mercredi, avril 20, 2016

De la violence des garçons

Tu te disais que la vie, finalement n'était pas un long fleuve tranquille. Il te semblait que tout ce qui faisait ton bonheur, enfant, avait abandonné ton existence. Tu te sentais si vieux dans ton corps trop grand pour toi. Tu te sentais non pas martien, beaucoup trop commun, mais à tout le moins né dans une société qui n'avait que faire de toi. Oh, tu savais bien que tes parents t'aimais. Mais qu'est-ce que peut bien vouloir dire l'amour parental quand on est adolescent? C'est d'une importance somme toute minime en comparaison au regard que tes pairs portaient (ou ne portaient pas) sur toi.

Alors, un soir tu avais posé un geste d'une violence inouïe, contre toi.

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Tu te disais que la vie, finalement, ne remplissait pas ses promesses. Tu croyais que les filles étaient belles et charmantes, que si tu étais gentil avec elles, que tu étais leur ami, tu pourrais un jour devenir leur amoureux. Ça avait assez bien fonctionné, mais pas avec elle. Elle ne te méprisait pas, répondait à tes appels, allait prendre un café de temps à autres avec toi, mais elle n'était pas amoureuse. Pas de toi. Et tu n'avais plus supporté de penser que peut-être un jour elle serait amoureuse d'un autre.

Alors, un soir, tu avais posé un geste d'une violence inouïe, contre elle.

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Tu te disais que de toute manière tu n'étais pas né dans la bonne tribu. Chez-toi, dans ton village tout entier, le spleen se faisait grand. Tu avais l'impression que le seul accomplissement possible était d'être capable de descendre toute une caisse de 24, en une soirée, sans tomber dans le coma éthylique. Ton avenir, tu le voyais dans le fond d'une bouteille, au bout d'une pipe ou sur le fil d'une aiguille plus grande que toi.

Alors un soir, tu avais posé un geste d'une violence inouïe, contre toi ou quelqu'un d'autre, rendu-là le résultat est à peu près le même.

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Dans tous les cas, tu avais caché ta douleur, affichant les sourires de circonstances aux moments opportuns, taisant à tout prix la l'obscurité qui hantait ce qui pouvait te tenir lieu de devenir.

Puis moi je me dis que nous sommes collectivement responsables de tous ces désastres parce que nous n'avons pas su te montrer que l'avenir se construit un pas à la fois, même s'il faut reculer, parfois.

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