mardi, mai 10, 2016

Mes chemins buissoniers

Le printemps m'est tombé dessus à bras raccourcis, aujourd'hui. Une fois que j'ai eu mis un pied dehors, pour aller faire des courses qui ne me tentaient, au départ, pas du tout, j'ai fais tous les chemins buissonniers entre le point A et le point B, puis du B au C et ainsi de suite jusqu'à mon retour à la maison. Au bout du compte, un petit besoin essentiel à comblé qui aurait pu me prendre une dizaine de minutes a fini par m'en prendre presque 120.

Évidemment, j'étais beaucoup trop habillée, parce que j'avais considéré que le facteur vent était frisquet, comme dans les derniers jours. Mais malgré l'eau qui me coulait dans le dos, je ne pouvais me résoudre à rentrer si vite chez-moi. Il me fallait arpenter les rues, profiter du soleil et du paysage mouvant que me présentaient tous les êtres qui, comme moi, s'étaient laisser tenter par le goût du printemps.

Je reste dans un quartier aux antipodes de lui-même. Certaines rues me sont très sécuritaires, presque en voie de gentrification et si ce n'est le cas, tellement bien habitées par les mêmes familles depuis des décennies, qu'il ne peut pas vraiment m'y arriver quelque chose de fâcheux puisque je fais désormais partie de leur décor et que si je ne ne suis pas partie prenante de leur meute, elles me reconnaissent comme faisant partie intrinsèque de leur territoire. D'autres rues par contre, me sont beaucoup moins fréquentables, et je les évite soigneusement depuis des années.

Dans ce soleil chatoyant de mai, je me sentais un peu délinquante alors j'ai osé mettre le pieds là où je ne vais jamais. Après tout, il faisait si beau et un détour de plus de pouvait que me rendre heureuse. C'est ainsi que je suis tombée sur un skate park minuscule sur le coin de deux rues particulièrement achalandées. Là, j'ai vu des hommes se donner en spectacle pour tous les badauds qui croisaient cette intersection.

Ils étaient jeunes, pour la plupart, mais pas tous. Le clivage se faisait surtout dans les sports pratiqués, deux gangs y partageaient les mêmes rampes avec, à mon sens, beaucoup de politesse et de savoir vivre. Il y avait les patineurs sur roues alignées et les plancheurs, sur roulettes. Au premier regard, j'ai eu l'impression que c'était un festival de la testostérone en démonstration. Ils n'étaient pas excellents, rien pour en faire le genre de film viral qui pullule sur les réseaux sociaux. Mais ils étaient profondément en harmonie avec leur propre corps.

Je les ai trouvé particulièrement sexy. Pas tant dans leurs prouesses, qui, elles, me laissaient passablement indifférente, mais dans leur grâce absolue d'hommes très exactement dans leur corps.

Et je me suis prise à penser que si les hommes se mesurent entre eux en termes de prouesses casses-gueule, les femmes sont peut-être plus enclines à êtres fascinée par l'élégance imparfaite d'un homme qui s'habite, tout simplement.

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