jeudi, août 04, 2016

Une forme de magie

Depuis que la folie Pokémon a atteint le monde, il me semble que je suis souvent la seule personne, dans un autobus, à ne pas avoir les yeux systématiquement rivés sur mon écran à la recherche de la créature rare à attraper. Combien de fois, déjà, me suis-je fait dire : « Mathilde, ne bouge pas, tu as un Pokémon derrière l'oreille ! » Ce qui, vous l'admettrez, est un peu déconcertant. Il y en a même plusieurs sur mon lieu de travail, un centre d'achats, est semble-il un très bon lieu pour la chasse.

C'est ainsi que je vois clients et employés arpenter les allées du centre commercial, dès que possible, à la recherche de la prochaine bête à attraper. Je ne peux pas dire que je ne comprends pas cet engouement, je suis moi-même joueuse, mais pas à ce jeu-là. Pour toutes sortes de raisons, en commençant par le fait que je me sais susceptible d'être complètement accro, ma folie des casses-tête en faisant foi.

Une drôle de bise a cependant commencé à souffler sur cette folie vers la fin de la semaine dernière. Une autre forme de folie, tout aussi réjouissante pour ceux qui y participent. La librairie vibrait d'effervescence depuis que 14 grosses boîtes bien scellées prenaient une bon part de notre espace d'entrepôt. Les employés tournaient autour en essayant d'apercevoir un peu du contenu de celles-ci. Tout le monde a, par ailleurs, respecté l'embargo.

Beaucoup d'entre-eux, m'ont offert de rentrer plus tôt dimanche matin pour m'aider à faire la mise en place. J'avais choisi de déplacer mon quart de travail entre 7h et 15h, plutôt que de faire le 9h à 17h habituel. Ils m'arrivaient aussi avec un paquet d'idées aussi bonnes qu'inusitées pour faire une vitrine accrocheuse et jolie. J'ai trouvé cela amusant et touchant à la fois, parce que d'ordinaire, pas grand monde ne se précipite pour se lever aux aurores un dimanche matin. Sauf qu'il s'agissait ici de la sortie du dernier Harry Potter (même s'il s'agit en réalité d'un texte théâtral, plutôt que d'un roman en bonne et due forme), un personnage qui a marqué leur vie de lecteurs.

Pour un certain nombre d'entre-eux, c'est ce qui les amené à la lecture. Ou plutôt qui les a accrochés à la lecture. Ça leur avait ouvert un monde qui les sortaient des écrans cathodiques en étant au moins aussi intéressant que ce que les consoles avaient à leur proposer. Ils connaissent souvent par cœur de longs passages des romans, parlant de Harry et de ses acolytes comme s'ils étaient leurs amis intimes.

C'est ainsi qu'employés et clients se sont rués sur la librairie à son ouverture dimanche, en me disant qu'ils vivaient une grande émotion puisqu'ils retrouveraient leurs personnages favoris et qu'ils ont collectivement troqué le téléphone pour un bouquin le temps de se replonger avec délectation dans le monde créé par J.K. Rowling.

C'est ce que j'appelle de la magie.

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