dimanche, octobre 23, 2016

Clin d'oeil

Samedi, un peu avant dix-huit heures sur le quai du métro Montmorency, quatre adolescentes que j'estimais être en secondaire deux ou trois, faisaient le pied de grue en attendant le prochain train. Elle semblaient avoir quitter la maison de A pour poursuivre leur fin de semaine dans la maison de B. J'étais frappée par les nombreuses différences qui se dégageaient de leur petit groupe, particulièrement dans leurs physionomies respectives. J'avais l'impression de voir les hormones travailler à des vitesses différentes.

Mais surtout, je me revoyais au même âge, faire exactement la même chose : partir de Laval où nous avions passer le vendredi soir à écouter les derniers vidéos que toutes filles de nos âges se devaient d'avoir vus, pour aller terminer passer la soirée du samedi à Montréal, chez une autre fille du groupe, souvent chez-nous, afin de se dire que nous n'avions pas passer toute la fin de semaine en banlieue, comme si cela aurait risquer de ternir irrémédiablement nos réputations.

La différence était la longueur du trajet parce que les autobus avaient la fâcheuse habitude de faire le tour du monde pour se rendre à destination tandis que les jeunes filles qui se trémoussaient devant moi n'avaient que trois stations de métro à parcourir en quelque chose comme cinq minutes. D'ailleurs, elles n'étaient pas pressées ; elles avaient longuement hésité avant de monter dans le train, déçues qu'elles étaient que ce ne soit pas un métro Azur. Je pense qu'elles en avaient laissé passer quelques uns juste pour pouvoir raconter qu'elles avaient fait un tour dans un de ces engins, d'une manière dégagée, devant les autres élèves de l'école, le lundi matin.

Quand elles avaient fini par se précipiter dans le wagon que j'occupais, juste avant que les portes ne se ferment, mes souvenirs d'adolescence s'étaient à nouveaux mis à danser devant mes yeux. Parce qu'il n'y avait aucune espèce de forme d'égalité dans leurs relations : je pouvais dire qui étaient la leader, qui la seconde, qui la troisième et qui la faire valoir. J'avais occupé beaucoup de ces rôles à mon époque, rarement, sinon jamais celui de leader cependant. J'ai d'ailleurs appris, il n'y a pas longtemps, qu'un de mes professeurs avait dit à mes parents que je n'avais pas beaucoup l'attitude d'un enfant aîné. Si cela voulait dire d'amener tout le monde à me suivre, en effet, je ne l'avais pas du tout. Je préférais de loin jouer les seconds violons, le leadership, je l'ai développé plus tard.

Je ne fais pas toujours exprès de porter une oreille attentive aux discussions qui m'entourent, dans ce cas précis, j'étais au cœur de leur tempête adolescente. Qui ressemblait en tous points à celles de la mienne. Leurs discussions portaient sur les gars de l'école, des filles qui n'étaient pas leurs amies, des profs qui étaient plus ou moins cool et des films qu'elles écouteraient une fois rendues à destination.

Le plus ironique dans tout cela, c'est que je me suis aperçue qu'elles fréquentaient exactement la même école que moi à leur âge, quand je passais mes fins de semaines entre Laval et Montréal.

Comme si la vie voulait me donner une preuve qu'elle change sans cesse tout en restant immuablement la même.

Libellés :