jeudi, septembre 15, 2016

Les hamsters dans ma tête

4h50. Dehors, la nuit est d'encre et les murmures de la ville ne se sont pas encore éveillés. Ou si peu. Il me reste encore une grosse heure avant la sonnerie du réveil, mais je sais que je ne me rendormirai pas. Il me semble que j'ai plusieurs hamsters qui courent dans ma tête en même temps.

Parfum d'angoisse que je ne prise pas tellement.

La journée sera longue, je le sais d'avance. Éreintante aussi. Un des hamster s'affaire d'ailleurs à mesurer le nombre de pieds nécessaire à l'installation des cubes pour mettre tout ce qui envahi l'entrepôt du magasin. Un espèce de tétris version géante. Je ne suis pas si bonne à ce petit jeu, lorsque viens le temps de me frotter à la réalité. J'oublie toujours un morceau du casse-tête et je dois sans cesse revoir la solution. Le hamster, n'en fait qu'à sa tête fait tourner sa roue à une vitesse folle.

Pendant ce temps, il y a un autre hamster qui s'affaire à mettre en mots, le plus diplomatiquement possible, une rencontre que je ne peux perpétuellement repousser, malgré tout l'envie que j'en ai. Cependant, je me sens démunie. Parce que j'ai le sentiment qu'avec cette personne précise, j'ai le chic de continuellement choisir les mauvaises expressions. Comme si nous parlions des dialectes totalement étrangers plutôt que de parler la même langue. Je sais très bien que nous allons finir par arriver à nous comprendre, mais toute seule dans le noir, je vois le hamster s'agiter en tous les sens.

5h23, je me sens la larme à l’œil. Pourtant, je vais bien, dans tous les aspects de ma vie. Sauf que j'ai parlé de larmes deux fois dans la semaine qui vient de s'écouler, et j'ai lu sur la force que que les pleurs expriment. J'ai parlé de larmes pour exprimer le fait qu'elles me viennent si facilement depuis un peu plus d'un an. Chasser la colère en acceptant la peine, c'était une belle théorie que je n'imaginais pas mesurer à une telle fréquence. Mais je ne ne pique plus de colère noire. C'est déjà une réussite. Je constate que le hamster de ma roue des émotion trottine beaucoup moins vite que les deux autres.

Et puis, ce matin, j'ai l'impression que ce hamster tourne davantage pour chasser l'angoisse que la colère.. Mais peut-être que l'angoisse précipitait aussi la colère, en ce qui me concerne. Je me dis que c'était le canal d'expression que j'avais privilégié dès que je ne pouvais pas simplement rire pour donner le change.

Ce qui me fait me rendre compte que je ris différemment aussi depuis. Un peu moins fort, un peu moins forcé, un peu moins souvent, mais tellement plus sincèrement.


5h49, le radio s'allume. Je dois faire une trêve sur les supputations de la journée à venir et aller la vivre.

Je sais d'expérience que ça se passera beaucoup mieux que tout ce que j'ai pu imaginer.

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