Némésis
J'ai rencontré celui qui
allait devenir ma première Némésis à l'âge de 4 ou 5 ans. Je ne
pouvais pas savoir, ce jour-là que ce serait une personne à ce
point marquante dans ma vie, ni qu'il allait me rendre rocailleux, un
sentier qui me semblait jusqu'alors, joyeux. Ce n'est certes pas lors
de ce premier contact que j'aurais pu imaginer à quel point il
pourrait être méchant à mon endroit, quelque part dans un avenir
que je n'envisageais même pas étant donné que ce simple concept
était beaucoup trop complexe pour ma petite tête d'enfant.
C'était sans doute le
nœud de mon problème avec lui, d'ailleurs. J'avais eu tellement de
plaisir à jouer avec lui, cette toute première fois, que je ne
comprenais pas que dans un groupe de personne il pourrait me rejeter
parce que je cadrais moins bien que d'autres dans ce qu'il
envisageait comme groupe de personnes auxquelles se rallier, ce
faisant, il y avait là un levier pour m'atteindre, parce que j'étais
et je suis toujours, profondément fidèle dans mes affections.
Bref, point n'est besoin
de raconter toute cette histoire, je crois qu'il sait parfaitement
qu'il n'a été gentil avec moi que lorsqu'il avait le choix entre se
montrer sympathique à mon endroit ou s'ennuyer. Je n'en suis pas
tout à fait certaine parce que je ne lui ai jamais posé la question
aussi directement et que cela n'a plus tellement d'importance
aujourd'hui. Nous n'avons de contacts que de loin en loin par réseaux
sociaux et parents interposés.
Mais s'il fut le premier,
il n'aura pas été le seul. Si dans l'enfance et l'adolescence, je
puis affirmer que les gens que je puisse placer dans cette catégorie
étaient méchants, plus tard, des gens m'ont heurtée sans avoir cet
objectif précis en tête. Je dirais même que certains d'entre eux
ne me voulaient que du bien. Sauf que le bien que l'on me veut n'est
pas nécessairement celui qu'on me fait.
Je ne suis pas toujours
courageuse, pas toujours assez aguerrie pour tout affronter.
Certaines de mes Némésis ont le chic d'apparaître et de
réapparaître quand je ne les attends pas et surtout quand je ne le
veux pas. Dans ma boîte de courriels, au détour d'une conversation
qui ne porte pas sur eux mais qui les impose me rendant ainsi
friable.
Et quelquefois même, il
y a ces questions auxquelles je suis la seule à pouvoir apporter une
réponse, impliquant un nombre conséquent d'autres personnes. Et
j'essaie, je jure que j'essaie dans ma tête de me dire que je peux
réussir. Sauf qu'arrivée à la sommes de mes hypothèse j'en arrive
à la conclusion qu'une rencontre serait possible si, et seulement
si, cette Némésis m'ignorait totalement, sauf peut-être pour
m'envoyer discrètement la main. Et là encore, il y a des chances
que je trouve cela envahissant.
C'est impossible, bien
entendu. Alors je me sens un peu harpie et énormément coupable de
faire, du mal à des gens que j'aime parce que je ne suis incapable
de faire front à ces Némésis, qui au fond, ne le sont que pour
moi.
Libellés : Maudite angoisse