dimanche, octobre 16, 2016

Objets perdus

Toute personne ayant un jour travaillé avec moi sait que j'ai un problème de clés : je les perds continuellement. Peut importe les dispositifs que j'essaie d'adopter pour ne pas les égarer partout, c'est immanquable, à un moment ou à un autre, je me mets à fouiller frénétiquement sous les feuilles de papiers, dans tous les recoins d'un bureau, dans les bacs à recyclage à la recherche de ce bien sous ma responsabilité. À chaque fois, j'ai des sueurs froides jusqu'à ce que le brillant du métal finisse par me faire de l’œil et je fini par poser ma patte sur le trousseau, immensément rassurée.

Mes histoires de clés volages ne se limitent pas seulement à mon travail cependant. Je n'ai pas tenu le compte du nombre de trousseaux que j'ai égaré dans ma vie, sans doute pas loin de la vingtaine. Les pires moments de mon existence à cet égard, c'était quand je pouvais verrouiller les portes de mon appartement sans mes clés et me rendre compte, en voulant rentrer, qu'elle étaient à l'intérieur. Quand j'habitais seule, ce n'était pas commode, quoiqu'il y avait un double chez le concierge, sauf que celui-ci n'était pas toujours chez lui quand j'en avais besoin.

Tout ça pour dire que j'ai fini par croire qu'il y avait quelque chose dans mon karma au sujet de ces objets qui se dissimulent à ma vue. Combien de fois, après avoir fait refaire tout le trousseau, ne les aie-je pas trouvées dissimulées dans une doublure de manteau lorsqu'elles s'y étaient plongées par le trou d'une poche que j'avais négligé de reprisée ? Je ne saurais dire.

Toujours est-il que je suis rentrée à la maison cette semaine et qu'arrivée devant la porte, je me suis retrouvée devant une porte que je ne pouvais plus ouvrir. Je sais que j'avais mes clés avant de partir du travail, elles n'étaient pas au bon endroit et je les ai volontairement changé de place pour être certaine de ne pas me faire de peur en arrivant chez-moi.

Faut croire que j'aurais dû les laisser là où elles étaient parce que visiblement, je les ai prises dans mes poches pour les mettre dans mon sac-à-main mais que j'ai sérieusement manqué mon coup : elles n'y sont plus.

Par chance, ce soir-là, je voyais de la lumière émaner de la chambre de mon colocataire. J'avais donc une chance de rentrer à bon port sans trop de heurt. Et la porte s'est effectivement ouverte sous un éclat de rire devant ma mine déconfite.

Je suis une étourdie, je l'ai toujours été : je rêvasse dès que j'ai une parcelle de seconde pour le faire. Alors forcément, il y a des détails qui me sortent de la tête. Je perds continuellement mes clés et mes porte-feuille, mais je crois que ce pourrait être bien pire.

Je me rassure en me disant que je ne perds pas la tête, c'est déjà ça de pris.

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