dimanche, avril 24, 2016

Changer de bouette

C'était une journée ordinaire. Limite trop ordinaire. Je savais que j'avais quelque chose le soir et je me sentais un peu sauvage. Pas du tout certaine d'avoir la force de rencontrer encore du monde. Ça m'arrive de plus en plus souvent ce besoin irrépressible d'être seule. Moi qui ai longtemps fuit la solitude comme la peste. Le grand voyage au pays des zombies m'aura entre autres appris que j'ai besoin de me retrouver seule avec mes pensées, ou l'absence de pensées après mes semaines au cœur du public, à chercher les bons mots à dire à tous mes interlocuteurs. Et ils sont nombreux.

C'était une journée durant laquelle je me sentais en deçà de mon appétit de vire habituel, je me sentais particulièrement ronde, plus que d'autres jours en tout cas, mes yeux larmoyaient depuis mon réveil alors il ne me servait strictement à rien de me maquiller pour donner le change, j'aurais fini la journée des yeux au beurre noir, ou quelque chose y ressemblant. Et puis je savais que j'avais les hormones sans dessus-dessous et la patience inexistante.

Dans ces circonstances, aller à une fête ne me souriait pas plus qu'il ne le fallait. Mais j'avais accepté d'y aller et je n'aime pas beaucoup revenir sur ma parole. Il faut un cas de force majeure pour que je ne me présente pas à un événement où j'ai promis de faire une apparition. Et me sentir bouette n'entre pas dans la catégorie « force majeure ».

Je me suis donc rendue à l'endroit du rendez-vous. En me trompant d'arrêt comme à toutes les fois que je vais là. J'ai pourtant écrit à quel coin de rue je dois descendre, mais rien n'y fait, je me goure à tous les coups. Ce qui fait que j'étais presque scregnegne en mettant les pieds à destination.

Sauf que c'était impossible de faire la gueule, même si je ne connaissais presque personne, au départ. Pas seulement parce que c'est impoli, mais plutôt parce que l'ambiance était si cordiale, que même ma mauvaise foi légendaire ne pouvait en faire abstraction. C'était le genre de rassemblement ultra mixte, un ramassis de personnes qui appartenaient toutes à plusieurs groupes différents et qui se mêlaient comme si elles avaient toutes fait leur école secondaire ensemble. Il y avait bien quelques individus pour lesquels c'était effectivement le cas, mais dans l'ensemble, je crois que le lien tenait à la personnalité de l'organisatrice de l'événement qui a ce chic de rassembler les gens épars et de les mettre à l'aise, dans son milieu.

Somme toute, c'était presque une journée poche qui s'est transformée en journée belle, parce que j'ai décidé d'aller à l'envers de mes envies voir si j'y étais et que je m'y suis retrouvée.

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