jeudi, octobre 27, 2016

Avant la spirale

Sur la table de mélamine que je connais par cœur, au lieu des sempiternelles demandes d'emploi, il y avait un tas d'objets volontairement abandonnés à cet endroit. Deux trousseaux de clefs, deux cartes signifiant l'appartenance à l'entreprise pour laquelle je travaille depuis douze ans que j'ai posés derrière moi pour plonger dans la nouvelle aventure qui m'attend la semaine prochaine.

Pour l'instant, je ne travaille plus nulle part : pendant quatre jours, je serai complètement indépendante de mes responsabilités ordinaires. Je me situe très exactement entre deux chaises. L'air de rien, me voilà à quelques jours de travailler pour ce que j'ai perçu comme la compétition pendant onze ans. C'est long, dans ma vie professionnelle.

Je laisse équipe que j'ai participé à bâtir. Une équipe que j'aime de tout mon cœur à travers ses individus sinon, dans son entièreté.

Je laisse une connaissance devenue presque instinctive de la mise en marché, d'une clientèle que j'avais l'impression de comprendre dès qu'elle mettait un pied dans le magasin. Je me trompe certainement à cet effet, mais tout de même, je pouvais mettre des produits de l'avant en me trompant très peu souvent. Je pouvais proposer d'autres produits, en me trompant aussi peu souvent. Cinq années passées au même endroit, ça a son lot d'atouts.

Mardi, je me plongerai dans la jungle du montage d'un magasin dont je ne connais rien. Je suis complètement ignorante de la partie phare des produits : je ne connais strictement rien aux instruments. D'accord, j'ai une certaine accointance avec ceux-là depuis ma plus tendre enfance, mais ça demeure très vague. Je sais faire la différence entre un piano et une flûte, mais ça s'arrête à peu près là. Je me sens complètement néophyte D'accord aussi, ce n'est pas le le département dont je serai en charge, n'empêche que...

Je ne connais pas les codes par cœur et j'ignore les classements. J'ai eu beau faire de l'espionnage dans l'intranet de ma future demeure professionnelle, je comprends les méthodes de recherche mais rien à rien à ce que ça veut dire pour la personne qui doit se mouvoir à travers les rangées surchargées de l'époque de l'année qui nous empêche d'avoir une vue d'ensemble sur ce qui est mis en place.

Je ne connais pas l'équipe avec laquelle j'aurai à travailler. Il me faudra lui expliquer mes aspérités : je n'ai pas toujours le tact qui devait s'imposer pour une gestionnaire, je n'ai pas toujours une patience exemplaire : certaines formes d'incompétences m’insupportent et il semblerait que c'est inscrit en lettres capitales sur mon visage. Mais, quand les gens me connaissent, ils savent bien que je suis principalement équitable et que j'ai un talent certain pour mobiliser les troupes, alors ces petits défauts finissent par se fondre dans les vues d'ensemble. Sauf que là, j'ai tout à construire ; ma réputation comprise.

Et plus que tout, je ne connais pas la clientèle : ça me fait peur parce que ça confronte mon sentiment de compétence sur lequel mes réflexes professionnels reposent.

J'ai quatre jours devant moi, quatre jours durant lesquels je serai totalement débranchée et dans un noir certain.

Je compte bien en profiter avant de sombre dans la spirale démente du temps des fêtes et de m'y amuser du mieux que je pourrai.

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1 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Il faut respirer ! Quand on démarre un nouveau boulot, c'est normal de ne rien savoir.
Les premiers jours, il faut surtout poser des questions (ça c'est bien vu), sans commencer à donner des réponses, sans porter aucun jugement (on a envie de montrer que l'on est motivé, mais ça peut crisper les gens en un rien de temps). Il faut aussi saisir l'ambiance, les relations entre les gens, les valoriser, écouter les différents sons de cloches, et prendre le temps d'assimiler.
Tout va bien se passer !

4:57 p.m.  

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