Crever le sol
Quand j'ai mis les pieds
dans le local qui allait accueillir la succursale, il y a presque
deux semaines, je ne pouvais pas croire que nous pourrions ouvrir
sous peu. Au rez-de-chaussée, une montagne métallique se dressait
en plein milieu du plancher à travers laquelle on distinguait, tant
bien que mal l'utilité que pourrait avoir les différents morceaux,
une fois assemblés. Sur une table pliante, des plans étaient
étalés, pour nous permettre de mettre en place tout ce fatras.
À l'étage supérieur,
des énormes boites se multipliaient, comme par elles-mêmes. Il
était possible de deviner que le centre de la pièce était faite de
bois franc et que le contour arborait un tapis. Mais c'était à peu
près tout ce que l'on pouvait y deviner. La magnifique fenestration
par ailleurs, laissait présager que la pièce deviendrait un jour
superbe. Il me semblait, à ce moment précis qu'il faudrait qu'une
armée y travaille jour et nuit pendant un mois pour qu'on puisse en
voir le bout.
Dans les locaux dédiés
à la réception de marchandise, j'avais failli me décourager, parce
que l'espace immense était complètement encombré de boîtes et de
bacs de toutes dimensions. Tout, ou presque était à démêler.
Malgré la quantité conséquente de personnes qui s'affairaient à
réceptionner, étiqueter et classer le matériel, il me paraissait
invraisemblable que le magasin puisse avoir l'air d'un magasin, avant
Noël.
À la fin de cette
première journée, pourtant, les murs s'étaient ornés d'étagères
et d'instruments divers, les planchers avaient repris un aspect de
plancher, les montagnes de boîtes de la réception avaient un petit
peu diminué, l'ouverture prochaine se frayait doucement un chemin.
D'un jour à l'autre, les
sections prenaient forme, les employés venaient faire connaissance
avec leur nouvel environnement de travail, une équipe commençait à
s'ébaucher. Autant pour les employés que pour les gestionnaires. Il
me semblait que si je passais un peu trop de temps à un étage celui
que j'avais délaissé en profitait pour se faire une beauté.
On a fini par établir
une stratégie de Mathilde. Ce qui nous fait bien rire parce que
personne d'entre nous n'avait jamais vécu une semblable situation.
C'est une manière comme une autre de débuter à tisser une relation
de travail.
Et voilà que nous sommes
prêts. Nous ouvrirons nos portes demain. Tout ne sera pas parfait,
bien entendu. Mais nous seront-là.
C'est une belle et grande
aventure qui se précise tranquillement, une aventure avec une
clientèle qu'il nous tarde de rencontrer et plein de culture à
partager.
En espérant vous y voir
bientôt !
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