mercredi, juillet 20, 2016

Chapeau, Melon

Je dis souvent que ma première amie a été ma cousine. Ce n'est pas tout à fait exact. En réalité, mon premier ami était Caïd, le chien de mon père qui vivait avec nous à ma naissance. Je n'en ai pas vraiment de souvenirs, sinon des impressions et je sais que j'en ai parlé longtemps après son départ pour la campagne parce qu'il ne cadrait pas dans notre appartement au premier étage d'un duplex. Je me souviens qu'il était mon ami et c'est le plus important.

Chez mes grand-parents maternels, il y avait aussi un gros chien, une chienne en réalité, qui s'appelait Cléo. Je crois qu'elle avait appartenu à un de mes oncles, mais elle vivait toujours chez mes grand-parents quand j'étais toute petite. Elle est morte, j'étais fort jeune, dans ma tête, ça coïncide avec la mort de mon grand-père, d'ailleurs, j'ai longtemps pensé que c'était son chien et qu'elle l'avait accompagné dans une espèce de déménagement qui faisait en sorte que je ne les reverrais plus jamais.

Dans tous les cas, je ne me rappelle pas avoir été particulièrement triste de ces disparitions que je ne comprenais pas vraiment. Bien heureuse insouciance enfantine.

J'ai eu plusieurs animaux de compagnie par la suite, souvent des animaux familiaux qui nous ont tous quittés, un jour où l'autre. Leurs départs ne m'aura pas touchée plus qu'il n'en faut. J'en étais venue à croire que j'avais un certain problème d'attachement avec les bêtes. Je dois avouer que je trouvais généralement que les gens exagéraient largement leurs histoires de deuil d'animaux.

Jusqu'au jour où j'ai emménagé dans l'appartement que j'habite actuellement. Il y avait alors deux chats en résidence et l'un d'entre eux m'a adoptée. Littéralement. Impossible de lui fermer ma porte, le jour comme la nuit, il devenait intenable. Notre cohabitation se passait de la façon suivante : il venait se faire flatter une minute ou deux, ensuite il se couchait sur mon lit pendant que j'utilisais le divan, idéalement sur mon oreiller pour y semer plein de poils longs. Il se déplaçait vers le pied du lit quand j'allais me coucher, jusqu'à ce que je sois endormie, alors il allait s'installer sur le divan pour terminer sa nuit. Dès que je commençais à me réveiller, le matin, je l'entendais sauter en bas du divan et je savais que je n'avais pas beaucoup de temps avant d'aller le nourrir, sans quoi il entonnait une sérénade à réveiller les morts.

J'ai pleuré ma vie quand il a fallut l'euthanasier parce que ses reins avaient cessé de fonctionner. Je l'ai cherché, vu, attendu, des semaines durant.

Aujourd'hui, c'est ma sœur et son amoureux qui pleurent un animal qui les avait adopté. Un gros chien blond, qui était, je dois le dire, un amour de chien. Obéissant, gentil, drôle, mais un peu gourmand. Tellement drôle en fait que j'ai écrit deux textes en me plaçant de son point de vue parce que sa manière de nous regarder me laissait voir une telle intelligence et un amour si inconditionnel pour ses humains que je ne pouvais pas résister à la tentation de le décrire, de raconter cet ami fidèle.

Ce soir, je ne peux que dire : « chapeau, Melon, tu auras eu une belle vie de chien, et surtout tu auras été un un super compagnon pour ceux qui t'aimaient ».

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