dimanche, septembre 04, 2016

Légumes d'automne

J'ai grandi à une époque où toutes les télévisions n'étaient pas en couleurs. Mes parents, qui plus est, mettaient des limites de temps devant l'écran et nous envoyaient régulièrement jouer dehors hiver comme été. J'avais des amis qui n'avaient pas de telles limitations et qui me trouvaient bien malchanceuse de devoir vivre avec cela. Personnellement, ça ne me dérangeait pas outre mesure ; j'y étais accoutumée et puis, j'avais des livres à découvrir dans les moments lors desquels les amis n'étaient pas disponibles. Il me semble que je ne m'ennuyais jamais.

Si la télévision ne prenait pas encore tout l'espace qu'elle occupe aujourd'hui, il va sans dire que les appareils électroniques mobiles étaient une denrée encore plus rare. Certes, les voitures étaient munies de radio-cassette auto-réversibles, mais on oubliait souvent de prendre différentes cassettes avec nous. Ça évitait probablement aussi un certain nombre de chicanes fraternelle à savoir qui aurait le haut du pavé quand à ce que tout le reste de la tribu aurait à endurer. Alors on finissait toujours par écouter les deux mêmes albums de Robert Charlebois et Julien Clerc. Je suis d'ailleurs pas mal convaincue que nous connaissons encore tous par cœur l'ensemble des chansons de ces albums.

Comme nous avons beaucoup voyagé en voiture, il va sans dire que nous devions trouver une quantité appréciable de jeux à faire pour les trajets. Étant victime d'un solide mal des transports, je n'ai jamais été particulièrement assidue à la lecture ni a d'autres activités qui demandent une concentration, à mon avis surhumaine, lorsque les lignes dans sous mes yeux. Je préférais, déjà à l'époque, m'inventer des histoires que je me racontais jusqu'à ce qu'elles aient trouver une fin qui méritait mon attention.

Une des activités que nous faisons beaucoup lors de ces longs périples, qui prenaient parfois plus d'une journée, c'était de chanter ensemble. Ma mère connaît un nombre fantastique de chansons du répertoire traditionnel québécois recensé par l'Abbé Grandbois et nous les a transmises. Je m'amuse souvent à me moquer de mon pas de talent en ce domaine, mais bien entendu j'exagère. Non, je ne chante pas très bien, mais pas aussi mal que ce que je laisse entendre, en tout cas pas assez pour avoir reçu une quelconque interdiction de me joindre à la fête familiale lorsque nous entonnions en cœur les airs que nous aimions.

Le hic avec tout cela, c'est qu'il m'arrive assez régulièrement d'avoir une de ces chansons dans la tête et que pas grand monde autour de moi ne peut comprendre ce à quoi je réfère. Souvent, un simple mot où une idée me colle une de ces mélodies dans le cerveau sans que je sois capable de l'en décoller. Et le truc d'écouter ladite chanson jusqu'à ce qu'elle s'évapore de ma mémoire échoue lamentablement dans ces cas-là.

Ces temps derniers, je prépare une journée de cuisine d'automne une de mes amies. Et depuis que nous avons établit les plans de cette activité, j'ai la chanson de la ratatouille dans la tête. Ce n'est pas qu'elle soit si mauvaise, mais quatorze jours à me chanter la même ritournelle sans pouvoir m'en défaire, ça commence à être long.

Je m'ennuie presque de la chanson de l'escargot de Zazou...

Presque...

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