement, je ne connaissais pas
et que je ne peux prétendre connaître aujourd'hui. Heureusement que
cette sortie en était une de groupe, sans quoi j'aurais trouvé
l'expérience ardue. Sauf qu'en groupe tissé serré, même si nous
ne nous voyons pas souvent, quand les valeurs sont placées à la
même place, tout se vit, somme toute assez aisément. Et rien ne
vaut un souper, après coup, pour déconstruire et reconstruire le
tout, saupoudré d'éclats de rire.
2015, dans tes bras
j'aurais connu un printemps mouvementé. Assez pour que je pète ma
coche solidement sur les lieux de mon travail parce que quelqu'un qui
m'est proche, mais avec qui je n'aime pas avoir de contact, s'est
immiscé dans mon quotidien sans m'en demander la permission. Je me
suis alors sentie bouleversée, si ce n'est menacée. Je me suis
retrouvée, impuissante devant mes colères et mes crises d'angoisse
à crier par la tête de mes collègues qui ne le méritaient pas. Et
sur un coup de tête, je me suis payé un voyage à Cuba, toute
seule, pour l'automne. Bel échappatoire à ma vie. Même si ce
voyage me foutait la trouille sur un moyen temps, étant donné que
je n'avais jamais osé voyager seule, avant ce jour. Je l'ai pourtant
fait, j'y ai même survécu avec assez de plaisir pour espérer le
refaire, un jour.
2015, tu m'auras confirmé
que je suis une pas pire amie de fille, pour les hommes de mon
entourage. Les quelques verres que j'ai partagé avec les mecs que je
connais en font foi. Même si ce n'est arrivé qu'une seule foi dans
l'année écoulée. Il y a quelque chose entre eux et moi, dans ces
rapports exempts de tentative de séduction, de part et d'autre, qui
me font le plus grand bien. Je crois que je leur en fait autant.
J'aurai réussi à écrire
au moins deux textes par semaine en devant me rendre à l'évidence
que le spectre de la page vide est un obstacle quasi infranchissable,
souvent. Chercher le sujet, ou l'angle m'aura fait blanchir quelque
cheveux, j'en suis convaincue. Sauf qu'à force de persévérance et
d'observation constante, j'ai fini par trouver le moyen d'y arriver.
Et j'en suis fière.
Finalement, j'ai eu
l'honneur de porter dans mes bras, un neveu. Qui n'est nullement mon
œuvre et qui ne m'appartient en aucune façon. Mais ce fut, pour
moi, un merveilleux cadeau de fin d'année. Un tout petit garçon
édenté que j'ai la permission d'aimer tout simplement, parce que
ses parents sont assez généreux pour me laisser cet espace qui
m'est immense.
Au bout du compte, 2015,
tu fus une année riche et nourrissante.
J'espère que 2016 sera à
ta hauteur.
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