dimanche, juillet 31, 2016

Exagération, quand tu me tiens

Je crois que je peux affirmer que je suis née conteuse. J'ai toujours adoré les histoires, surtout celles d'avant le dodo dans ma petite enfance. Mais pas seulement. En fait, c'est une qualité que je partage avec mes frères et ma sœur. J'ai des souvenirs d'enfance, lorsqu'on se faisait garder et que nous écoutions attentivement la gardienne nous lire les albums que nous avions à la maison et que nous connaissions par cœur. Nous avions aussi beaucoup de disques qui avaient le même rôle.

J'étais tellement impatiente de pouvoir lire à mon tour pour découvrir les mots sans avoir besoin d'un adultes pour me les traduire. Pas tant parce que ce n'était pas bien fait, mais bien parce que j'étais lasse d'avoir à attendre que ce soit l'heure du conte, elle n'arrivait jamais assez vite pour moi.

Je me rappelle encore de la première fois où j'ai lu, une phrase toute seule. C'était de la magie. L'image au dessus des lettres m'aidait, bien entendu, mais j'avais décodé moi-même les signes mystérieux. Après cette première réussite, le reste a été très vite et pas tout à fait un an plus tard, je lisais un premier roman qui ne contenait presque pas d'images.

Je ne sais pas vraiment à quel moment j'ai commencé à écrire des histoires, mais je sais que je n'avais pas encore quitté l'école primaire. Même dans mes journaux intimes, j'organisais la vérité comme disait ma mère. Je la magnifiais, mais je finissais invariablement par écrire un post-scriptum qui m'expliquait à moi-même que j'avais exagéré.

Ce trait de caractère, je l'ai gardé, voire même cultivé. Le sens de l'exagération, je veux dire. Tellement que ma supérieure immédiate, dit à qui veut l'entendre, qu'il faut diviser par cinq tous les chiffres que j'avance. Tout cela pour dire que, comme j'amplifie tout, il arrive que lorsque je n'amplifie pas, les gens ne me croient pas tout à fait.

Alors, quand j'affirme que je suis aussi souple que du bois mort, je présume que la majorité des gens se gaussent un peu de l'expression sans y attacher d'importance. Sauf que c'est l'exacte réalité.

La semaine dernière, je faisais un casse-tête. Quand je tombe là-dedans, je m'y lance à fond. J'ai une table à café sur laquelle je fais aller mes doigts et mes méninges en me chantant l'air de Pruneau qui « cherche, cherche dans sa tê-ê-te, où vont les morceaux de son casse-tête ». Et je peux faire cela des heures durant. Généralement, je perds tout sens du temps. Je dois me mettre des alarmes afin d'éviter de me coucher trop tard, pour tout avouer.

Alors donc, la semaine dernière, je faisais un casse-tête et je me suis étiré un muscle en voulant aller placer une pièce dans un coin dudit casse-tête. Pas un muscle du bras ou de la main, non, ce serait bien trop normal. Non, je me suis étiré l'aine gauche. Bien comme il faut. J'ai passé trois jours à avoir toutes les peines du monde à marcher et mes nuits étaient quasi blanches (sans l'aide de mes voisins) parce qu'à toutes les fois où je roulais sur le dos en dormant, je me réveillais avec l'envie de hurler à la lune.

Fa que, la prochaine fois que vous m'entendrez dire que je suis aussi souple que du bois mort, ayez une petite pensée gentille pour ce manque de souplesse que je qualifierais, disons, d'handicapant...

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