dimanche, mai 08, 2016

Mes deux mères

Je suis une drôle de bête, ça fait longtemps que mon entourage le sait. D'abord, j'ai deux mères, ce qui n'est certes pas courant.

Bon, on s'entend, il n'y en a qu'une qui m'a portée en son sein, une seule qui a m'avoir tricotée fibre après fibre. Une seule à avoir panser mes plaies d'enfance et du reste de mon existence. Une mère que j'admire et honore. Pour ce qu'elle a fait de nous, ses enfants, ses poussins, ses cocos, ses petites œuvres d'art qu'elle aura eu le courage de laisser devenir eux-mêmes malgré les craintes, les peurs, les appréhensions et malgré les jambettes aléatoires qui nous aurons fait trébucher, tour à tour.

Une seule mère que j'admire et honore pour ce qu'elle a fait dans l'histoire des femmes du Québec, dans sa vie professionnelle. Ce n'est pas tout le monde qui peut se taguer d'être née de la matrice d'une femme qui contribué à ramener la profession sage-femme à la légalité. Une mère qui savait être sévère quand il le fallait, mais douce et conciliante lorsque ça s'imposait. Une mère qui me fournissait les balises nécessaires à mon développement, mon épanouissement. Parce que sans balises, il est si facile de s'écrouler sur son propre socle.

Une seule mère qui, dans mes pires moments, ne m'a pas rejetée. Elle m'a plutôt ramener au bercail, m'expliquant avec luxe de patience à quel point mes belles qualités pouvaient être mes défauts les plus difficiles à surmonter. Une seule mère qui peut m'aimer aussi complètement et inconditionnellement.

Ma deuxième mère ne m'a évidemment pas mise au monde. En fait, c'est plutôt moi qui l'ai vue pousser. Pousser dans la matrice que nous avons partagée à quelques années de distance, pousser comme être humain, aussi. Sauf qu'elle a mis au monde cet l'automne dernier et depuis... Depuis j'ai le sentiment que ses angles se sont adoucis. Je la trouve d'une générosité sans bornes à mon endroit.

En premier lieu, elle me permet de connaître son fils. Dès qu'elle en a l'occasion, elle vient me faire une petite visite au travail, histoire de me faire admirer les risettes de l'enfant. Elle me laisse le serrer contre mon cœur, lui faire des bisous, l'endormir moi-même, sans me suivre pas-à-pas. Une belle assurance qui témoigne de sa maturité dans son rôle de mère et de confiance à mon endroit. Je ne suis pas mère moi-même et ne le serai sans doute jamais, sauf que je suis à même de supposer que c'est une offrande bien précieuse qu'elle me fait.

En deuxième lieu, elle réussit à composer avec une maisonnée pas si simple dont elle est le centre complet et complexe avec beaucoup de bonhomie et d'humeur joyeuse même sil le gros chien lui demande une attention constante et que le chat fait fait son indépendant pour mieux quérir son attention tandis que l'enfançon a toujours besoin de soins constants, parce qu'à pas tout à fait six mois, l'indépendance ne fait pas partie de la donne. Je suis perpétuellement ébahie par le talent qu'elle a d'additionner toutes ces données et d'en faire quelque chose de cohérent.

Je suis une drôle de bête, mon entourage le confirmera sans hésiter. Pour commencer, j'ai deux mères que j'aime et que j'honore pour les femmes qu'elles sont.

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