jeudi, octobre 06, 2016

Le troisième angle du voisinage

Je reste au même endroits depuis des années. Le voisinage a toujours été aussi particulier que bruyant. En tout cas, assez pour créer un impact sur mon sommeil. En plus, j'ai parfois l'impression que l'entièreté de ce voisinage se donne la tag pour s'échanger le rôle de l'importun qui raccourcit mes nuits.

Il y a quelques temps, je me suis fait réveiller par un cri tonitruant autour de 4h30 du matin. Un homme hurlait : « t'es où » en parcourant le le parc qui s'étale sous mes fenêtres. Il y avait un mélange de désespoir et de colère dans sa voix. Lorsqu'il avait fini par trouver l'objet de sa quête, ce devait être à sous une des tables à pique-nique qui se dressent juste devant la porte de l'appartement (ben il y a une rue entre les deux, sauf que c'est vraiment tout proche). Je n'ai pas trop compris ce qu'il criait à son interlocuteur, son débit était trop saccadé et sa diction pâteuse à souhait. N'empêche que ce matin-là, je n'ai pas trouvé le moyen de me rendormir, dérangée par la violence qui était contenue dans ce que mes oreilles percevaient. J'étais certaine qu'il y avait un interlocuteur, parce que j'entendais les grondements diffus d'une voix rocailleuse sans être apte à en saisir le contenu.

Et ce matin, c'est revenu. Le même homme hurlait sous mes mes fenêtres. Du moins, je crois que c'est le même homme parce qu'il me semble que c'était la même voix. Il s'adressait sans doute, d'ailleurs à la même personne que la fois précédente parce que le roulement de cailloux des réponses imperceptibles était aussi au rendez-vous. Mais celui dont je décodais les paroles était sans aucun doute beaucoup plus sobre et plus calme. J'ai fini par comprendre les tenants et les aboutissants de la querelle.

En fait, ces deux personnes se partagent un territoire pseudo-habitable du parc longeant la rue que j'habite tandis que d'autres se logent le long de la descente du pont. Il y était question de squatter ces endroits depuis plus longtemps que d'autres d'où les spot du côté moins bruyant du parc en question. Le crieur se targuait d'avoir été le premier à s'installer durablement dans le secteur ce qui lui donnait, selon ses termes le l'avantage du premier choix. Et sa colère était due au fait que l'autre, celui que j'entendais sans le comprendre, avait uriné sur le territoire revendiquer par l'autre.

Bon, je dois admettre que je n'aimerais pas du tout qu'un voisin vienne pisser sur les plancher de ma maison, je le comprenais d'être en furie.

N'empêche que je suis lasse de me faire tirer des bras de Morphée par ces envolées dérangeantes. C'est peut-être pour cela que je me rappelle beaucoup plus souvent de mes rêves ces temps derniers, à force d'être réveillée brutalement en plein milieu de mon sommeil paradoxal.

Mais en même temps, je n'ose pas espérer que la température fasse en sorte que le logement à ciel ouvert qui existe visiblement devant chez moi, ne soit plus praticable, parce qu'alors je sais que je me demanderai où ils sont, ces hommes qui y vivent depuis quatre ou cinq mois. Et que j'aurai peur pour eux qu'ils ne se soient pas trouvé un abris pour affronter l'hiver.

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