jeudi, août 11, 2016

Vivres l'effet des étoiles filantes

Les gens qui me sont proches savent que je me suis beaucoup laissée emporter dans les dernières années. Je me plongeais dans la colère comme d'autres se plongent dans une activité sportive. Si je savais que ce n'était pas une manière adéquate de gérer des situations émotivement chargées, je n'en mesurais pas très bien les impacts. J'imagine qu'à trop avoir le nez collé sur le tableau, j'en finissais pas en oublier le paysage.

Je ne me suis pas mise en colère depuis un peu plus d'un an maintenant. Oh, j'ai vécu un paquet de situations stressantes, j'ai senti les émotions me submerger plus d'une fois, sauf que je n'ai pas laisser ma violence me happer. Pas de cris à m'en déchirer les cordes vocales et les tympans des auditeurs ; pas de rage de mots qui dépassent la pensée et laissent des traces dans les mémoires ; pas d'actes violents envers moi-même ou des objets inanimés.

Ça n'a l'air de rien comme cela, sauf que de déconstruire ces mauvaises habitudes, ces réflexes de protection, ce n'est pas si simple. Sentir l'adrénaline monter, savoir quelle pourrait être la suite, l'admettre, prendre un battement de cils de recul et aviser mon interlocuteur qu'il vient de me heurter de plein fouet, que ce soit volontaire ou non, et que j'aurais besoin d'une minute ou deux de silence et être capable, après ce délai, de passer à autre chose.

J'en vois aujourd'hui, les dividendes. D'abord, je trouve beaucoup plus facile de vivre avec moi-même. Parce que pas de grosse colère, ça veut aussi dire pas de grosse culpabilité dans les jours qui suivent. Je constate aussi que des personnes que j'aime beaucoup manifestent plus régulièrement l'envie de me fréquenter, ne craignant plus de voir surgir une explosion quasi volcanique au moment où ils s'y attendaient le moins.

C'est ainsi que j'ai passé la nuit dernière debout à regarder les étoiles filantes. Chez des amis et aussi sur les routes qui nous ramenaient vers la ville au cœur d'une chaude nuit estivale. Une nuit tranquille lors de laquelle toutes les discussions étaient aussi amicales que teintées de vérités. Personne ne semblant vouloir prendre tout l'espace. Ce qui me concerne au premier chef. Il m'aura fallut une pluie d'étoiles filantes pour mesurer tous les étapes que j'avais franchies en un an. À commencer par ne plus avoir ni besoin ni envie de prendre tout l'espace de discussion dans un groupe pour plutôt me laisser bercer par les mots de tous (incluant les miens), les yeux levés vers le ciel.

Je suis rentrée à la maison à une heure indue, fatiguée et heureuse. Trop fourbue pour dormir en fait. Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas vu le soleil se lever sur une nuit sans sommeil qui ne soit pas causé par le stress ou toute autre forme d'ancienneté. J'ai profité du moment. Seule dans mon lit, les yeux grands ouverts, et le cœur aussi.

Libellés :