Un peu martienne, un peu familiale
Lorsque j'ai recommencé
à écrire, il y a un peu plus d'un an, j'ai décidé de lancer mon
texte de retour sur facebook. Pour avoir un certain public, parce
qu'écrire pour moi toute seule, je peux le faire dans ma tête sans
encombre, sauf que pondre un premier texte en cinq ans, sur la page
blanche de l'ordinateur, c'était autre chose, je devais me trouver
un public, puisque celui que j'avais un jour eu, s'était évanoui
après tous ces mois de silence. Je n'ai pas réfléchi au public à
qui je partagerais mes écrits. J'avais besoin de dire et d'être
lue. Alors j'ai lancé mon texte, et ceux qui ont suivi, dans
l'univers, sans aucune forme de filtre. En imposant mes introductions
sur mes textes, sans demander la permission à qui que ce soit dans
le processus.
Je suis née dans une
famille élargie de laquelle je me sentais pas toujours un membre
adéquat. Entre les personnalités d'affaires, les avocats et les
médecins, il me semblait que je jurais irrémédiablement. Et ce
n'est pas ma seule singularité. J'ai ce chic, ou ce mauvais
penchant, de parler de toutes sortes de trucs qui sont moyennement en
vogue dans les partys de famille, politique et sentiments en tête de
liste. Les sentiments surtout. Pas que ma famille en soit exempte.
Non, c'est surtout que je j'ai un drôle de rapport avec cela. Je
peux en parler, les intellectualiser, les intérioriser à outrance,
mais pas les partager physiquement, et ma famille le sait
pertinemment. Ça fait de moi une drôle de bête, je présume.
Je fais partie de la
toute première vague des petits enfants. Je suis la troisième en
âge dans cette cellule élargie. On était quatre fille qui
précédaient une meute de garçons. La plus vielle et la plus jeune
de notre quatuor imposé formaient un duo et celles du milieu un
autre. Ou l'inverse, selon le point de vue sous lequel on regarde la
situation. Et les garçons, étaient pour nous des quantités
négligeables.
Évidemment, nous avons
grandis et mûris. Depuis plusieurs années, les clans de notre
génération sont beaucoup moins hermétique qu'à l'époque de mes
souvenirs d'enfance. Certains d'entre nous, sont des fidèles des
réunions de familles, d'autres se sont institués en fantômes. Je
me suis souvent demandé pourquoi je ne faisais pas la fille de l'air
moi aussi, parce que je ne me suis pas toujours sentie ni acceptée,
ni familièrement acceptable. Mais comme je suis une petite bête
profondément sociable, je me suis toujours colleter ces fêtes
familiales, même quand la seule personne avec laquelle je me sentais
une quelconque affinité était ma jeune cousine de presque vingt ans
ma cadette qui me battait à plate couture aux jeux de mémoire.
Sommes toutes ils m'étaient des étrangers familiers et me sentais
ovni familière.
Et puis, je me suis
remise à écrire, imposant mes textes à cette famille à force de
statuts. Dans la dernière année, plusieurs d'entre eux m'ont laissé
savoir qu'ils me lisaient. Je suppose qu'au début c'était par
curiosité et que c'est devenu par plaisir, avec le temps.
C'est probablement le
plus beau cadeau de Noël, ou de vie, qu'ils pouvaient me faire.
Puisqu'ils on pris le temps de s'attarder sur mes sentiers pour faire
ma connaissance, celle de la femme que je suis vraiment.
Alors je leur dit un
Joyeux Noël bien senti, plein d'amour aussi.
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