jeudi, septembre 08, 2016

Canicule

Il me semble que les saisons se décalent, depuis quelques années. Je les sens un mois en retard sur leurs habitudes, mais nos vies, elles sont toujours réglées sur les us anciens de la nature. Il y a peu, prendre des vacances en début septembre signifiait, pour moi à tout le moins, beaucoup de bouffe, une température confortable, ni trop chaude ni trop froide, de belles marches dans la ville qui m'invitait à la fouler de mes pas.

Pas cette fois-ci. La température est chaude et moite. J'ai le sentiment que tout effort physique, même minime, fait couler la sueur dans mon dos et me pique les yeux. Je n'ai cependant aucune envie de passer tout mon temps à l'ombre de mon ventilateur. Alors, je me donne des objectifs, des courses à faire un peu plus loin que l'environnement immédiat, malgré la sueur, malgré la fatigue inhérente à ce genre d'étouffement.

C'est ainsi que je me suis retrouvée à déambuler au milieu du chantier de la rue Ontario Est. Il était là l'été dernier. Il me semble que c'était exactement au même endroit. Comme s'il fallait refaire tout ce qui avait été effectuer. La poussière me collait à la peau, et je devais fréquemment fermer les yeux pour ne pas y coincer un grain qui créerait à coup sûr une inflammation dans ces organes sensibles.

Après un de ces brefs passage dans le noir, un homme devant moi, avait une démarche bizarre. Ça m'a pris un certain temps avant de comprendre que c'était dû au fait qu'il portait des pantoufles d'hôpital et que, forcément, le gravier éparpillé sur le trottoir rendait son cheminement difficile. J'ai passé une dizaine de minutes à le suivre, sans trop le vouloir, et à me faire du cinéma dans ma tête sur ce qui pouvait amener un jeune homme à se promener en pantoufles d'hôpital sur une rue en chantier.

Lorsqu'il a tourné sur la rue qui mène à l'hôpital Notre-Dame, je me suis dit qu'il devait approcher de sa destination. Et puis, une toute jeune fille s'est matérialisée à l'endroit qu'il venait de quitter, soit quelques cinq pas devant moi. Elle était vêtue de noir, short très, très courts, chandail particulièrement échancré et transparent, grimpée sur des talons hauts sans bon sens.

Ce coup-là, je n'avais aucune envie de me raconter sa vie. C'était forcément trop triste. Quand je l'ai vue se diriger à l'arrière du camion de rue du Chic resto Pop, j'ai pensé qu'au moins elle avait une toute petite ressource pour l'aider.

Je suis rentrée chez moi, épuisée par la lourdeur de l'atmosphère et par la brève rencontre avec cette réalité que je ne connais que de vue.

Et je me suis prise à penser qu'une canicule était un bien mince tribut à payer à l'existence.

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