jeudi, mai 26, 2016

À hauteur d'homme

On m'a accordé une petite liberté et je me demande bien ce que je pourrais en faire.

J'ai plusieurs options, plusieurs directions à prendre, potentiellement. Par-là, il y a mon grand ami blond. Sauf qu'il n'a pas le droit de bouger de son coin, pour le moment. Ce qui fait que ce serait un peu plus plate que d'habitude si j'allais le voir. Ce n'est donc pas une option très tentante.

Par ici, il y a le petit garçon qui sourit. Il est drôle lui, il fait toujours les mêmes choses que moi, si je bouge la jambe droite (ce que je fais presque toujours), il le fait, si je tend la main, il le fait, si je ris, il rit mais quand j'essaie de le toucher, il disparaît complètement derrière ma main. Je ne comprend pas très bien comment il fait pour se cacher tout entier dans ma main, sauf que je vois bien que c'est ce qui se passe. J'essaie de mon mieux de ne pas le faire disparaître et je reste quelque temps fasciné à le voir disparaître et réapparaître.

Puis, je me dis que je pourrais prendre une autre direction, ce que je fais, mais à toutes les fois où je pars vers ce là-bas, je reviens systématiquement à la case départ. Ce n'est pas de mon fait : c'est le sol qui glisse sous-moi et me ramène d'où je suis parti. Je ne trouve pas ça très rigolo. Il me faut donc, encore une fois, changer mes plans. Soupir, gros soupir.

Je regarde autour de moi et je me dis que je pourrais bien aller chercher mon livre, ça c'est un bon plan. Je le fais et je me plonge dans la lecture avec délectation. Dans le livre, il y a aussi le petite garçon qui sourit. L'image est cependant moins claire et moins grande que celui dont je parlais tantôt. Il y a aussi des bruits. J'aime ces bruits. Mon ami blond les aime aussi, on dirait qu'il pense qu'ils sont pour lui, mais il se trompe, ces bruits-là sont pour moi tout seul, c'est maman qui le dit.

En parlant de maman, je l'entend parler dans une autre direction. Je pourrais peut-être aller voir où elle est. Je ne la vois pas, mais je reconnais très bien sa voix et son odeur. Allez, je me secoue et repars en quête. Je suis pas mal certain d'approcher de mon but parce que son odeur est de plus en plus forte. Ça sent bon une maman, je crois que c'est le plus beau parfum du monde. Un drôle de mélange de sucré, de salé et de lait aussi.

En chemin, je croise des petites billes bien rouges et bien luisantes. Je me demande bien ce que c'est. Les billes bougent toutes seules. Ça m'intrigue vraiment beaucoup. Et comme je découvre le monde par le goût, je prends une grosse croquée de bille avec mes petites dents aussi blanches que les billes sont rouges.

C'est là que j'entends maman, du rire plein la voix, qui dit : « Chatou! Qu'est-ce que tu fais? Tu mors mes orteils? » D'abord, je ne sais pas ce que sont des orteils, mais je sais que j'aime ça quand il y a du rire dans la voix de maman alors je mors dans une deuxième bille rouge, juste pour voir, et c'est à ce moment précis que quatre têtes rieuses apparaissent sous la table où je me suis âprement rendu et moi je les regarde, bien fier de mon coup, avec le pied de maman dans ma bouche.

Ça, c'était une belle aventure. Demain, peut-être, je recommencerai.

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