dimanche, septembre 18, 2016

Bonheur perlé

Dans l'église du village, les bancs se remplissaient lentement. Ça et là les familles se regroupaient entre elles. Tous les individus, étaient, bien entendu, sur leur 31. Entre deux rangées de immuables, des mères tançaient les enfants qui jouaient à cache-cache en attendant que la cérémonie débute. Cette scène aurait pu se passer n'importe quand dans l'histoire du Québec, si ce n'avait été du fait que les papas s'occupaient des poupons qui pleuraient devant ce décors inconnu tandis que leurs compagnes poursuivaient une discussion, confiantes que leurs bambins était entre bonnes mains.

Je ne connaissais personne, ou presque, dans l'assemblée. Ce n'était pas ma famille ni, pour la plupart, mes amis. Bien entendu mon regard curieux et avide d'humanité ne pouvait faire autrement que de faire et refaire le tour de la salle pour épier les personnages qui pourraient s'en dégager. Ma petite enquête fut interrompue par la musique provenant du jubé, et comme tout un chacun j'ai regardé la mariée descendre l'allée pour aller rejoindre celui qui allait devenir son époux. Je l'avais aperçue, un peu plus tôt, je savais donc qu'elle serait magnifique. La réalité ne m'a pas détrompée. J'ai cependant été surprise par le brouillard mouillé qui a obscurci ma ma vision devant le bonheur qui perlait de tous les pores de sa peau.

Je n'ai pas refoulé mes larmes. Je les ai savourées, une à une. Elles étaient aussi belles que la jeune femme que j'avais connue si timide, mais qui, en ce jour dont elle était l'un des deux pôles, jouait son rôle avec grâce et dignité.

Je n'ai pas retenu grand chose de ce que le prêtre a raconté, si ce n'est que la maison qui serait fondée, le serait sur l'amour. Et comme tous les témoins de cet instant, j'en mettrais ma main au feu, j'y croyais fermement. Je me sentais privilégiée d'avoir été invitée à partager des promesses qui venaient à ce point du cœur, quelles que soient mes réticences toutes personnelles à faire une promesse à une dieu ou à un autre.

Lorsque la noce s'est déplacée pour la suite des événements, je ne peux pas dire que la bâtisse qui nous accueillait me faisait bonne mine. À tout le moins de l'extérieur. J'ai gardé mon jugement pour moi, grand bien m'en fit. Parce qu'à l'intérieur, c'était tout elle. Simple, chaleureux et convivial. Une espèce de parabole explicite sur l'anecdotique de l'apparence extérieure, dans une certaine mesure.

J'ai retenu à grand peine un hoquet de pleurs durant le discours de la première demoiselle d'honneur, qui rendait hommage à deux amis d'enfance et plus précisément à cette jeune femme que je connais et qui m'y avait invitée. Elle racontait une femme généreuse, intègre, honnête et sans jugements à priori qui résonnait très fort pour moi dans la perception que j'avais de cette femme. Et surtout dans ce que je connais de l'amitié.

Quand je suis partie, la fête ne faisait que commencer. Et on m'a remercié de ma présence comme si ça avait fait la différence.

Moi je savais que c'était complètement erroné. En ce jour, c'est moi qui avais pris une grande bouffée d'amour, une goulée infinie d'air aussi pur et candide que faire se pouvait.

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