mercredi, mars 30, 2016

La vie d'avant

Avant, avant ma vie était pas mal plus simple.

Ma famille vivait selon un train-train quotidien qui me plaisait énormément. On prenait plusieurs marches par jour, et on jouait beaucoup.

J'aimais particulièrement les marches vespérales. Quelquefois, j'étais seul avec ma maîtresse, mais d'autres fois, il y avait des amis. Des amis humains pour elle ou des amis chiens, pour moi, même si je ne suis pas très doué dans l'amitié canine.

Je suis l'homme de la situation je considère toute bête de plus de 10 livres comme un danger potentiel pour ma maîtresse alors j'attaque en premier. Non, mais à quoi bon avoir une forme athlétique doublée de testostérone si je ne suis pas censé m'en servir?

Mais les choses se sont mises à changer il y a un peu plus d'un an. Ma maîtresse a commencer à se fatiguer bien vite, je trouve. Fini les longues courses et les échanges de balles. Pourtant, je suis très bon à ce jeu-là, je rapporte super vite. Et puis, elle s'est même mise à marcher plus lentement, d'une drôle de démarche chaloupée, le dos bien arqués et les pieds tournés vers l'extérieur.

J'ai donc dû me résoudre à prendre mes marches plus souvent avec mon maître. Ce n'est pas que je ne l'aime pas, ce n'est juste pas mon préféré. Ce n'est pas la même chose, d'abord, il est assez grand pour que je n'aie pas à le protéger, ce qui fait que je me sens pas mal moins utile.

Et puis un jour, ils sont revenus à la maison avec un espèce de machin qui sentait un drôle de mélange des deux, tout petit et tout chaud. Et il a volé toute l'attention de la maîtresse. Toute, toute, toute. Plus rien pour moi, ni pour le chat d'ailleurs.

D'abord, il était toujours, collé sur ma maîtresse! C'est vrai, je n'exagère même pas. Collé sur son cœur. Moi je suis bien trop gros pour me coller à elle de cette manière-là. Oh, elle me flatte et elle me parle encore, mais je ne suis presque plus jamais tout seul avec elle, la plupart du temps elle amène la petite chose avec elle dans un gros truc encombrant sur roues.

Et depuis un moment, la chose est souvent couchée sur une belle couverte, que je n'ai pas le droit d'utiliser et sur laquelle il y a tous les jouets qui font « quik ». J'aimerais ça pouvoir les toucher un peu, juste un peu. Mais dès que je m'en approche, je me fais dire « non » d'un ton sec. Alors je soupire et je pose la tête près de la chose qui gigote sans bon sens sur sa couverte, et je commence à élaborer un plan.

Un plan très simple en réalité. Je me dis que si je m'occupe de la chose en question, celle-ci me donnera peut-être un peu d'attention, mais surtout, j'espère que tous les autres oublieront un peu où je me trouve et que je pourrai enfin mettre la patte sur le petit mouton brun qui me fait envie depuis des mois, déjà.

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